En plein procès, l'échange animé entre Jean-Luc Mélenchon et Eric Dupont-Moretti

Jean-Luc Mélenchon devant le tribunal de Bobigny, le 19 septembre. - Clemence CURTY / AFP
Après un faux-départ, un renvoi à une date ultérieure ayant été demandé par le parquet puis refusé par le président du tribunal correctionnel ce jeudi matin, le procès de Jean-Luc Mélenchon et de cinq de ses proches s'est poursuvi ce jeudi après-midi à Bobigny.
L'audience doit trancher le litige né des altercations entre certains des cadres de La France insoumise et les policiers venus perquisitionner le siège du mouvement, en octobre 2018. Et si une comparution n'est pas un spectacle, un duel était particulièrement attendu: celui opposant Jean-Luc Mélenchon à Eric Dupond-Moretti, avocat des policiers. Ces derniers jours, les deux hommes s'étaient envoyés plusieurs piques, par tweets interposés, se recommandant successivement de boire de la "camomille" pour se remettre de leurs déboires respectifs.
La confrontation a eu lieu dès le début d'après-midi, lorsque l'avocat a interrogé le député élu dans les Bouches-du-Rhône à la barre. Eric Dupond-Moretti lui a d'abord demandé si il savait "pourquoi ces malheureux policiers" étaient venus ce jour-là dans les locaux de La France insoumise.
"Je ne sais pas", a répondu son interlocuteur. "Parce qu’ils répondaient aux ordres de l'autorité judiciaire?", lui a alors suggéré maître Dupond-Moretti qui a, en retour, obtenu la même réponse: "Je ne sais pas".
"Du nerf!"
"Vous ne savez pas, vraiment?", a insisté le conseil, s'attirant alors cette réplique de Jean-Luc Mélenchon: "Bon, monsieur Moretti, allez droit au but plutôt que de me faire cracher mot par mot avec des petites questions. Soyez offensif au lieu de me chatouiller, allez là, du nerf!"
La répartie a suscité les rires de la salle, ainsi que ceux du président. Jean-Luc Mélenchon a continué à vouloir mettre les rieurs de son côté, enchaînant quelques traits d'humour. Le président l'a repris calmement, observant: "Quand c’est le prévenu qui pose des questions à l avocat, c’est mauvais signe, monsieur Mélenchon."
Eric Dupond-Moretti s'est fait plus clair, s'interrogeant sur les propos de Jean-Luc Mélenchon, qui avait dit aux policiers qu'ils n'auraient pas dû suivre les ordres qui leur avaient été donnés. "Vous, en tant que parlementaire, vous appelez à la désobéissance?", a-t-il interrogé. Le chef de file des Insoumis s'est borné à rétorquer qu'il était nécessaire de savoir réagir lorsque les ordres étaient dangereux. "Les policiers ont un code de déontologie. Vous aussi d’ailleurs. Quand un ordre n’est pas conforme au code de déontologie, on a le droit de désobéir", a-t-il ainsi fait valoir.
Un autre point avait mis aux prises l'avocat et l'homme politique: la nature du procès, "politique" selon le second. Eric Dupond-Moretti a résumé la position de son interlocuteur en employant l'expression de "complot politique", vivement réfutée par le député: "Je n'ai pas parlé de complot mais de système". A l'avocat qui exigeait qu'il cesse de crier, Jean-Luc Mélenchon a fait remarquer qu'il n'était "pas le président". L'intéressé est alors intervenu: "Vous réglerez vos comptes dehors".
Alexis Corbière s'agace de l'attitude d'Eric Dupond-Moretti
Plus tôt lors de l'audience, alors que le tribunal était occupé à regarder les vidéos des perquisitions, Eric Dupond-Moretti avait eu maille à partir avec un autre insoumis: le député élu en Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière. Celui-ci a demandé à l'avocat de cesser de les insulter en commentant les images.