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Terrorisme

416 "donateurs" de Daesh identifiés en France

François Molins

François Molins - AFP

Une conférence, regroupant 70 pays et 20 organisations internationales, se tient mercredi et jeudi à Paris pour évoquer la lutte contre le financement du terrorisme. Elle s'achève ce jeudi soir avec l'intervention du président de la République, Emmanuel Macron. L'occasion pour les acteurs du domaine de faire un point sur ce combat au quotidien et tenter de mieux travailler ensemble.

Lutter contre le terrorisme sous tous ces aspects. Depuis mercredi se tient à Paris une conférence de type inédit consacrée à la lutte contre le financement des organisations terroristes. La réunion doit s'achever ce jeudi soir avec l'intervention du président de la République, Emmanuel Macron, qui a installé à l'été dernier "une task force" pour s'attaquer, notamment, à cette problématique. L'objectif est aussi de mieux coordonner les actions avec les différents pays dont 70 sont représentés ainsi que 20 organisations internationales.

"Le premier objectif est de dresser un diagnostic sur l'évolution du terrorisme et ses sources de financement", indique au Parisien Bruno Dalles, le patron de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy. "On cherche un décloisonnement de l'information", abonde François Molins, le procureur de la République de Paris.

416 donateurs en France

Daesh serait à la tête d'une fortune évaluée à 3 milliards d'euros, selon des estimations réalisées par les services de renseignement, rapporte Europe 1. Un butin de guerre constitué notamment grâce aux prélèvements sur des activités économiques comme le pétrole, le trafic d'oeuvres d'art ou les impôts appliqués à la population. L'organisation pourrait avoir profité de versements d'entreprises comme le cimentier Lafarge soupçonné d'avoir payé au moins 500.000 dollars pour pouvoir continuer son activité en Syrie.

Depuis quelques mois, Daesh n'a pourtant plus d'attaches territoriales solides avec la chute de la totalité de ses bastions. Des défaites anticipées par l'organisation qui survit et qui s'appuie toujours sur des financement et notamment ceux provenant de l'extérieur. 

"On a engagé un travail grâce à la coordination avec les services de renseignement financier qui a permis ces deux dernières années d’identifier, en France, 416 donateurs, c’est beaucoup", a indiqué mercredi sur France Info François Molins, alors qu'une division de lutte contre le financement du terrorisme a été créée en 2015 au sein de Tracfin.

80.000 euros pour l'attentat du 13-Novembre

Dans le même temps, les autorités ont pu identifier 320 "collecteurs de fonds" principalement basés en Turquie et au Liban, précise le procureur de Paris. En France, les services estiment que les dons proviennent de deux sources: la charité avec l'envoi d'argent à des associations et l'envoi d'argent directement aux personnes sur place. A cela s'ajoute l'achat de cartes prépayées, le recours à certains modes virtuels de paiement, comme le crownfunding. Si en septembre dernier, pour la première fois, une mère a été condamnée pour avoir versé de l'argent à son fils parti en Syrie, la justice précise être prudente et n'ouvrir des poursuites qu'en cas d'adhésion à la cause. 

Plus que de retracer les circuits de financement de l'Etat islamique, ces identifications ont permis à la justice française de déterminer que certains individus se trouvaient en zone irako-syrienne alors même que les autorités n'avaient pas cette information. La lutte contre le financement du terrorisme est donc devenue un point central de la bataille que la France mène contre Daesh. Ainsi, François Molins explique dans Le Parisien que "sur les 511 procédures terroristes en cours, 137 ont été enrichies par des notes de renseignement de Tracfin".

Les autorités veulent dénoncer une idée toute faite qu'est le terrorisme "low cost". Ces derniers mois, plusieurs jihadistes sont passés à l'acte sur le territoire notamment en fonçant dans la foule avec un véhicule. "Elles nécessitent un minimum d'argent", rappelle le procureur de Paris qui veut pour preuve le coût des attaques de janvier et novembre 2015: 25.000 euros pour les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher et 80.000 euros pour ceux contre le Bataclan et les terrasses à Paris.

Justine Chevalier