Meloni, Orban, extrême droite allemande... Les alliés européens de Trump en ordre dispersé sur les droits de douane

Face aux droits de douane annoncés par Donald Trump sur les importations aux États-Unis, les Européens s'inquiètent. Même du côté des proches du président américain. L'offensive protectionniste de la Maison Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, passe par un droit de douane généralisé d'au moins 10% sur toutes les importations à partir du 5 avril.
Des majorations sont prévues à partir du 9 avril pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale. Les marchandises de l'UE subiront ainsi par exemple 20% de taxes additionnelles, s'ajoutant aux droits de douane déjà en vigueur.
Meloni appelle à "supprimer" les droits de douane
La présidente du Conseil des ministres italienne, Giorgia Meloni, qui était la seule dirigeante européenne à l'investiture de Donald Trump en janvier, s'est montrée critique face à cette décision. La cheffe du gouvernement italien a estimé qu'il fallait avoir pour objectif de "supprimer" les droits de douane, "pas (de) les multiplier" par une surenchère. L'Italie, troisième économie de la zone euro, est récemment devenue le quatrième exportateur mondial. Environ 10% de ses exportations sont destinées aux États-Unis.
Giorgia Meloni, qui avait déploré dès mercredi soir une "mauvaise mesure" de Washington, a annulé jeudi tous ses engagements pour se concentrer sur l'introduction de nouveaux droits de douane décidée par le président américain Donald Trump. Elle a réuni ses principaux ministres pour discuter de leur approche.
Jeudi soir, Giorgia Meloni a appelé à éviter l'alarmisme: "Nous avons évidemment un problème, mais ce n'est certainement pas la catastrophe évoquée par certains", a-t-elle estimé. "Je ne suis pas convaincue que le meilleur choix soit de répondre à des droits de douane par d'autres droits de douane", a-t-elle insisté.
Le gouvernement hongrois fustige l'UE
Le gouvernement hongrois de Viktor Orban, très proche de Donald Trump, avait réagi dès mercredi au choc attendu, via son ministre des Affaires étrangères et du Commerce. Ce dernier a jugé l'Union européenne responsable des droits de douane imposés par le président américain. Dans une vidéo publiée sur X, Peter Szijjarto a estimé que l'UE avait "largement échoué" dans la gestion des relations commerciales transatlantiques, en particulier dans le secteur automobile.
"Malheureusement, force est de constater qu'il a été prouvé une fois de plus qu'à Bruxelles, des personnes incompétentes dirigent les institutions européennes, qui souffrent également d'une très grave Trump-phobie", a-t-il déclaré.
L'AfD appelle à négocier
Alice Weidel, cheffe du parti d'extrême droite allemand Afd, a de son côté qualifié les droits de douane de "poison pour le libre-échange" auprès de l'agence de presse DPA. La cheffe de l'AfD au Bundestag a affirmé jeudi sur X que "l'Allemagne et l'Europe doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour les empêcher. Qu'ils soient justifiés ou non est secondaire - ce qui compte, c'est de montrer aux États-Unis qu'un accord est la meilleure solution pour les deux parties!"
Alice Weidel a reçu le soutien d'Elon Musk ces derniers mois, en pleine campagne pour les élections législatives allemandes. Elle a également rencontré le vice-président américain, J.D. Vance, en février lors de la Conférence sur la sécurité de Munich.
Alors que les principaux partenaires commerciaux des États-Unis ont commencé à chercher la parade jeudi face au coup de massue infligé par Donald Trump, le président américain a balayé les inquiétudes.
"L'économie avait beaucoup de problèmes... C'était un patient malade, (elle) va finir en pleine forme", a-t-il assuré devant la presse.
Mais pour le Fonds monétaire international (FMI) les annonces de Donald Trump "constituent manifestement un risque important pour les perspectives mondiales, dans une période de croissance molle", a averti sa directrice, Kristalina Georgieva.
Les droits de douane sont réglés sur le sol américain, par les importateurs, et généralement répercutés sur les acheteurs. Les entreprises ne peuvent pas revoir leur modèle de production du jour au lendemain et vont encaisser des surcoûts.
L'UE vise des produits américains
Mi-mars, l'Union européenne a choisi de montrer les muscles dès l'entrée en vigueur des droits de douane américains de 25% sur l'acier et l'aluminium. Ces mesures touchent 26 milliards d'euros d'exportations européennes. L'UE a listé des biens américains, pour le même montant, qui seront taxés à partir de mi-avril.
Sont visées des marques emblématiques comme Harley-Davidson, des denrées agricoles comme le soja ou la viande, mais aussi des appareils ménagers comme les réfrigérateurs ou les tondeuses à gazon.
Face à une décision américaine "grave et infondée", le président français, Emmanuel Macron, a esquissé une riposte graduée, passant par l'unité des Européens et la suspension temporaire des investissements aux États-Unis.