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Police-Justice

Prison: à quoi servent les quartiers pour personnes vulnérables, surnommés "quartiers VIP" ?

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Claude Guéant, Patrick Balkany ou encore Jean-Luc Lahaye sont ou ont été incarcérés dans ce quartier isolé à la prison de la Santé, qui sert à protéger certains détenus dits "médiatiques".

L'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant, incarcéré à la prison de la Santé (Paris) depuis deux mois, a été remis en liberté ce lundi. Dans cet établissement pénitentiaire, il a bénéficié d'un traitement différent du reste des détenus, en raison de son statut particulier d'ancien membre du gouvernement, de sa notoriété, en étant placé dans le "quartier pour personnes vulnérables", aussi surnommé "quartier VIP".

Avant lui, Patrick Balkany, et d'autres personnes célèbres, y avaient déjà été placées.

· Pourquoi ces personnes sont-elles mises à part?

"Le quartier vulnérable (QPV) c'est un quartier qui est à l'écart de la détention dite classique, où sont logées les personnes dites 'médiatiques' ou 'vulnérables', pour éviter toute pression ou racket qu'elles pourraient subir en détention", explique ce lundi sur BFMTV Mathias Da Conceiçao Dos Santos, responsable FO Pénitentiaire à la prison de la Santé, et surveillant de prison.

Ce risque peut être "lié à la nature des faits reprochés, par exemple les infractions à caractère sexuel, mais aussi à leur médiatisation, à celle de leurs auteurs, ou au risque qu’ils se fassent racketter" précise auprès du Parisien l’administration pénitentiaire. Les personnes soupçonnées d’avoir donné des informations dans un dossier, ainsi que des policiers ou gendarmes condamnés, sont également concernés.

Dans le quartier vulnérable de la prison de la Santé, se trouve actuellement le chanteur Jean-Luc Lahaye, indique le surveillant. Ce dernier est mis en examen pour viols sur mineurs. Georges Tron, l'ancien maire de Draveil (Essonne) condamné pour viols, ou encore Jean-Luc Brunet, l'ex-soutien d'Epstein mis en examen pour viols, sont également incarcérés dans cette zone de la prison de la Santé.

· Bénéficient-elles d'un traitement de faveur?

Dans ce quartier, il n'y a "aucun traitement de faveur, ce sont exactement les mêmes cellules que pour tout le reste de la détention", assure Mathias Da Conceiçao Dos Santos. "Elles disposent d'un téléphone fixe, d'une plaque chauffante pour faire chauffer des aliments, d'un lit, d'une armoire, d'une douche, tout ce qu'il y a de plus commun", explique-t-il.

"Les conditions de détention sont peut-être meilleures dans la mesure où ils sont seuls en cellule, mais les cellules sont organisées et équipées de la même manière que les autres", déclarait également en 2019 à BFMTV, au moment de l'incarcération de Patrick Balkany, le socialiste Joaquim Pueyo, conseiller départemental de l'Orne et ancien directeur de prison.

Les détenus de cette zone "ne croiseront en aucun cas une autre personne en détention classique", explique Mathias Da Conceiçao Dos Santos. "Ou sinon c'est sur des mouvements comme par exemple pour aller à l'unité sanitaire, au médical, où ils seront accompagnés d'un personnel pénitentiaire tout le long du trajet".

D'après Le Parisien, en France, "chaque établissement ou presque dispose de son QPV", même si celui de la Santé est le plus célèbre. Ainsi, il en existe un à la prison de Fleury-Mérogis où Patrick Balkany a été conduit ce lundi. L'Express en faisait la description en 2018, quand l'islamologue Tariq Ramadan, alors mis en examen pour viol, y avait été conduit.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV