BFMTV
Police-Justice

"Les choses avancent toujours": 40 ans après la mort du petit Grégory, la justice toujours en quête de vérité

placeholder video
Déjà mise en examen, avant que celle-ci ne soit annulée, dans l'enquête sur la mort de Grégory Villemin, Jacqueline Jacob sera à nouveau interrogée en vue d'une possible mise en examen. Si elle clame son innocence, une expertise en graphologie l'a désignée comme l'auteur d'une lettre anonyme menaçante adressée en 1983 aux parents du petit Grégory.

L'affaire Grégory Villemin n'a pas encore livré tous ses secrets. Plus de 40 ans après la mort du petit garçon de quatre ans, retrouvé pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne (Vosges), la justice n'a jamais lâché le dossier.

Ce mercredi 18 juin, l'enquête a connu un énième rebondissement après l'annonce de la convocation de la grand-tante du garçonnet, Jacqueline Jacob, en vue d'une possible mise en examen pour "association de malfaiteur criminelle".

"Les choses avancent toujours"

"C'est une grande avancée", a réagi Me Marie-Christine Chastant-Morand, l'une des avocates des parents du garçonnet, auprès de BFMTV. "À écouter tout le monde depuis des années, c'était un peu 'circulez, il n'y a rien à voir. La décision montre que les choses avancent toujours."

Expertises ADN, analyses en stylométrie et auditions... Ces dernières années ont été marquées par de nombreux actes d'enquête. Selon les informations de BFMTV, confirmant celles du Parisien, c'est notamment sur la base d'expertises en "stylométrie" réalisées ces dernières années que la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon a ordonné un supplément d'information aux fins de réclamer la mise en examen de Jacqueline Jacob.

Selon les experts mandatés par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon, sept des 24 courriers envoyés par le/les corbeau(x) présentent "un style hautement similaire" à celui utilisé par Jacqueline Jacob, dont la fameuse lettre de revendication du meurtre.

La grand-tante réaffirme sa "totale innocence"

L'épilogue d'une des plus grandes affaires médiatiques de ces dernières décennies ? Rien n'est moins sûr. Le parquet général estime en effet que ces éléments ne suffisent pas à poursuivre pénalement la grand-tante du petit garçon. Mais c'est la chambre de l'instruction qui a le dernier mot.

Les avocats qui assurent la défense de Jacqueline Jacob se sont étonnés, eux, "de la qualification de mise en examen envisagée d'association de malfaiteur criminelle, crime qui n'était pas incriminé au moment des faits" dans un communiqué de presse. Par la voie de ses avocats, la grand-tante du petit garçon a réaffirmé sa "totale innocence".

La justice s'était déjà penchée sur Jacqueline Jacob et son époux Marcel. En juin 2017, le couple avait été placé en garde à vue et mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivie de la mort du petit Grégory". Une procédure qui avait été annulée par la suite pour vice de procédure.

Affaire Grégory: qui est Jacqueline Jacob, la grand-tante du petit garçon, que la justice veut interroger?
Affaire Grégory: qui est Jacqueline Jacob, la grand-tante du petit garçon, que la justice veut interroger?
2:52

"Il s'est plongé dans ce dossier à corps perdu"

Derrière ces rebondissements se cache un homme, Dominique Brault. Président de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon, le magistrat s'est relancé dans l'affaire Grégory. Depuis plusieurs années, l'homme se bat pour maintenir le dossier en vie, relancer l'enquête, et tenter de découvrir la vérité.

"Il n'avait jamais bossé dessus, mais il s'est plongé dans ce dossier à corps perdu. Désormais, il connaît tout par cœur", lâche une source proche du dossier à BFMTV. C'est notamment lui qui a réclamé ce rapport d'expertises en stylométrie entre autres choses. Ces derniers mois, il a continué à mener des auditions de certains protagonistes du dossier pour éclaircir certains points de détails.

Le magistrat, qui fait confiance à son instinct, n'hésite d'ailleurs pas à solliciter Jean-Marie Villemin pour l'aider dans sa compréhension du schéma familial de l'époque, les inimitiés des uns avec les autres et les rapports de force.

En mars 2024, la cour d'appel de Dijon avait par ailleurs ordonné de nouveaux actes d'enquête, qui n'avaient finalement pas donné "d'éléments significatifs", pour tenter d'élucider la mort de Grégory Villemin en 1984. Philippe Astruc, nommé en septembre de la même année procureur général près la cour d'appel de Dijon, déclarait en octobre dernier sur RTL faire de la résolution de l'affaire Grégory Villemin une priorité.

Vincent Vantighem avec Charlotte Lesage