Procès du financement libyen: condamné à cinq ans de prison, Nicolas Sarkozy ira en prison

L'ancien président Nicolas Sarkozy au tribunal de Paris, le 25 mars 2025 - Hugo MATHY © 2019 AFP
La décision est un coup de tonnerre. Reconnu coupable d'association de malfaiteurs ce jeudi 25 septembre, dans l'affaire dite "libyenne" des financements de Mouammar Kadhafi pour sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, Nicolas Sarkozy ira en prison.
Il a été condamné à cinq ans de prison avec mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire. Il lui sera remis une convocation pour se présenter devant le parquet national financier qui fixera la date de l'incarcération.
Par ailleurs, l'ancien président est relaxé pour recel de détournement de fonds publics ainsi que pour corruption passive. Le tribunal a estimé qu'il n'y a pas de "démonstration" que les fonds libyens soient "in fine" arrivés dans la campagne de 2007.
Des peines de prison
Dans ce procès, des proches de Nicolas Sarkozy ont aussi été jugés. Claude Guéant a été condamné à six ans de prison sans mandat de dépôt, pour raison de santé. Il devra verser 30.000 euros à l'association anticorruption Anticor.
Il est reconnu coupable d'usage de faux en écriture, trafic d'influence et corruption passive de 2007 à 2009 pour avoir accepté 500.000 euros. Il a aussi été relaxé de plusieurs accusations: blanchiment aggravé, corruption passive, recel de ce produit de corruption passive et complicité des faits reprochés Nicolas Sarkozy.
Brice Hortefeux a lui été jugé coupable d'association de malfaiteurs. Il est condamné à deux ans de prison pouvant être aménagés avec un bracelet électronique avec exécution provisoire et devra payer 50.000 euros d'amende.
Le député Éric Woerth, qui a été le trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy, a lui, été relaxé.
L'homme d'affaires Alexandre Djouhri, intermédiaire entre l'entourage de Nicolas Sarkozy et la Libye, est jugé coupable de corruption active et trafic d'influence. Bechir Saleh, directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, est condamné à 5 ans de prison.
Un "pacte de corruption faustien"
Au terme de trois mois de procès, fin mars, les représentants du parquet national financier (PNF) avaient réclamé à l'encontre de Nicolas Sarkozy sept ans de prison, l'accusant d'avoir noué un "pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années".
Pour les procureurs, Nicolas Sarkozy, 70 ans, qui a comparu pour corruption passive, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, a été aussi bien un "commanditaire" qu'un bénéficiaire de ce financement.
D'après l'accusation, en échange de l'argent, Nicolas Sarkozy aurait notamment favorisé le retour sur la scène internationale de la Libye et se serait engagé à absoudre le beau-frère du Guide, Abdallah Senoussi, condamné à la perpétuité pour son rôle dans l'attentat du DC-10 de l'UTA qui avait coûté la vie à 170 personnes en 1989.
Une "infamie" pour Nicolas Sarkozy
Pendant plus d'une décennie, Nicolas Sarkozy a crié à l'"infamie" et répondu aux journalistes qu'ils devraient avoir "honte" d'évoquer l'affaire.
Initialement portées par des dignitaires de l'ancien régime, les accusations ne seraient selon lui que le fruit d'un complot ourdi par le clan Kadhafi pour se venger de son rôle déterminant dans la chute du dictateur en 2011.
Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite "des écoutes" ou "Bismuth", Nicolas Sarkozy a déjà dû porter entre janvier et mai un bracelet électronique à la cheville, une sanction inédite pour un ancien chef de l'État. Il a déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
La Cour de cassation examinera par ailleurs le 8 octobre son pourvoi dans l'affaire "Bygmalion", portant sur le financement de sa campagne présidentielle de 2012 et pour laquelle il a été condamné en appel à un an de prison dont six mois ferme.