BFMTV
Les Républicains

"Il reste dans le cœur des Français": après la condamnation de Nicolas Sarkozy, un soutien sobre de la droite à l'ex-président

placeholder video
Une partie des élus Les Républicains sont en colère après la condamnation à 5 ans de prison de l'ex-chef de l'État pour "association de malfaiteurs". Mais la plupart d'entre eux, dont le président du parti Bruno Retailleau, ont réagi avec mesure à cette condamnation tandis que certaines figures demeurent silencieuses.

La droite entre soutien et sobriété. Le tribunal de Paris a condamné l'ex-président Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison pour "association de malfaiteurs" avec une incarcération dans les prochaines semaines dans le cadre du procès de l'affaire Kadhafi. Pour la première fois, un ancien chef de l'État va donc se retrouver derrière les barreaux, en dépit de son intention de faire appel.

La nouvelle a choqué une partie de la droite. C'est le cas du président des députés LR Laurent Wauquiez qui a rapidement réagi.

"Je veux redire mon soutien et ma reconnaissance envers l’homme d’État qui a tant donné à notre pays et mon amitié pour l’homme", a écrit celui qui a été un temps son ministre sur son compte X.

"Une faute"

Le vice-président du mouvement Geoffroy Didier a dénoncé, lui, "une faute de l'autorité judiciaire qui dessert la cause de la justice" sur BFMTV.

Colère également de François-Xavier Bellamy qui déplore "un traitement exceptionnel que rien ne justifie". "Alors que tant d’auteurs de violences graves sont chaque jour remis en liberté, les Français ne seront pas dupes sur le sens de cette décision", fustige-t-il.

De son côté, le président du Sénat, Gérard Larcher, s'est interrogé sur l'exécution provisoire de la peine, contraignant Nicolas Sarkozy à aller en prison. "Il y a un questionnement grandissant au sein de la société sur l'exécution provisoire d'une condamnation alors que les voies de recours ne sont pas épuisées et je le partage", a-t-il indiqué sur X.

L'ex-président des LR Éric Ciotti, qui est désormais allié avec Marine Le Pen, a quant à lui adressé "une pensée amicale" à Nicolas Sarkozy.

"Aucune décision de justice n’effacera l’homme d’État qu’il a été et qu’il reste, notamment dans le cœur des Français", a écrit de son côté le maire de Nice Christian Estrosi, désormais élu Horizons.

"Toute mon amitié"

Valérie Pécresse, ex-candidate de la droite à la présidentielle en 2022, a réagi quelques heures plus tard, saluant "un grand président de la République".

"Nicolas Sarkozy a su réformer notre pays, et le protéger à travers les crises. Aujourd'hui j'ai une pensée personnelle pour lui et pour sa famille", ajoute la présidente de la région Île-de-France, dans un message très sobre.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau s'est également fendu d'un communiqué de presse au titre du parti LR qu'il préside. "Je lui redis tout mon soutien et toute mon amitié dans l’épreuve qu’il traverse", peut-on y lire.

Toutefois quelques figures des Républicains n'avaient pas encore réagi en fin d'après-midi. C'est par exemple le cas de l'ancien Premier ministre Michel Barnier ou encore la ministre de la Culture Rachida Dati qui a été garde des Sceaux sous Nicolas Sarkozy. Même chose pour la porte-parole LR du gouvernement Sophie Primas.

Des faits d'une "gravité exceptionnelle"

Ce jeudi, pour justifier de l'incarcération à venir de Nicolas Sarkozy, la présidente du tribunal a indiqué que les faits reprochés sont d'"une gravité exceptionnelle", "de nature à altérer la confiance des citoyens".

La justice a notamment estimé qu'"en tant que ministre, président de l'UMP" (l'ancien nom des LR NDLR), Nicolas Sarkozy avait "laissé ses proches collaborateurs et soutiens politiques - sur lesquels il avait autorité - agir en son nom". Le but: solliciter les autorités libyennes "afin d'obtenir ou tenter d'obtenir des soutiens financiers en Libye en vue d'obtenir le financement de la campagne" de 2007.

La magistrate a suivi en partie les réquisitions très sévères du parquet national financier (PNF) en mars dernier.

La fin définitive de sa carrière?

En décembre dernier, l'ancien chef de l'État avait déjà été définitivement condamné à un an d'emprisonnement ferme dans l'affaire des écoutes. Il n'avait cependant pas dormi derrière les barreaux mais s'était vu poser un bracelet électronique, finalement retiré au bout de trois mois. Étant âgé de 70 ans, celui qui s'est reconverti dans les affaires, notamment pour le géant de l'hôtellerie Accor, avait pu demander une libération conditionnelle avant la moitié de sa peine.

Le retrait de sa légion d'honneur, comme le veut la procédure en cas de condamnation égale ou supérieure à un an ferme, avait, elle suscité la colère de la droite, dénonçant moins le sort réservé à Nicolas Sarkozy que "l'affaiblissement de la fonction présidentielle" pour reprendre les mots de Laurent Wauquiez.

La condamnation de l'ex-chef de l'État pourrait en tout cas bien signifier cette fois-ci la fin définitive de sa vie politique qui a duré près de 50 ans, lui qui a continué ces dernières années à largement recevoir les élus de son parti tout comme à échanger avec Emmanuel Macron.

Marie-Pierre Bourgeois