Au procès de Cédric Jubillar, les avocats des parties civiles tentent de faire flancher un accusé imperturbable

Cédric Jubillar, soupçonné du meurtre de son épouse disparue, au premier jour de son procès devant la cour d'assises du Tarn, à Albi, le 22 septembre 2025 - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP
Ils ont eu beau hausser le ton, lui faire remarquer ses contradictions, le titiller sur des sujets sensibles, ils n'ont rien obtenu de lui. Au treizième jour de son procès pour le meurtre de son épouse à Albi (Tarn), Cédric Jubillar aborde son interrogatoire comme il traverse son procès depuis le début: sûr de lui, la jambe certes agitée par des sursauts nerveux, mais toujours dans le contrôle de ses déclarations.
Face aux offensives de l'accusation et des avocats des parties civiles, l'homme ne vacille pas. Non, il n'a pas tué Delphine, a-t-il martelé, comme plusieurs fois depuis le début de ce procès, ce vendredi 10 octobre dans l'après-midi.
"J’ai jamais touché une femme et je ne le ferai jamais. Je ne l’ai pas tuée, ça, c’est une certitude", déclare-t-il, questionné sur son comportement lors de disputes avec son épouse.
"Qu'est-ce qu'on ressent, quand on est Cédric Jubillar?"
Ses dénégations ne découragent pas Me Mourad Battikh, qui représente une partie de la famille de Delphine Jubillar. Alors qu'il est question depuis plusieurs minutes de la découverte par Cédric Jubillar du fait que sa femme avait un amant (elle avait notamment acheté de la lingerie, loué des appartements et des voitures et même présenté ses enfants en visio à son nouveau compagnon), l'avocat s'élance.
"Qu'est-ce qu'on ressent, quand on est Cédric Jubillar et qu'on découvre ces achats de lingerie?, questionne Me Mourad Battikh.
- De la trahison, répond l'intéressé.
- La trahison, c'est un acte. Mais qu'est-ce qu'on ressent, quand on est Cédric Jubillar?
- Je vous l'ai dit, de la trahison et du mensonge.
- De la colère?
- Non.
- De la haine?
- Non. Ça fait mal au cœur, mais c’est tout."
"Ça vous paraît crédible?", insiste une dernière fois Me Mourad Battikh. Cédric Jubillar ne flanche pas: "C’est la vérité, en tout cas."
Passe d'armes impressionnante, tant du côté de l'avocat qui ne lâche rien que de celui de l'accusé qui, depuis son box, maîtrise complètement ses réponses, imperturbable de bout en bout.
Un accusé inflexible
Me Laurent De Caunes, avocat de l'un des frères de Delphine Jubillar, prend le relais. "Qu'est-ce que vous nous cachez, Monsieur Jubillar?". Un coup d'épée dans l'eau, l'accusé ne dévie pas de sa ligne: "Rien."
Un dernier avocat tente le tout pour le tout. "Être un mari cocu, trompé… Lorsque vous découvrez chaque jour des éléments supplémentaires, ça ne vous choque pas?", lance Me Laurent Nakache-Haarfi, qui défend les frères et sœurs de l'infirmière. "Non, pas du tout", assure l'accusé depuis son box.
"Cédric Jubillar, qui est impulsif, capable de tout dire, il va rester stoïque?", tente encore l'avocat. "Exactement", contre l'accusé du tac-au-tac.
"Alors que, chaque jour, vous découvrez quelque chose, l’hôtel, la lingerie, les voyages, les voitures… Vous montez en température? C’est quoi, le dernier élément? Quand vous allez la surprendre? C’est là que Cédric Jubillar montre ce qu’il est réellement?", insiste Me Nakache-Haarfi. "Non, pas du tout", répond laconiquement le peintre-plaquiste.
La scène amuse Me Emmanuelle Franck, côté défense. "C’est la semaine prochaine, la plaidoirie et les effets de manche…", raille-t-elle à l'adresse de son confrère. Avant les plaidoiries des parties civiles, l'interrogatoire de Cédric Jubillar doit reprendre lundi prochain.