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Valls, Montebourg, Hamon: le match des meetings à l'approche du vote

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Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Manuel Valls, les trois favoris à la primaire à gauche, donnaient chacun un meeting ce mercredi soir. C'était l'occasion de jauger les forces en présence et les stratégies en vigueur à quelques jours du premier tour du scrutin.

Les candidats de la primaire de la Belle alliance populaire, composée du Parti socialiste et de ses alliés, ont été économes en meetings d'envergure ces dernières semaines. Ce mercredi, cependant, trois d’entre eux ont pris une salle d’assaut avec leurs supporters pour faire entendre leur voix, à la veille d’un dernier débat télévisée et quatre jours avant le premier tour de la primaire.

Manuel Valls, le dernier rempart

Manuel Valls, l’ancien Premier ministre, s’est invité sur scène plus tôt que ses rivaux. A Boisseuil, dans la Haute-Vienne, devant 500 personnes (son entourage en a revendiqué près de mille), il a d’abord choisi de revenir sur l’épisode de la gifle reçue la veille à Lamballe (Côtes-d’Armor) et de se mettre en scène en dernier rempart face à l’extrême-droite:

"Je suis la cible parce que j’ai mené des combats contre l’extrême-droite, contre Dieudonné et Soral, contre tous ceux qui s’attaquent à la République, à nos valeurs, parce que je peux gagner", a-t-il dit, faisant notamment référence aux sympathies politiques du jeune homme qui l’a frappé.

Manuel Valls n’a pas non plus ménagé son rival Benoît Hamon et son revenu universel: "C'est facile de promettre l'impossible lorsqu'on sait au fond de soi que l'on n'en sera jamais comptable".

Benoît Hamon fustige "l'immaturité démocratique"

Benoît Hamon, quant à lui, a investi l’Institut national du judo, à Paris. Son camp a revendiqué la présence de 4.000 personnes. Benoît Hamon a profité de ce succès public pour, notamment, critiqué la tournure de la campagne de l’ex-chef du gouvernement:

"Quand j'ai commencé la campagne on ne parlait que d'identité, sécurité, et il fallait incarner, si possible, dans un costume serré, la question de la fermeté".

Mais, alors que les sondages lui accordent une trajectoire ascendante et lui laissent entrevoir une victoire lors d’un hypothétique second tour contre Manuel Valls, le député des Yvelines n’a pas oublié qu’il devait aussi convaincre de son aptitude à exercer la plus haute fonction de l’Etat. Il a cependant refusé d’adopter une posture gaullienne:

"Rechercher dans un improbable homme providentiel la solution à tous les problèmes de la France est un signe d'immaturité démocratique", a-t-il déclaré. 

Arnaud Montebourg: des appels du pied...et des taquets

Tout un symbole, Arnaud Montebourg avait lui opté pour le gymnase Jean Jaurès, dans le XIXe arrondissement de Paris. Il a d’ailleurs choisi de rendre hommage à de nombreuses figures de l’histoire de la gauche et faire quelques appels du pied:

"Nous pouvons être fiers Léon Blum, Pierre Brossolette, Lucie Aubrac. Nous sommes fiers de Robert Badinter. Nous sommes fiers de François Mitterrand, de la cinquième semaine de congés payés, de Michel Rocard. Je suis fier de Christiane Taubira, du mariage pour tous" s’est-il écrié, glissant au bout de sa liste à la Prévert, juste avant les ouvriers de Florange, le nom de l’ancienne Garde des Sceaux, très aimée d’une partie de l’électorat de gauche. 

L’ex-ministre de l’Economie a délivré un autre message personnel…à destination de Vincent Peillon, cette fois. Il l’a ainsi associé à l’un de ses combats durant les années passées: "Nous avons tous un jour dit non. Par exemple lorsque je me suis attaqué avec Vincent Peillon aux paradis fiscaux."

"Mais Arnaud Montebourg n’était pas uniquement venu se faire des amis. Il a aussi dénoncé ses deux principaux rivaux. Il a retoqué la proposition-phare de Benoît Hamon: "Oui, je préfère le salaire juste au revenu universel." Il a enfin brossé le tableau de son opposition déjà ancienne avec Manuel Valls. Il a utilisé une curieuse image, assurant que Manuel Valls avait voulu "l’attacher au radiateur" quand il avait défendu les ouvriers de Florange.

Trois hommes, trois électorats

Les discours tenus ont différé, les affluences se sont révélées inégales et les auditoires auxquels s’adressent les trois rivaux durant leur campagne ne sont pas non plus les mêmes. "L’électorat de Benoît Hamon est jeune, plutôt urbain, très francilien", a expliqué sur BFMTV, le patron de l'institut de sondages Elabe, Bernard Sananes, dressant le portrait des franges de l’électorat séduites respectivement par ces hommes. Une observation sur benoît Hamon qui rencontre un écho avec ce dernier meeting du parlementaire dans la campagne de la primaire, dans une salle du XIVe arrondissement.

Pour le sondeur, le cœur de cible d’Arnaud Montebourg se situe en revanche "plutôt dans les villes de province" et le programme de l’homme politique est bien reçu "dans les milieux populaires", un électorat "qui ne votera pas forcément" cependant. Manuel Valls, lui, trace son sillon davantage "chez les cadres supérieurs et parmi les personnes plus âgées."

Un sondage de ce même institut Elabe apporte quelques précisions: Manuel Valls demeure le candidat naturel pour une bonne part (40%) des sympathisants ou adhérents du Parti socialiste, tandis qu’Arnaud Montebourg et Benoît voient leurs chances renforcées par la bienveillance de la gauche non-socialiste. La soirée de ce mercredi a mis en relief l'opposition de styles et de profils entre ces trois personnages. Après la primaire, la gageure sera inverse: il faudra alors réduire l'écart avec Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon en embuscade. 

R.V.