Donald Trump, immigration, Israël... Ce qu'il faut retenir de la première interview de candidate de Kamala Harris

Une prise de parole attendue. Pour la première fois depuis son investiture par le Parti démocrate, Kamala Harris a donné sa première interview à un média américain ce jeudi 29 avril. Répondant aux questions de CNN pendant une quarantaine de minutes aux côtés de son colistier Tim Walz, la vice-présidente n'a pas annoncé de nouveaux points phares de son programme.
Mais elle est revenue sur les thèmes centraux de l'élection présidentielle américaine, du pouvoir d'achat à l'énergie en passant par l'immigration. L'ancienne procureure de Californie, propulsée candidate face à Donald Trump après le retrait de Joe Biden, a appelé à construire des "consensus" et a évoqué une possible nomination d'un ministre républicain dans sa future administration, sans donner de nom.
• "Soutenir la classe moyenne", la priorité n°1 de la candidate démocrate
Si elle est élue, Kamala Harris a assuré que sa première priorité sera de "soutenir la classe moyenne". "Quand je regarde les ambitions du peuple américain, je pense qu'il est prêt à aller de l'avant. Je pense que malheureusement, ces dix dernières années, [Donald Trump] a soutenu un programme (...) qui divisait notre nation", a déploré Kamala Harris.
"Les gens sont prêts à tourner la page", a assuré la vice-présidente, semblant faire l'impasse dans un premier temps sur les trois dernières années où Joe Biden a été locataire de la Maison Blanche. Quelques minutes plus tard, Kamala Harris a rendu hommage à l'octogénaire, saluant son bilan en politique internationale et intérieure.
"Les prix sont toujours trop élevés", a tout de même reconnu la vice-présidente, évoquant la question du logement. Dans son programme, la démocrate propose la construction de trois millions de nouveaux logements afin de faire face à la "pénurie", une aide au premier achat immobilier, et un nouveau crédit d'impôt à la naissance, pouvant aller jusqu'à 6.000 dollars, pendant la première année de vie d'un enfant.
• Kamala Harris assure que ses "valeurs n'ont pas changé"
Accusée d'être une "girouette" par Donald Trump -et plus largement par les républicains- Kamala Harris a affirmé que "ses valeurs n'avaient pas changé" sur des sujets comme le changement climatique et l'immigration.
"J'ai toujours pensé (...) que le changement climatique était une réalité, que c'est une question urgente" et que les États-Unis doivent tenir des "objectifs" en termes d'émission de gaz à effet de serre, a indiqué la candidate démocrate de 59 ans.
Les républicains accusent pourtant la vice-présidente d'être inconstante dans ses idées. Ils lui reprochent notamment de chercher à enterrer des positions prises dans le passé contre la fracturation hydraulique ou "fracking", une méthode d'extraction d'hydrocarbures dénoncée par les défenseurs de l'environnement.
Après s'y être opposé, Kamala Harris a assuré ce jeudi qu'elle "n'interdira pas" le "fracking" si elle est élue, affirmant qu'il était compatible avec "une économie florissante basée sur les énergies propres".
• Immigration: la vice-présidente promet de "faire respecter nos lois"
Sujet essentiel de la campagne électorale, en particulier dans les États clés du sud des États-Unis comme l'Arizona: l'immigration. Kamala Harris a concentré ses attaques sur Donald Trump, évoquant un projet de loi bipartisan qui n'a jamais vu le jour après les pressions du milliardaire sur les représentants et sénateurs républicains au Congrès.
L'ancienne procureure a également mis en garde les migrants entrés illégalement sur le territoire américain, promettant des "conséquences".
"Nous avons des lois qui doivent être respectées et appliquées", a-t-elle déclaré. "En tant que présidente, je ferais respecter nos lois".
• Le soutien militaire à Israël sera maintenu
Interrogée sur ses positions sur la scène internationale, Kamala Harris a affirmé que "bien trop de Palestiniens innocents" ont été tués par l'armée israélienne depuis le samedi 7 octobre dans la bande de Gaza. Selon le ministère palestinien de la Santé, plus de 40.000 personnes, dont de nombreux civils, femmes et enfants, sont morts sous les tirs où les bombes d'Israël.
Mais Kamala Harris "ne va pas changer" de politique à l'égard du pays dirigé par Benjamin Netanyahu, martelant son soutien au "droit" à l'État hébreu "de se défendre".
Malgré les critiques dans son propre camp, la démocrate ne reviendra donc pas sur les livraisons d'armes américaines à Israël actées sous le mandat de Joe Biden. La vice-présidente a aussi plaidé une nouvelle fois pour un cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne, comme elle l'avait déjà fait devant la convention démocrate à Chicago, mi-août.
• Joe Biden "très clair" dans son soutien
Enfin, Kamala Harris est revenu sur le retrait de la course à la Maison Blanche de Joe Biden, le dimanche 21 juillet, quelques semaines après un débat raté face à Donald Trump.
Isolé dans sa résidence du Delaware parce que testé positif au Covid-19, c'est par téléphone que le président américain a informé la démocrate qu'il allait jeter l'éponge. "Je lui ai demandé s'il était sûr. Il m'a répondu que oui", se rappelle Kamala Harris.
Joe Biden "a été très clair" qu'il allait "me soutenir", a également ajouté Kamala Harris au sujet de ce coup de fil, sans donner plus de détails sur cette conversation qui a changé le cours de la campagne électorale.
Depuis, la vice-présidente a connu un bond d'opinions favorables et a été investie sous les applaudissements lors de la convention démocrate de Chicago. Cette interview, diffusée à une heure de grande écoute sur CNN va-t-elle lui donner l'avantage. Selon les sondages, le duel reste extrêmement indécis, en particulier dans certains États très convoités.