Qui sont les mouvements anti-mariage homo?

"Le Printemps français de Béatrice Bourges, les Hommen et les groupuscules identitaires n'ont pas leur place dans notre cortège", déclarait dimanche Frigide Barjot, avant une nouvelle manifestation contre le mariage homosexuel à Paris. Si au début de la contestation à l'automne 2012, la "Manif pour tous" rassemblait largement, à quelques jours du vote solennel à l'Assemblée, de multiples collectifs, associations et mouvements ont fait également parler d'eux, donnant ainsi l'impression d'un mouvement très disparate.
Entre manifestations, rassemblements, accueil de ministres, qui manifeste et comment? BFMTV.com fait un tour d'horizon des différents mouvements contre le "mariage pour tous".
La "Manif pour tous"
Centré autour du personnage de Frigide Barjot, la "Manif pour tous" est l'organisateur originel de la contestation au projet de loi pour le mariage et l'adoption pour les couples de même sexe. Elle rassemble l'organisation créée par Christine Boutin et représentée par Tugdual Derville: Alliance Vita, "Plus gay sans Mariage" association incarnée par Xavier Bongibault, le "Collectif des maires pour l'enfance" et d'autres rassemblements catholiques. Dès l'automne 2012, de grandes manifestations ont été organisées par le "Manif pour tous" et sa communication est rodée.
Depuis le retour du projet de loi à l'Assemblée, la contestation de la "Manif pour tous" a pris un autre virage avec des manifestations quotidiennes devant le Palais Bourbon et dans différentes villes de France. Des actions en marge desquelles, des militants d’extrême droite ont lancé des fusées, pris à parti des journalistes et caillassé des CRS. Douze personnes finiront en garde-à-vue le 18 avril.
Le "Printemps français"
"Le 'Printemps français' a ouvert les Champs-Élysées, la résistance est lancée !" se vantait le 24 mars Béatrice Bourges lors de la manifestation du meme jour. La Présidente du "Collectif pour l'enfant", longtemps restée dans l'ombre de Frigide Barjot, encourageait ainsi les manifestants à quitter le parcours officiel pour rejoindre l'artère interdite par la police. Conséquence de ces débordements: le "Printemps français" a été exclu du collectif la "Manif pour tous".
Ce mouvement catholique se revendique non-violent et prône la transgression. Par exemple, alors que l'autorisation préfectorale de manifester devant l'Assemblée prend fin à 22h, les manifestants du "Printemps français" restent et occupent le terrain tous les soirs ou presque. Les actions du "Printemps français" sont relayées dans d’autres sphères catholiques intégristes comme Civitas, le Bloc identitaire ou encore les jeunesses nationalistes. Mais le "Printemps français" lui-même n'établit jamais de lien avec ces groupes radicaux.
Les militants du "Printemps français" ne font pas que manifester. Ils ont également réveillé la sénatrice UDI et pro-mariage homosexuel Chantal Jouanno et le député EELV François de Rugy à leur domicile. Récemment, des sous-groupes ont également émergé comme le "camping pour tous" et les hommen. Ces derniers reprennent et détournent le concept des femen en organisant des sitting torse nu. Ainsi, le 15 avril, ils bloquaient la rue de Rivoli en signe de protestation.
Civitas : traditionnalistes et intégristes
En s'opposant au mariage homosexuel Frigide Barjot entend aussi combattre l’homophobie, une "faute grave" pour Alain Escada, de Civitas, une association intégriste proche de l’extrême droite créée par Monseigneur Lefebvre. Dès novembre 2012, Civitas fait le choix de manifester séparément de la "Manif pour tous". Depuis, les cortèges cohabitent.
Contrairement au mouvement emblématique de cette contestation, Civitas ne s’est pas créé à l’occasion du projet de loi pour l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Leur lutte, ancienne et intégriste a depuis longtemps été excommuniée de l’Eglise catholique. Outre des manifestations, le mouvement intégriste organise des prières de rues contre le "mariage pour tous".
Bloc identitaire, GUD : les ultras d'extrême droite
Les "apéros saucisson-pinard" pour exclure les musulmans, c’est eux. Le Bloc identitaire, mouvement d’extrême droite et racialiste fait partie de la contestation. Certains de ses membres sont d’ailleurs engagés dans le mouvement du "Printemps français".
Plus violent, le GUD (Groupe union défense) a diffusé début avril une affiche qui a fait scandale en montrant un passage à tabac, un "appel clair et évident à tabasser des homosexuels", pour Nicolas Gougain, président de l'Inter-LGBT.
Les jeunesses nationalistes, elles, se concentrent sur l’"accueil". 200 de leurs militants ont accueilli à la gare de Nantes la journaliste pro-mariage pour tous Caroline Fourest, autant ont chahuté la ministre de la Justice à Lyon, alors qu’elle assistait à la première de l’opéra écrit par Robert Badinter et inspiré d'un drame carcéral de Victor Hugo évoquant l'homosexualité. Le rapporteur de la loi sur la "mariage pour tous" à l’Assemblée, Erwann Binet a décidé d’annuler ses déplacements politiques après avoir été pris à parti, à Saint Etienne par des militants des jeunesses nationalistes.
Le GUD et les Identitaires manifestent avec le Printemps français et relaient leurs appels. Le cortège séparé de Civitas avait, le 12 janvier, accueilli le Gud et les Jeunesses nationalistes.
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