Scandale de la viande : les enjeux de la réunion de crise à Bruxelles

La réunion de mercredi soir se déroulera à Bruxelles, au siège de la Commission européenne. - -
Face au scandale des produits surgelés censés contenir de la viande de bœuf et qui contiennent en réalité du cheval, voire du porc, les ministres européens de l'Agriculture se devaient de réagir. Ils tiennent une réunion de crise mercredi soir à Bruxelles pour étudier les mesures à prendre au niveau de l'UE.
L'affaire avait éclaté la semaine dernière avec la découverte en Grande-Bretagne de lasagnes de la marque Findus contenant de la viande de cheval estampillée "boeuf". Elles avaient été fabriquées par un sous-traitant français, Comigel.
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Une réunion informelle
La réunion de mercredi soir est présentée comme "informelle". Tous les pays européens ne seront pas représentés et aucune décision concrète n'est attendue.
• D'abord un échange de vues
Mais elle doit permettre "un échange de vues entre les Etats membres les plus affectés, dont la France, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, la Suède, la Roumanie et la Pologne", a indiqué la présidence irlandaise de l'UE. La Commission européenne sera représentée par le commissaire à la Santé et à la Politique des consommateurs, Tonio Bor et un représentant du commissaire à l'Agriculture Dacian Ciolos.
Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, va défendre la ligne de la France à cette réunion : "il faut avancer sur la question de l’étiquetage, l’origine des viandes. La traçabilité est parfaite sur la viande bovine française, mais dès qu’on passe à de la viande transformée, l’origine des viandes n’est plus étiquetée", a-t-il déploré mercredi à l'issue du Conseil des ministres.
• Un comité d'expert avant le Conseil du 25 février
Le sujet sera ensuite débattu vendredi au sein d'un comité d'experts européens et surtout lors du prochain Conseil européen de l'Agriculture le 25 février à Bruxelles.
Vers un étiquetage obligatoire ?
Pressée d'agir pour rendre obligatoire l'étiquetage sur l'origine de la viande bovine sur les plats cuisinés, notamment par les professionnels de la filière bétail, la Commission a assoupli sa position mercredi.
• Accord ou "accord imposé" ?
"Certains pays sont pour, d'autres pensent que c'est compliqué. Nous allons voir si ça peut se faire, si ça peut être imposé, si ce sera compliqué. Je ne ferme pas la porte", a déclaré Tonio Borg lors d'une conférence de presse.
• Le précédent de la vache folle
Depuis l'affaire de la vache folle, la viande bovine fraîche doit mentionner l'origine. Mais ce n'est pas le cas pour les produits transformés à base de viande, qui ont seulement l'obligation d'indiquer le type de viande utilisée.
Un scandale international
La viande en cause, d'origine roumaine selon les autorités françaises, aurait transité par un trader chypriote, puis néerlandais, avant d'arriver chez un fournisseur français, Spanghero, et d'être redirigée vers le préparateur, Comigel.
• Des perquisitions en Angleterre
A Londres, l'agence de sécurité sanitaire (FSA) a annoncé mardi avoir mené avec la police britannique des perquisitions dans un abattoir anglais et une usine au Pays de Galles, censés fournir du bœuf destiné aux kebabs et aux hamburgers et soupçonnés d'avoir fourni de la viande de cheval. Cette annonce ouvre la voie à une filière britannique de fraudes.
Par la voix de son ministre de l'Alimentation Owen Paterson, Londres a exprimé ce mercredi, le souhait que l'Union européenne agisse "rapidement".
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• Des tests en cours en Allemagne
L'affaire a aussi atteint l'Allemagne, où il y a un soupçon de viande frauduleusement étiquetée dans des lasagnes dans l'Etat le plus peuplé du pays, la Rhénanie du Nord-Westphalie. Les autorités allemandes ont été averties mardi soir par leurs homologues luxembourgeoises via le système d'alerte mis en place en Europe, a-t-elle précisé. Des tests doivent maintenant être pratiqués pour déterminer si ces plats préparés contiennent éventuellement de la viande de cheval.
• Des produits retirés aux Pays-Bas, en Suède et en Suisse
Des produits - notamment ceux de Comigel - ont été retirés par précaution des rayons français, néerlandais, suédois et suisses. la Suède a par ailleurs renforcé les contrôles sur les plats préparés à base de viande.
En Suisse, on appren ce mercredi que le groupe de distribution Coop a annoncé que des analyses ont permis d'identifier de la viande de cheval.
• Les enquêtes n'ont encore rien donné
Les enquêtes menées dans les différents pays n'ont pas permis pour l'instant de déterminer où la viande de cheval a été frauduleusement étiquetée comme étant du bœuf, et si elle présentait un risque pour la consommation. Bucarest a assuré qu'"aucune irrégularité n'a été commise" depuis la Roumanie, rejetant le statut de "suspect de service".
• Une fraude avérée selon un commissaire européen
Pourtant le commissaire européen Tonio Borg a réaffirmé que le scandale actuel était lié à une "fraude". "Il est évident que quelque part dans la chaîne, quelqu'un à frauduleusement ou par négligence étiqueté le produit de façon mensongère", a-t-il dit.