Viande de cheval : une mafia européenne ?

Une usine de production de viande, en France. - -
Accusée de tromperie, la société Spanghero est-elle un cas isolé ou bien l'illustration d'un trafic bien plus vaste, révélant l'existence d'une "mafia" de la viande ? Difficile à dire pour les professionnels, selon qui les contrôles existants sont insuffisants, et doivent être renforcés le plus rapidement possible.
Mais ils ont une certitude : ces fraudes sont devenues possibles grâce au développement d'un véritable business de la viande, où l'origine du produit n'est plus une priorité, comme l'explique Jean-Pierre Fleury, secrétaire général de la Fédération nationale bovine. "On est dans un système de mondialisation, où beaucoup d'échanges se font, y compris en viande bovine. C'est devenu une monnaie d'échange. En tant que producteurs, nous estimons que nous devons obtenir de Bruxelles l'étiquetage d'origine."
Opacité sur la traçabilité
Car pour l'instant, l'origine de la viande n'est pas obligatoire sur les emballages de plats préparés. Conséquence : au lieu de se fournir en France, ces entreprises font appel à des traders qui leur garantissent le meilleur prix.
"L'intérêt d'un trader est de trouver une matière première la moins chère possible à un moment donné, quel que soit l'endroit du monde. Et c'est cela qui fait peser un danger sur la traçabilité, parce que lorsque vos fournisseurs peuvent changer d'une semaine sur l'autre, vous n'avez aucun moyen de vous assurer de la fiabilité des informations données", explique Olivier Andrault, de l'UFC-Que Choisir.
Une opacité qui est loin d'être spécifique à la viande. Les spécialistes le soulignent : toutes les filières agro-alimentaires sont concernées par le trading et ses possibles effets pervers.