Affaire Grégory: Murielle Bolle "est une femme blessée", confie son logeur
Il est celui qui a permis à Murielle Bolle de quitter la cellule qu'elle occupait depuis un mois. Depuis une semaine, la quadragénaire, mise en examen pour "enlèvement suivi de mort" dans l'affaire du meurtre de Grégory Villemin, a trouvé refuge dans la Nièvre. Un bienfaiteur lui a offert un hébergement à l'abri de toute pression familiale et des regards curieux. Une condition qu'avait exigée la justice pour accepter sa demande de libération et la placer sous contrôle judiciaire.
Très discret depuis sept jours, Jean-Charles Boizot a accepté de livrer quelques éléments sur le quotidien de ce témoin principal dans le meurtre du petit garçon de 4 ans en octobre 1984. Une seule exigence: ne pas parler de l'affaire dans laquelle Murielle Bolle -15 ans à l'époque des faits, 48 aujourd'hui- avait un temps incriminé son beau-frère, Bernard Laroche, avant de se rétracter.
"Elle ne parle pas de l’affaire (...)", insiste l'ancien élu d'un bourg. "C'est une femme blessée."
Passer le temps
Arrivée vendredi dernier, Murielle Bolle avait accueilli cette solution d'hébergement avec soulagement. A cette annonce, elle avait stoppé sa grève de la faim entamée au lendemain de son placement en détention. "J’ai de l'empathie pour elle", confie Jean-Charles Boizot. "Je n'ai pas aidé qu’elle. Murielle Bolle c’est quand même un cas exceptionnel. J’ai compris qu’il n’y avait pas d’autre façon de la faire sortir." Lui en est persuadé: l'adolescente de l'époque n'a rien à se reprocher.
Depuis une semaine, Murielle Bolle, qui a dû se réfugier à 400 km des siens, passe beaucoup de temps au téléphone avec sa famille. "Son quotidien, c'est aussi de regarder beaucoup la télé, c'est aussi de lire des revues", rapporte le retraité. Et le témoin-clé de l'affaire Grégory cherche à s'occuper coûte que coûte pour passer le temps:
"A mon avis, c’est une femme courageuse donc quand j’y suis passé hier matin, j’ai senti une odeur dans l'appartement", poursuit Jean-Charles Boizot. "Qu’est-ce que ça sent Murielle? Elle me dit 'j’ai trouvé de l’encaustique sur la table donc j’ai encaustiqué les meubles'."
De rares sourires
Murielle Bolle ne sort pas de cet appartement qui donne sur des champs de la Nièvre, au centre de la France. Si elle n'est pas complètement isolée avec la présence de voisins, la quadragénaire n'a que peu de relations sociales. Son fils, qui l'avait conduite depuis la prison de Dijon jusqu'à ce nouveau logement, doit revenir lui rendre visite. Son autre fils doit également prendre la suite. "Elle m'a demandé la permission de recevoir son fils de 16 ans", explique-t-il.
"C’est dur d'être toute la journée dans un appartement sans pouvoir sortir", estime Jean-Charles Boizot, qui vient la visiter régulièrement. Pour l'aider, il lui a envoyé un coiffeur. "Bien sûr qu’elle le porte sur son visage", se désole-t-il. "De temps en temps, elle sourit mais c’est très rare."