Vaccination: faut-il attendre un vaccin contre le variant Omicron pour réaliser sa dose de rappel?

Vaccination contre le Covid-19 au centre de vaccination du Palais des Sports de Gerland à Lyon, en France, le 27 novembre 2021 - JEFF PACHOUD © 2019 AFP
Le 29 novembre, cinq jours après le premier signalement fait à l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) du nouveau variant Omicron, Pfizer et BioNTech annonçaient la possibilité d'un nouveau sérum d'ici 100 jours. Une annonce témoignant de la grande réactivité des laboratoires, mais soulevant également en France une interrogation, en pleine campagne de rappel vaccinal. Ne serait-il pas plus judicieux, pour les personnes possédant un schéma vaccinal complet, d'attendre cette nouvelle formulation pour réaliser leur troisième dose?
D'autant que le variant Omicron, dont 25 cas ont pour l'instant été recensés en France, viendrait réduire l'efficacité des vaccins actuels. Stéphane Bancel, président de Moderna, évoquait même une "baisse significative" de leur efficacité face à ce nouveau variant premièrement repéré en Afrique du Sud.
Le variant Delta toujours dominant
Dans les colonnes du Parisien, Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, a tenu à couper court à cette possibilité: "non, il ne faut absolument pas attendre un éventuel vaccin adapté au variant Omicron plutôt que de réaliser sa dose de rappel", estime le professeur d'immunologie.
Pour une raison simple. Le principal défi auquel fait actuellement face la France est le variant Delta, aujourd'hui largement majoritaire parmi les tests positifs.
"Notre principal ennemi aujourd'hui est le variant Delta, qui représente 97 à 98% des infections sur notre territoire. Dans ce contexte de rapide augmentation de circulation du virus, nous bénéficions de vaccins sûrs et efficaces contre ce variant, et la dose de rappel devient donc une nécessité" juge Alain Fischer, toujours auprès de nos confrères du Parisien.
Un constat partagé par Bruno Lina, membre du Conseil scientifique. Au Journal du Dimanche, il rappelle qu"en France, Delta est toujours ultra-dominant avec environ 99% des séquences". Le virologue en a également profité pour défendre le bilan du pays en matière de séquençages, cette technique qui permet de repérer les nouveaux variants et à laquelle la France a aujourd'hui beaucoup moins recours que ses voisins européens. Le virologue estime que "tout séquencer ne sert à rien. Le système de surveillance est aujourd'hui bien calibré".
"Quand un incendie démarre, on jette vite de l’eau sur le feu"
Réaliser sa dose de rappel dans l'immédiat, alors que le gouvernement l'a ouverte à tous les adultes le 25 novembre, se révèle donc être la décision à prendre pour les deux scientifiques.
"Je le rappelle: avec une dose complémentaire, vous avez vingt fois moins de risque de tomber malade que sans ce rappel, et vingt fois moins de risque d'aller à l'hôpital pour une forme grave" soutient Alain Fischer.
Une dose de rappel présente également l'avantage de venir augmenter le taux de protection des personnes extrêmement rapidement. Alors que la deuxième dose a besoin de deux semaines pour atteindre un niveau de protection optimale, les effets de la troisième dose sont presque instantanés.
Pour Bruno Lina, "attendre d’hypothétiques vaccins adaptés à un variant dont on n’a pas la certitude qu’il va devenir dominant n’a aucun sens. Quand un incendie démarre, on jette vite de l’eau sur le feu. Ce genre de discours attentiste relève de l’hésitation vaccinale. Les vaccins sont très efficaces contre Delta".
Et comme l'a rappelé la semaine dernière Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Bichat, à Paris, même si les vaccins actuels se retrouvaient moins efficaces face au variant Omicron, ce ne sera pas "un effet on/off".