Guerre en Ukraine: quelle est la situation au sixième jour de l'invasion russe?

La Russie veut accélérer sa progression. De nouveaux bombardements stratégiques ont eu lieu dans la journée, faisant grimper le nombre de victimes civiles en Ukraine. En Europe, le soutien à Kiev s'est surtout manifesté dans les hémicyles et les discussions internationales prévues à Paris, Bruxelles et Genève.

Le conflit continue de faire rage en Ukraine. Au lendemain de premiers pourparlers entre Kiev et Moscou, les combats se poursuivent, et la liste des morts s'allonge. Les principaux affrontements ont lieu dans la capitale et à Kharkiv - dans l'est du pays - au sixième jour de l'invasion. Pendant ce temps, les Européens continuent leur stratégie de sanctions, de discussions et se préparent à l'accueil des réfugiés.

Voici - en résumé - les principaux événements de la journée.

• Une tour de télévision a été bombardée à Kiev, au moins 5 morts

Une frappe hautement stratégique. Les forces russes ont lancé ce mardi une frappe sur la tour de télévision de Kiev, bloquant ainsi la diffusion de toutes les chaînes. Des systèmes de secours devraient cependant bientôt être enclenchés pour permettre une reprise des programmes.

Au moins 5 personnes sont mortes dans cette frappe, et cinq autres ont été blessées selon le service d'État ukrainien pour les situations d'urgence.

La tour se trouve dans un quartier sensible, près du site de Babi Yar, un ravin dans lequel 30.000 juifs ont été tués par les nazis en deux jours en 1941. "Ces barbares sont en train de massacrer les victimes de la Shoah pour la deuxième fois", a dénoncé sur Twitter le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak.

Ce mardi soir, la capitale est à nouveau la cible de bombardements russes. L'offensive de Moscou s'intensifie, et les sirènes de la ville ont retenti en fin de soirée, rapporte notre correspondant Benoît Sarrade, présent sur place.

• Des frappes aériennes ont visé Kharkiv, au moins 18 morts

Située dans l'est de l'Ukraine, Kharkiv fait face à un assaut très important des forces russes depuis plusieurs jours. Au moins 18 personnes sont mortes ce mardi dans deux frappes distinctes. Le premier bombardement a frappé la place centrale de la ville, faisant 10 victimes, le second a fait 8 morts dans une zone résidentielle, où un immeuble a été touché.

Face à cela, la Cour européenne des droits de l'Homme, saisie par Kiev, a exhorté Moscou à "s'abstenir de toute attaque militaire contre des civils et des biens à caractère civil". Selon les autorités ukrainiennes, 350 civils ont déjà été tués depuis le début du conflit.

• Volodymyr Zelensky a été applaudi au Parlement européen, Sergueï Lavrov snobé à l'ONU

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait une apparition vidéo au Parlement européen ce mardi, peu après avoir demandé officiellement l'adhésion de son pays à l'Union européenne. "Ne nous lâchez pas, ne nous laissez pas", a-t-il imploré dans son discours.

Son intervention a été largement saluée par des salves d'applaudissements de la part des eurodéputés présents dans la salle. En France, le président ukrainien a également reçu une standing ovation de la part des députés, tout comme l'ambassadeur Vadym Omelchenko, présent dans l'enceinte de l'Assemblée nationale.

À quelques centaines de kilomètres de là, l'ambiance était très différente. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s'est exprimé en vidéo devant la Conférence du Désarmement et le Conseil des Droits de l'Homme (CDH) de l'ONU à Genève ce mardi. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu pour lui, puisque de nombreuses délégations, dont les pays occidentaux, ont décidé de boycotter ses deux interventions.

Jérôme Bonnafont, ambassadeur de la France à l'ONU à Genève, a estimé que "toute invasion constitue une violation des droits de l'homme" et qu'il était donc important de montrer un front "uni" face à la Russie. Par ailleurs, une minute de silence en hommage aux victimes de la guerre en Ukraine a été respectée avant le début des débats.

• Jean Castex a chargé la Russie à l'Assemblée nationale

L'Assemblée nationale et le Sénat ont débattu du conflit en Ukraine. Dans l'hémicycle, le Premier ministre Jean Castex a pris la parole pour dénoncer l'agression de la Russie. Selon lui, il s'agit d'une "agression cynique et préméditée" que "la France condamne de la manière la plus absolue".

Il a également assuré que la situation représentait un "tournant dans l'histoire de l'Europe et de notre pays", tout en réaffirmant son soutien au peuple ukrainien.

Jean Castex a rappelé que la France ne comptait pas envoyer de soldats en Ukraine, mais qu'elle serait sans "aucun doute amenée à s'engager militairement dans la protection de nos alliés de l’est de l’Europe si le conflit devait connaître d’autres extensions au-delà du territoire ukrainien dans les pays membres" de l'Otan.

• Bruno Le Maire a évoqué une "guerre économique" avec la Russie, avant de rétropédaler

Le ministre de l'Économie trop véhément? Invité sur France info ce mardi matin, Bruno Le Maire a assuré que la France allait "livrer une guerre économique et financière totale à la Russie". Une déclaration forte, qui a été repérée par Dmitri Medvedev, le vice-président du Conseil de sécurité de Russie.

"Faites attention à votre discours, messieurs! Et n'oubliez pas que les guerres économiques dans l'histoire de l'humanité se sont souvent transformées en guerres réelles", a-t-il tweeté.

Dans un contexte de tensions exacerbées, Bruno Le Maire est finalement revenu sur ses propos quelques heures plus tard, regrettant l'usage du terme guerre, "inapproprié". "Nous apportons un soutien total au peuple ukrainien dans cette crise. Nous sommes déterminés à imposer des sanctions massives et efficaces contre la Russie mais nous ne sommes pas en conflit contre le peuple russe", a-t-il promis dans une déclaration à l'AFP.

Anthony Audureau