Condamnation de Nicolas Sarkozy: Bernard Tapie, Patrick Balkany.... Ces politiques qui sont eux aussi allés en prison

Nicolas Sarkozy ira en prison. L'ancien président français a été condamné ce jeudi 25 septembre à cinq ans de détention et sera bientôt incarcéré dans l'affaire des soupçons de financement par l'ex-dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.
L'ancien chef de l'État, âgé de 70 ans, sera convoqué dans un délai d'un mois par le parquet qui lui signifiera sa date d'incarcération. Un appel éventuel ne suspendra pas cette mesure, ce qui signifie que Nicolas Sarkozy ira bien en prison.
Dans le cadre de cette affaire, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé jeudi Nicolas Sarkozy des accusations de corruption et de financement illégal de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007 par Mouammar Kadhafi, mais l'a jugé coupable d'association de malfaiteurs pour avoir "laissé ses proches" démarcher en ce sens le pouvoir libyen.
La présidente du tribunal Nathalie Gavarino a estimé qu'"en tant que ministre, président de l'UMP", Nicolas Sarkozy avait "laissé ses proches collaborateurs et soutiens politiques - sur lesquels il avait autorité et agissaient en son nom" - solliciter les autorités libyennes "afin d'obtenir ou tenter d'obtenir des soutiens financiers en Libye en vue d'obtenir un financement de la campagne" de 2007. La présidente a souligné que les faits reprochés étaient d'"une gravité exceptionnelle", "de nature à altérer la confiance des citoyens".
Nicolas Sarkozy doit ainsi devenir le premier président de la Ve République à être incarcéré. Il n'est toutefois pas le premier homme politique à passer par la prison.
Claude Guéant
Claude Guéant, ancien secrétaire général de la présidence (2007-2011) de Nicolas Sarkozy, a été condamné ce jeudi à six ans de prison dans le procès du financement libyen de la campagne de 2007. Le tribunal n'a pas prononcé de mandat de dépôt contre Claude Guéant, 80 ans, en raison de son état de santé.
Il a été, avec Brice Hortefeux, reconnu coupable d'avoir mené des discussions avec la Libye de Mouammar Kadhafi dans le but d'obtenir un financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. La preuve qu'un tel financement a finalement eu lieu n'a pas été établie par la procédure, mais l'avoir préparé suffit à caractériser le délit d'associations de malfaiteurs, a estimé le tribunal.
Claude Guéant n'en est pas à sa première condamnation. L'ex-ministre de l'Intérieur est le premier locataire de la place Beauvau à avoir été incarcéré, du 13 décembre 2021 au 9 février 2022. La justice a estimé qu'il ne s'acquittait pas dans les temps de l'amende et des dommages et intérêts qu'il avait été condamné à payer dans l'affaire dite des primes en liquide du ministère de l'Intérieur.

Claude Guéant avait été condamné pour avoir puisé, entre 2002 et 2004, dans une enveloppe destinée aux frais d'enquête et de surveillance des policiers, alors qu'il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur.
Patrick Balkany
En 2019, l'ancien maire (LR) de Levallois-Perret Patrick Balkany a été écroué dès le soir de sa condamnation pour fraude fiscale. Patrick Balkany et son épouse Isabelle ont été reconnus définitivement coupables de fraude fiscale et blanchiment pour avoir dissimulé, entre 2007 et 2014, environ 13 millions d'euros d'avoirs au fisc, notamment deux fastueuses villas dans les Caraïbes et au Maroc.

Patrick Balkany avait été condamné à quatre ans et demi de prison ainsi qu'à 100.000 euros d'amende et une peine complémentaire de 10 ans d'inéligibilité. L'ancien baron des Hauts-de-Seine, qui avait déjà passé cinq mois en prison en 2019-2020, a été à nouveau incarcéré pendant six mois, de février à août 2022, pour ne pas avoir respecté les contraintes de son bracelet électronique. Son épouse, ancienne première adjointe de Levallois-Perret, longuement hospitalisée, n'est elle jamais allée en prison.
Bernard Tapie
Ministre de la Ville en 1992 et 1993 dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy, Bernard Tapie décide le 3 février 1997 de se constituer prisonnier pour voir la Cour de cassation examiner son pourvoi contre sa condamnation en appel, fin 1995, à deux ans de prison dont huit mois ferme, dans le dossier du match de football truqué VA-OM.
Son pourvoi rejeté, Tapie effectue 165 jours de prison, dont plus de la moitié en régime de semi-liberté. Il bénéficie d'une libération conditionnelle le 25 juillet 1997, deux semaines avant l'expiration de sa peine. Il est condamné en appel la même année à 18 mois d'emprisonnement, dont 12 avec sursis, pour fraude fiscale dans l'utilisation du yacht Le Phocéa, mais obtient une confusion de ses peines fermes. En 2005, il est condamné à une troisième peine de prison ferme pour "fraude fiscale" sur une autre période. Il est décédé le 3 octobre 2021.
Georges Tron
Georges Tron, ex-secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique dans le gouvernement de François Fillon de mars 2010 à mai 2011, est condamné en appel le 17 février 2021 par la cour d'assises de Paris à cinq ans de prison dont trois ferme pour viol et agressions sexuelles en réunion quand il était maire UMP de Draveil (Essonne), après avoir été acquitté en 2018. Il est immédiatement écroué.
Deux femmes avaient dénoncé des gestes déplacés et agressions commis par l'élu entre 2007 et 2010, sous couvert de réflexologie plantaire. L'une des deux plaignantes a été déboutée.
Le 8 décembre 2021, le pourvoi en cassation de l'ancien ministre de 64 ans est rejeté. Toujours incarcéré à la prison de la Santé à Paris, il annonce son intention de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
Des incarcérations souvent en "QPV"
D'autres ex-ministres ont été écroués après une condamnation ces dernières décennies: Alain Carignon, Jean-Michel Boucheron ou encore Jacques Médecin. Parmi les personnalités politiques qui ont déjà été incarcérées, plusieurs l'ont été à la prison de la Santé, à Paris, qui dispose d'un QPV (quartier des personnes vulnérables). Cela a été le cas de Georges Tron, Patrick Balkany ou encore Claude Guéant. Bernard Tapie, après avoir été incarcéré dans les Bouches-du-Rhône, à Luynes, avait aussi été transféré à la prison de la Santé.
Le QPV regroupe, comme l'explique un rapport de 2020 du Contrôleur général des lieux de privation de liberté, héberge "des personnes exposées, en raison de leur délit, à d’éventuelles violences" au sein de la prison, "mais également des personnes dont les affaires ont été médiatisées".
Dans ce quartier, il n'y a "aucun traitement de faveur, ce sont exactement les mêmes cellules que pour tout le reste de la détention", assurait en 2022 à BFMTV Mathias Da Conceiçao Dos Santos, responsable FO Pénitentiaire à la prison de la Santé et surveillant de prison. L'endroit où Nicolas Sarkozy va être incarcéré n'est pas encore connu. Il peut déposer un recours contre sa prochaine incarcération, ou demander à bénéficier de la libération conditionnelle, étant âgé de 70 ans.