Guerre en Ukraine, droits de douane... Ce qu'il faut retenir du discours de Trump devant le Congrès

Une prise de parole extrêmement attendue et scrutée. Le discours de Donald Trump mardi 4 mars devant le Congrès américain, et qui a duré au total 1h40, soit le plus long de l'histoire américaine, s'est fait dans une atmosphère de tension palpable entre républicains et démocrates.
"Nous ne faisons que commencer", a asséné Donald Trump au Capitole, assurant que les États-Unis sont "sur le point de connaître un retour en force comme le monde n'en a jamais connu et n'en connaîtra peut-être jamais plus."
Au cours de cette intervention émaillée de superlatifs et d'affirmations aussi frappantes qu'impossibles à vérifier, que le milliardaire de 78 ans a conclu en répétant qu'il avait été "sauvé par Dieu pour rendre sa grandeur à l'Amérique", après une tentative d'assassinat en Pennsylvanie l'été dernier.
• Un rapprochement avec Zelensky?
Sur la guerre entre l'Ukraine et la Russie, une semaine après son altercation avec Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche, Donald Trump a affirmé que son homologue ukrainien était "prêt" à négocier avec Moscou et à signer un accord sur les minerais.
"J'ai reçu une lettre importante du président ukrainien Zelensky. La lettre dit que l'Ukraine est prête à s'asseoir à la table des négociations dès que possible pour se rapprocher d'une paix durable", a déclaré le président américain dans un discours devant le Congrès.
"Il a déclaré: 'Mon équipe et moi-même sommes prêts à travailler sous la direction énergique du président Trump pour obtenir une paix durable. Nous apprécions vraiment tout ce que l'Amérique a fait pour aider l'Ukraine à maintenir sa souveraineté et son indépendance'", a déclaré le leader américain.
Plus tôt dans la journée de mardi, le dirigeant ukrainien a proposé une trêve avec la Russie dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une "paix durable" sous "le leadership" de Donald Trump et s'est dit prêt à signer avec le président américain l'accord-cadre sur l'exploitation des ressources naturelles, souhaitant "arranger les choses" avec lui après leur accrochage de vendredi dans le Bureau ovale.
En parallèle, Donald Trump a également confirmé un rapprochement avec la Russie. "Simultanément, nous avons eu des discussions sérieuses avec la Russie et nous avons reçu des signaux forts indiquant qu'ils sont prêts pour la paix", a encore affirmé le président américain. "Ne serait-ce pas magnifique?"
• Les droits de douane en question
Au cours de ce discours, Donald Trump est également revenu en longueur sur l'impact que pourraient avoir l'augmentation des droits de douane. Depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain a annoncé que cette augmentation viserait en particulier le Canada, le Mexique et la Chine, soit les trois principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis.
"Les droits de douane vont rendre les États-Unis de nouveau riches et grands. Cela va se produire et même plutôt rapidement. Il y aura quelques perturbations, mais nous sommes d'accord avec ça. Ce ne sera pas grand-chose", a-t-il affirmé.
C'est la première fois que Donald Trump reconnaît aussi clairement que les droits de douane pourraient avoir un impact sur l'économie américaine. Il avait jusqu'ici assuré que les prix baisseraient et que les Américains ne sentiraient pas leurs effets, les droits de douane étant payés, selon lui, par les entreprises étrangères.
Il a profité de l'occasion pour rappeler les droits de douane qu'il a d'ores et déjà mis en place ou qu'il compte mettre en place, notamment sur l'acier et l'aluminium, les produits de la sylviculture ou encore le cuivre. "Les droits de douane ne servent pas seulement à protéger les emplois des Américains, mais également à défendre l'âme même de notre pays", a-t-il insisté.
• Faire main basse sur le Groenland et le Panama
En ce qui concerne la poltiique internationale, Donald Trump a une nouvelle fois fait montre de sa volonté expansionniste. Il a de nouveau menacé le Groenland, qu'il entend récupérer "d'une manière ou d'une autre."
"J'ai également un message à adresser ce soir à l'incroyable peuple du Groenland. Nous soutenons fermement votre droit à déterminer votre propre avenir et, si vous le souhaitez, nous vous souhaitons la bienvenue aux États-Unis d'Amérique", a-t-il lancé sous forme d'invitation faite à la population de ce territoire autonome danois.
"Nous en avons vraiment besoin pour la sécurité internationale et je pense que nous allons l'obtenir. D'une manière ou d'une autre, nous l'obtiendrons", a-t-il ajouté.
Dans la même veine, Donald Trump a réitéré ses ambitions concernant le canal de Panama, le jour même de l'annonce que deux ports détenus par le géant hongkongais Hutchison vont être cédés à un consortium américain.
"Pour renforcer encore notre sécurité nationale, mon administration va reprendre le canal de Panama, et nous avons déjà commencé à le faire", a-t-il affirmé, en faisant référence à cet accord. Donald Trump a menacé de reprendre le canal dès le jour de son investiture au motif qu'il est, selon lui, exploité par la Chine.
Les élus démocrates, minoritaires au Sénat comme à la Chambre des représentants, ont cherché à exprimer leur désaccord. À l'arrivée de Donald Trump, une élue démocrate a été vue avec une pancarte lisant "ceci n'est pas normal". Les rangs du parti se sont progressivement vidés pendant l'allocution.
Un élu démocrate a été expulsé après avoir protesté à haute voix, d'autres ont brandi de petites pancartes portant des inscriptions telles que "Faux" et "Musk vole."
Donald Trump, aucunement impressionné, a fait applaudir l'homme le plus riche du monde, qui a entrepris à sa demande de démanteler le gouvernement fédéral et de sabrer dans les dépenses publiques.