Covid-19: peut-on encore échapper à un reconfinement national?

Reconfiner localement, est-ce suffisant? De l'aveu de certains professionnels de santé, la mesure mise en place dans le Nord et les Alpes-Maritimes dès vendredi et pour les deux prochains week-ends n'est "probablement pas" adaptée au regard de l'accélération de la circulation du Covid-19.
"Le virus se propage aussi dans la semaine (...) Je pense qu'il faut vraiment diminuer les interactions sept jours sur sept et qu'il faut donc éviter que les gens se rencontrent en dehors du cercle familial le plus possible", a affirmé ce jeudi matin sur BFMTV et RMC Rémi Salomon, président de la commission médicale de l'AP-HP.
"Stratégie d'erreur"
Pour le médecin, des "mesures supplémentaires" sont "nécessaires" pour lutter contre le Covid-19. Car "l'incendie est largement allumé", abonde sur France info le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon à Paris.
"On est dans des mesures partielles parce qu'on a diabolisé le mot du confinement, donc toute la politique est organisée pour l'éviter, ce qui est une stratégie d'erreur", estime-t-il.
Mercredi, le nombre des cas positifs répertoriés a atteint son stade le plus haut depuis novembre, avec 31.519 cas, selon les données publiées par Santé publique France. Et la situation dans les hôpitaux ne semble pas s'alléger: sur les sept derniers jours, 9450 personnes ont été hospitalisées, dont 1809 admises en service de réanimation. "La situation hospitalière n'est pas bonne. 60% des lits de réanimation sont pris tout le temps", confirme sur BFMTV le Dr Edouard Obadia, médecin réanimateur à l'hôpital privé Claude Galien à Quincy-sous-Sénart (Essonne).
"Il faut des actions rapides pour l'hôpital afin d'éviter la saturation totale: cela passe par plus de confinement et plus de moyens", soutient-il.
Politique massive de dépistage
Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne à la retraite, en arrive au même constat, mais recommande de coupler un reconfinement à une politique massive de dépistage: "Il faut confiner et tester massivement, partout et en même temps", dit-elle. "On n’a pas le choix."
"On a fait croire aux citoyens que l’évolution de l’épidémie était entre leurs mains, on leur en fait porter la responsabilité. Mais ce n’est pas vrai, l’évolution de l’épidémie dépend du choix et de l’action des autorités. Il suffit de regarder comment ont fait les pays qui l’ont maîtrisée", analyse-t-elle dans les colonnes de Society.
Mais les appels à une politique nationale plutôt que locale ne semblent pas encore être l'option retenue par le gouvernement. Ce jeudi, le Premier ministre, Jean Castex, et celui de la Santé, Olivier Véran, sont attendus pour annoncer de nouvelles concertations avec les élus pour ces départements où la situation "est très préoccupante".
Outre les Alpes-Maritimes et le Nord, onze départements métropolitains connaissent un taux d'incidence supérieur à 250 cas pour 100.000 habitants sur les sept derniers jours, au-dessus du seuil d'alerte maximale défini par le gouvernement, notamment dans les Hauts-de-France, l'Ile-de-France et le Grand Est, des régions confrontées à des proportions plus importantes de variants britannique, sud-africain ou brésilien du virus.