Covid-19: les questions que soulève la contamination de Jean Castex, "cas d'école" de la 5e vague

Le Premier ministre Jean Castex, le 22 avril 2021 à Paris. (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Doublement vacciné, contaminé par sa fille de 11 ans, non-éligible à une dose de rappel... En attrapant le Covid-19, le Premier ministre Jean Castex devient presque un cas d'école du coronavirus au temps de la 5e vague.
La contamination du chef du gouvernement, confirmée par un test ce lundi, s'inscrit tout d'abord dans une tendance actuelle alors que la 5e vague démarre de "façon fulgurante" d'après le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Mais elle s'installe aussi dans les interstices des protections contre la pandémie mis en place par le gouvernement. BFMTV.com fait le point.
• Doublement vacciné
Contrairement à ce qu'affirmait le Premier ministre en juillet dernier, les personnes doublement vaccinées peuvent "attraper la maladie". La vaccination réduit le risque d’être infecté par le Covid-19. Elle protège aussi face aux formes graves de la maladie, mais ne constitue pas une protection parfaite (entre 90 et 95% d'efficacité selon les vaccins les premiers mois après injection).
Le Premier ministre n'était donc jamais à l'abri d'une infection voire d'une forme grave. Plus de personnes vaccinées sont hospitalisées à l'heure de cette cinquième vague que de personnes non-vaccinées, ce qui ne signifie pas pour autant que le vaccin n'est pas efficace.
Avec près de 90% de la population adulte vaccinée, la part des patients vaccinés soignés à l'hôpital augmente mécaniquement. Cependant, à taille de population comparable, il y avait sur la période du 25 au 31 octobre, presque 9 fois plus d'entrées en soins critiques côté non-vaccinés que côté vaccinés.
De plus, près de six mois après sa deuxième injection, reçue le 18 juin, l'immunité vaccinale de Jean Castex a baissé.
• L'inaccessible dose de rappel
Car le gouvernement le martèle depuis le 9 novembre dernier: l'immunité vaccinale baisse au cours du temps. D'où la décision de l'exécutif de circonscrire le pass sanitaire des plus de 65 ans à une dose de rappel six mois après leur seconde injection.
Or, le chef du gouvernement, âgé de 56 ans, n'a pas encore le droit à une troisième dose. Pour la tranche d'âge des 50-64 ans, la dose de rappel sera autorisée à partir du 1er décembre. Le gouvernement pourrait cependant élargir encore le socle des personnes bientôt éligibles. En effet, vendredi dernier, la Haute autorité de santé a recommandé d'injecter cette dose de rappel à partir de 40 ans.
Cependant, pour Jean Castex comme pour beaucoup de Français, la dernière piqûre a moins de six mois. Le chef du gouvernement avait donc reçu sa deuxième injection d'Astrazeneca le 18 juin dernier. Il lui aurait donc fallu attendre jusqu'au 18 décembre pour booster son immunité s'il n'avait pas attrapé le virus. Plusieurs pays, à l'instar de la Belgique et de l'Allemagne, ont décidé de généraliser la troisième dose à toute la population.
• Contaminé par un enfant
Jean Castex a été contaminé par sa fille de 11 ans. Or, dans l'Hexagone, la vaccination n'est ouverte qu'à partir de 12 ans. Alors que, dans le monde, plusieurs pays comme les États-Unis ou Israël ont décidé de vacciner les enfants, la France préfère rester prudente. La présidente de la Haute autorité de Santé (HAS), Dominique Le Guludec, expliquait dimanche sur l'antenne de BFMTV qu'il s'agissait d'une question "très complexe".
"Les enfants ont peu de risques de développer des forces sévères de la maladie" donc "l'intérêt est surtout d'ordre collectif", décryptait la cardiologue. Car si les enfants ne sont que rarement victimes de formes graves du Covid-19, ils peuvent cependant transmettre le virus. La question reste donc posée et l'avis de la Haute autorité de Santé est attendu sur ce sujet.
• L'agressivité du variant Delta
S'il est impossible d'affirmer que le Premier ministre a été victime du variant Delta, il est est cependant logique de le supposer. Car cette mutation du virus, auparavant minoritaire, a été attribuée à 96,8% des tests PCR sur la période du 13 au 19 novembre.
Or, ce variant est de 40 à 60% plus contagieux que le variant Alpha, auparavant plus présent sur le territoire français. Plus inquiétant encore, une étude britannique publiée en août concluait que les personnes infectées par le variant Delta ont deux fois plus de risque d'être hospitalisées pour Covid-19 que celles contaminées par le variant Alpha. Cette proportion d'hospitalisation n'est cependant valide que pour les personnes vaccinées.
• Le non-respect des gestes barrières
Jean Castex est aussi critiqué pour son respect mitigé des gestes barrières. Une vidéo dans laquelle on le voit serrer des mains, sans masque et dans un lieu clos, en marge du Congrès de l'Association des maires de France à la mi-novembre et seulement quelques jours avant sa contamination, crée la polémique sur les réseaux sociaux.
Lavage de main, port du masque, distanciation sociale... Alors que le nombre de cas de Covid-19 ne cesse d'augmenter, l'attention des Français à l'égard de ces consignes s'est relâchée. Une tendance à laquelle, une fois encore, Jean Castex n'a pas échappé.