"Des crimes contre les civils": les images des frappes russes mortelles à Kiev et en Ukraine

C'est l'une des pires attaques russes sur Kiev. La Russie est accusée par l'Ukraine d'avoir tiré 70 missiles et 145 drones dans la nuit de ce mercredi 23 au jeudi 24 avril dans tout le pays, faisant au moins 12 morts et au moins 100 blessés, dont au moins 8 dans la capitale ukrainienne. Un bilan qui ne cesse d'évoluer et de s'alourdir.
La Russie a assuré avoir visé des infrastructures de l'industrie militaire ukrainienne, et non des cibles civiles, selon les autorités ukrainiennes. Les forces armées russes "ont mené une attaque massive avec des armes de précision à longue portée" contre plusieurs entreprises liées au complexe militaro-industriel ukrainien, a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué. "Toutes les cibles ont été touchées", a-t-il précisé.

La dernière attaque de cette ampleur remonte à début avril. Une vingtaine de personnes avaient perdu la vie. Parmi elles, de jeunes enfants.
"La Russie continue de tuer notre peuple"
"Des bâtiments résidentiels ont été endommagés", ont indiqué via la messagerie Telegram les services de secours présents sur place. Depuis le début de la matinée, ces derniers peinent à venir en aide aux victimes toujours coincées sous les décombres.
Lilya Yedamenko, une habitant de Kiev de 52 ans qui vit en face d'un immeuble qui s'est effondré a confié à la BBC sa "colère" à la BBC. "Ces crimes contre les civils sont commis avec le consentement tacite du monde occidental", a-t-elle déclaré.
"Mon message à l'Occident est le suivant: nous vivons tous sur la même planète, nous sommes tous liés politiquement et énergétiquement, et tolérer des crimes comme ceux commis par la Russie contre les civils en Ukraine aura des conséquences pour l'humanité tout entière".

Olena Davydiouk, qui vit tout près du point d'impact d'un des missiles, a été réveillée par les puissantes explosions. "Les vitres ont volé en éclats, les portes ont été arrachées de leurs gonds", raconte à l'AFP cette avocate de 33 ans encore sous le choc. Elle a vu ses voisins quitter à la hâte leurs immeubles bombardés.
Une femme au visage ensanglanté est prise en charge par les pompiers, serrant son petit chien tremblant dans ses bras. Une autre, sous le choc, se couvre la bouche de ses mains. Sur l'herbe jonchée de décombres, des gens pleurent une personne décédée, déposée là par les secouristes. D'autres attendent autour du véhicule des urgences, espérant recevoir des nouvelles de leurs proches, alors que les secours continuent de transporter des sacs mortuaires.
"Ils disent qu'ils n'ont pas encore sorti tout le monde de sous les gravats", explique Olena, dans la rue, encore vêtue de son pyjama.
Volodymyr Zelensky écourte son voyage en Afrique du Sud
Volodymyr Zelensky a décidé d'écourter son déplacement en Afrique du Sud pour rentrer en Ukraine. Dans un long message publié sur X, le président ukrainien a exhorté la Russie de "cesser immédiatement et sans condition" ses frappes.
"Cela fait 44 jours que l'Ukraine a accepté un cessez-le-feu total et l'arrêt des frappes... Et cela fait 44 jours que la Russie continue de tuer notre peuple", a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la matinée, Volodymyr Zelensky a accusé son homologue russe Vladimir Poutine d'avoir "uniquement le désir de tuer".
La veille, Donald Trump pointait du doigt des propos "incendiaires" sur la Crimée annexée, alors qu'un accord avec la Russie serait "très proche".
Le refus de Kiev d'accepter les termes américains pour mettre fin à la guerre déclenchée par la Russie en février 2022 "ne fera que prolonger les tueries", a averti le milliardaire républicain, qui n'a jamais reconnu la responsabilité russe dans le déclenchement du conflit.

Le territoire est, selon Donald Trump, "perdu" pour l'Ukraine, a-t-il écrit dans un long message sur son réseau Truth Social, dont le ton menaçant rappelle sa très difficile entrevue avec le président ukrainien fin février, dans le Bureau ovale.
Les États-Unis au cœur des discussions
"Les États-Unis poursuivent leurs efforts de médiation, et nous nous (en) félicitons", a réagi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Volodymyr Zelensky réclame lui un cessez-le-feu "immédiat, complet et inconditionnel" en amont de négociations de paix.
Ce mercredi 23 avril, les États-Unis ont menacé de "se retirer" si des "échanges territoriaux" entre Moscou et Kiev n'avaient pas lieu. Des "abandons" jugés nécessaires par le vice-président J.D. Vance, alors en déplacement en Inde.

Alors que des discussions viennent de s'achever à Londres entre responsables américains, ukrainiens et européens, le Royaume-Uni a redit qu'il appartenait "à l'Ukraine de décider de son avenir". La présidence française a, quant à elle, affirmé que l'"intégrité territoriale" de l'Ukraine était une "exigence très forte" des Européens.
Sur le terrain, les attaques aériennes russes ont repris à la suite d'une brève trêve de Pâques. Avant les bombardements russes de la nuit, neuf personnes avaient été tuées et 32 blessées dans une attaque de drone russe contre un bus à Marganets, dans le sud-est de l'Ukraine.

À Londres, les discussions se sont tenues au niveau de conseillers, et non des ministres des Affaires étrangères, comme c'était initialement prévu. L'émissaire spécial Steve Witkoff, considéré comme le négociateur de confiance de Donald Trump, doit lui faire pour la quatrième fois le voyage jusqu'à Moscou cette semaine.