Perquisition à LFI: Mélenchon et cinq de ses proches seront fixés ce lundi sur leur sort

Alexis Corbière, Jean-Luc Mélenchon et Eric Coquerel à la sortie du tribunal de Bobigny, le 20 septembre 2019 - Martin BUREAU / AFP
Il dénonce "une attaque politique": le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon et cinq de ses proches seront fixés sur leur sort ce lundi à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, pour les incidents ayant émaillé la perquisition au siège de La France insoumise en octobre 2018. Le tribunal correctionnel de Bobigny rendra son délibéré à 10 heures dans une salle d'assises plus grande, en raison de l'intérêt suscité lors du procès qui avait duré deux jours fin septembre. Le député des Bouches-du-Rhône et les autres prévenus ont annoncé leur venue au tribunal pour la décision.
Le ministère public a requis une peine de prison de trois mois avec sursis pour le parlementaire, poursuivi pour "actes d'intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l'autorité publique, rébellion et provocation". Il a aussi demandé 8000 euros d'amende pour Jean-Luc Mélenchon, les députés Alexis Corbière et Bastien Lachaud et l'eurodéputé Manuel Bompard, 10.000 euros contre le président de l'association "L'Ere du peuple" Bernard Pignerol et 2000 euros contre l'attachée de presse du mouvement.
Une "décoration" ou "la relaxe"
Avant et pendant son procès hautement médiatique, le patron de LFI avait martelé être victime d'un "procès politique" et dénoncé une justice aux ordres du pouvoir pour museler l'opposition. D'après son entourage, Jean-Luc Mélenchon est aujourd'hui avant tout concentré sur la mobilisation contre la réforme des retraites.
Néanmoins, interrogé mardi sur le délibéré par 20 minutes, il a évoqué les deux options envisageables selon lui. D'abord une condamnation, qu'il qualifie de "décoration":
"Je vais être condamné pour rébellion et encouragement à la rébellion. Je serai donc un rebelle officiel. Ce n'est plus une condamnation, c'est une décoration", a-t-il ironisé.
Mais il évoque toutefois ce qu'il préférerait: la relaxe. "Si j'étais l'homme qu'ils ont décrit, ils auraient dû demander mon inéligibilité ou de la prison ferme", dit-il. "Donc la relaxe serait la manière digne pour la Justice de clore cette affaire. Elle n'est qu'un règlement de compte politique du réseau d'ex PS de Nicole Belloubet avec les Insoumis", a-t-il estimé.
"La République, c'est moi!"
Au coeur du procès, la perquisition menée le 16 octobre 2018 au siège de La France insoumise dans le cadre de deux enquêtes préliminaires du parquet de Paris: sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d'emploi d'assistants d'eurodéputés de la France insoumise - confiées depuis novembre à des juges d'instruction.Devant les caméras de télévision, Jean-Luc Mélenchon s'était opposé avec virulence à la perquisition. Il avait alors appelé ses proches à "enfoncer la porte" pour entrer dans les locaux où la perquisition était en cours, affirmant notamment: "La République c'est moi." On le voyait également bousculer un représentant du parquet ainsi qu'un policier qui tentait de s'interposer.
"Je pensais être la cible d'une attaque politique"
Lors du procès, il a raconté son "sentiment d'humiliation" au moment de la perquisition et expliqué sa véhémence d'alors. Il a affirmé n'avoir pas voulu s'opposer à la perquisition mais simplement avoir tenté d'y assister pour s'assurer que le fichier des inscrits à La France insoumise ne soit pas emporté.
"J'ai eu l'attitude que j'estimais politiquement nécessaire, car je pensais être la cible d'une attaque politique", a expliqué le patron des députés LFI, qui s'est défendu de toute violence physique.
De son côté, Me Eric Dupond-Moretti, avocat de policiers constitués parties civiles, a raillé le "cirque" du "tribun" Mélenchon et dénoncé l'argumentaire du "procès politique" des six prévenus Insoumis: "On n'est pas au Venezuela ici. On est en France et quand on outrage un policier, on est condamné".