Financement libyen de la campagne 2007: Nicolas Sarkozy placé en garde à vue

Nicolas Sarkozy est entendu sur un possible financement de la Libye lors de sa campagne en 2007. - AFP
C'est la première fois que Nicolas Sarkozy est entendu dans le cadre de soupçons de financement illicite pesant sur sa campagne en 2007. L'ancien président de la République est en garde à vue ce mardi matin dans les locaux de l'Office anticorruption de la police judiciaire à Nanterre où il a été convoqué il y a plusieurs jours, a appris BFMTV de source proche de l'enquête confirmant une information de Mediapart et du Monde.
La garde à vue de Nicolas Sarkozy, assisté de son avocat Me Thierry Herzog, peut durer 48 heures et pourrait déboucher sur une présentation devant les juges d'instruction pour une éventuelle mise en examen s'il y a des indices graves et concordants. Toujours selon nos informations, Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur et proche de l'ex-chef d'Etat, est également entendu dans le cadre d'une audition libre.
Valises de billets
Une information judiciaire contre X a été ouverte en 2013 pour les chefs de "corruption active et passive", "trafic d'influence", "faux et usage de faux", "abus de biens sociaux" et "blanchiment, complicité et recel de ces délits". Nicolas Sarkozy est interrogé sur le versement de possibles fonds de la Libye de Mouammar Kadhafi qui auraient servi à financer sa campagne présidentielle qu'il a remportée. Jusqu'alors, Nicolas Sarkozy s'est toujours défendu de financement illicite.
Dans cette affaire politico-financière interviennent plusieurs hommes aux relations troubles. En novembre 2016, Ziad Takieddine, l'homme d'affaire franco-libanais soupçonné d'avoir joué les intermédiaires, a affirmé à Mediapart avoir remis trois valises d'argent, contenant des billets de 200 et 500 euros, entre 2006 et 2007 au ministère de l'Intérieur. A cette époque, Claude Guéant est le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, lui-même locataire de la place Beauvau. L'une de ses valises aurait été déposée dans un appartement où se trouvait Nicolas Sarkozy.
Témoignages qui s'accumulent
Au total, ce sont cinq millions d'euros en espèces provenant du régime de Mouammar Kadhafi qui auraient été remis à l'équipe de l'ancien chef de l'Etat. En mars 2016, Claude Guéant a été mis en examen pour "faux" et "blanchiment de fraude fiscale". L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir menti sur la provenance de 500.000 euros qu'il a attribué à la vente de deux tableaux flamands. Autre proche de l'ancien chef de l'Etat dans la tourmente: Alexandre Djouhri, un homme d'affaires français résidant en Suisse sous le coup d'un mandat d'arrêt européen, a été interpellé à Londres au début de l'année dans le cadre de cette affaire.
Reste à savoir si aujourd'hui, les magistrats ont recueilli des preuves impliquant directement Nicolas Sarkozy. Depuis cinq ans, les juges d'instruction accumulent des témoignages. La justice a à sa disposition le carnet d'un dignitaire libyen, l'ancien ministre du pétrole, décédé depuis, dans lequel sont consignés des versements d'argent à l'ancien président de la République. Par ailleurs, les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales ont remis à la justice un document dans lequel ils détaillent comment l'argent était remis à Nicolas Sarkozy.