Un an après sa victoire à la présidentielle, comment Macron est-il perçu en Europe?

Un an après son élection, Emmanuel Macron est en plein coeur d'une grogne sociale française importante. Côté Europe, comment est perçu le chef d'État?

Il y a un an jour pour jour, le 7 mai 2017, Emmanuel Macron remportait l'élection présidentielle face à Marine Le Pen. Un an après son accession au pouvoir, celui qui a pris le monde politique par surprise fait l'objet d'un premier bilan mitigé dans l'Hexagone. Qu'en est-il de nos pays voisins?

Cette première année à l'Élysée se solde sur une grogne sociale française importante, marquée notamment par la réforme contestée de la SNCF, les expulsions controversées des squats de Notre-Dame-des-Landes, la réforme de l'accession à l'enseignement supérieur ou encore la suppression annoncée de l'Exit Tax. Qualifié de "président des très riches" par son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron voit son bilan jugé négatif par 55% des Français. Le pro-européen réussit-il à convaincre sur le Vieux Continent?

Londres: admiration, jalousie, méfiance

La relation entre l'opinion britannique et le président français a commencé sous les meilleurs auspices: il y a un an, The Economist présentait Emmanuel Macron comme le sauveur de l'Europe. Le nouveau chef d'État était très apprécié des britanniques libéraux et pro-Europe et devenait la bête noire des partisans du Brexit. 

Un an plus tard, Emmanuel Macron a remporté des points en soutenant le Royaume-Uni dans l'affaire Skripal. On distingue par ailleurs une pointe de jalousie concernant la relation entre Donald Trump et Emmanuel Macron; ce dernier se voit accusé de marcher sur les plates-bandes de la relation spéciale entre le Royaume-Uni et les États-Unis. 

Le Telegraph, journal conservateur, voit Emmanuel Macron comme un réformateur capable de mettre fin à la culture de la grève en France. Il est en revanche assez critiqué, même parmi ses partisans comme le Financial Times, pour son exercice du pouvoir qu'ils considèrent un peu vertical. Il y a quinze jours, la couverture de The Week présentait Emmanuel Macron affublé d'un brushing et d'un collier de perle, frappant les manifestants avec un sac à main, et posait la question: "La France a-t-elle trouvé sa Thatcher?"

Rome: un Matteo Renzi à la française

Les jugements italiens sont plutôt positifs, notamment sur la personnalité d'Emmanuel Macron. Il y est perçu comme un président jeune, dynamique, et énergique, qui a multiplié les réformes lors de sa première année de mandat. L'hebdomadaire itaien L'Espresso parle de "l'enfant prodige de la politique française". 

En Italie, Emmanuel Macron est très comparé à Matteo Renzi, l'ancien chef du gouvernement. Les deux hommes font partie de la même génération et ont connu une ascension politique fulgurante. La question qui se pose désormais, c'est si Macron connaîtra la même trajectoire que Renzi, qui s’est brûlé les ailes après le rejet de sa réforme de la Constitution, a été contraint à la démission et a subi un net revers lors des dernières élections. 

• Les critiques sont beaucoup plus vives concernant sa politique européenne: les attentes des italiens sont notamment largement déçues sur la question des migrants. De même, le rachat des chantiers navales de Saint-Nazaire par l'italien Ficantieri, renégocié à des conditions plus avantageuses pour la France, a laissé des traces en Italie; Emmanuel Macron est accusé de défendre avant tout les intérêts de la France en Europe, et de laisser encore l'Italie en marge du couple franco-allemand. 

Berlin: beaucoup d'éloges, quelques critiques

Un an après, Emmanuel Macron bénéficie toujours d'une image positive en Allemagne. Berlin apprécie notamment sa capacité à mettre en place des réformes libérales, largement inspirées du système allemand. 

Samedi dernier, dans son podcast hebdomadaire, la chancelière Angela Merkel a fait l'éloge du président français: "La relation franco-allemande fonctionne très bien, et il a donné à l'Europe une dynamique considérable, avec plein d'élan et d'espoir."

Les critiques apparaissent lorsque l'on passe sur un terrain un peu plus concret: Emmanuel Macron voudrait revoir le fonctionnement de la zone euro, la doter d'un budget propre, et la rendre plus solidaire en cas de coup dur. Propositions auxquelles le parti conservateur d'Angela Merkel s'oppose farouchement. 

B.P. avec Marion L'hour, Olivier Cougard et Violette Bonnebas