Guerre à Gaza: la présidente de Médecins sans Frontières dénonce "la destruction de la société" palestinienne

Pour Isabelle Defourny, présidente de Médecins sans Frontières, pas de doute: on assiste à "une éradication des Palestiniens" à travers "une crise absolument massive dont les conditions ont été mises en place par Israël". Sur BFMTV ce jeudi 15 mai, elle décrit des conditions de vie "très compliquées" pour les Gazaouis, et particulièrement les patients soignés par son association.
Elle note que les personnes brûlées "cicatrisent très difficilement" du fait de la malnutrition. Isabelle Defourny décrit "la destruction de tout ce qui est fait qu'il est possible de vivre à Gaza".
Cela passe par "la destruction de la société, des archives, des cadastres, du système de santé", observe Isabelle Defourny qui note que "100% des hôpitaux ont subi des attaques" dans la bande de Gaza.
"Aujourd'hui, ce n'est plus possible de vivre à Gaza, la nourriture ne rentre plus", déplore la présidente de Médecins sans Frontières qui observe que le nombre "d'enfants atteints de malnutrition augmente".
"L'aide va être utilisée pour déplacer la population"
Depuis le 2 mars, plus aucune aide humanitaire n'est entrée dans l'enclave palestinienne qui compte 2,4 millions d'habitants. Ce blocus est mis en place par l'État hébreu pour contraindre le Hamas à libérer les otages qui y sont toujours retenus.
Cinquante-sept sont encore retenus à Gaza, dont 34 déclarées morts par l'armée israélienne. Le Hamas retient également la dépouille d'un soldat israélien tué lors d'une précédente guerre à Gaza, en 2014.
"D'ici maximum deux semaines, on devra choisir notre fuel pour l'eau (via des centrales de dessalement, NDLR) ou pour le fonctionnement des hôpitaux", prévient Isabelle Defourny.
Cette dernière a aussi partagé son inquiétude quant aux "annonces du gouvernement israélien d'entrer dans le nord de Gaza".
"Les mouvements forcés de population vont recommencer", craint la présidente de MSF, qui déclare que "l'aide va être utilisée pour déplacer la population de Gaza" et "que tout le monde ne va pas recevoir à manger".
Le 5 mai, Israël a dévoilé un plan prévoit la "conquête" de la bande de Gaza. Cette campagne nécessitera le déplacement interne de "la plupart" de ses habitants, selon l'armée, qui dit avoir rappelé des "dizaines de milliers de réservistes".
Un plan "voué à l'échec" pour Isabelle Defourny qui constate une "utilisation de l'aide pour trier les gens, pour les déplacer de force, les enfermer", estimant que "ça n'a rien d'humanitaire".
"Il n'y a jamais eu de preuves des détournements massifs par le Hamas de l'aide humanitaire. Jamais une fois, on a eu des camions pillés ou de l'aide pillée", observe aussi Isabelle Defourny.
Depuis qu'il a repris sa guerre contre le Hamas le 18 mars, Israël mène des bombardements quotidiens sur la bande de Gaza. La Défense civile palestinienne a recensé ce mercredi au moins 80 Palestiniens tués dans des frappes israéliennes et 103 autres au cours de la journée de ce jeudi 15 mai.
Depuis l'attaque du Hamas contre l'État hébreu le 7 octobre 2023, près de 53.000 personnes ont été tuées par les bombardements de Tsahal, selon le ministère de la Santé du Hamas jugé fiable par l'ONU. Parmi ces victimes, 2.300 ont perdu la vie depuis la rupture de la trêve et la reprise des combats le 18 mars.
"En l’espace de près de 18 mois de guerre, plus de 15.000 enfants auraient été tués et plus de 34.000 autres blessés", rappelle également l'Unicef.