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"Une laïcité à géométrie variable": Corbière déplore la mise en berne des drapeaux en France après la mort du pape

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L'ancien insoumis regrette la mise en berne annoncée des drapeaux sur les bâtiments publics français ce samedi 26 avril, jour des obsèques du pape François. Il déplore également la participation d'Emmanuel Macron à cette cérémonie, voyant là une "forme de laïcité à géométrie variable".

Le député Alexis Corbière appelle le sommet de l'État à respecter pleinement la laïcité, principe garanti en France notamment par la loi de séparation des Églises et de l'État, datant de 1905.

L'ex-insoumis - qui siège désormais avec les écologistes à l'Assemblée nationale - se dit en "total désaccord" ce mardi 22 avril avec la décision de Matignon de mettre les drapeaux en berne sur les bâtiments publics ce samedi 26 avril, jour des obsèques du pape François, décédé d'un AVC ce lundi à l'âge de 88 ans.

"Il est normal que le chef de l’État ait rendu hommage dans un communiqué au pape, mais nous n'avons pas à marquer une forme de laïcité à géométrie variable. C'est-à-dire que quand une autorité religieuse meurt, on met des drapeaux en berne, mais on ne va pas le faire pour d’autres cultes", considère cet ancien proche de Jean-Luc Mélenchon dans une interview accordée à France Info.

Ne pas "participer à des cérémonie religieuses"

Si le souverain pontife est également un chef d'État, celui du Vatican, Alexis Corbière appelle à ne pas "tourner autour du pot": "Chaque fois qu'un chef d’État disparaît dans le monde on ne met pas les drapeaux en berne."

L'élu de Seine-Saint-Denis regrette également la participation d'Emmanuel Macron aux obsèques du pape à Rome, cérémonie à laquelle le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, et celui de l'Intérieur, Bruno Retailleau (aussi chargé des cultes), se rendront également.

"La République ne salarie et ne reconnaît aucun culte. Ne pas reconnaître des cultes, ça veut dire précisément qu’elle n’a pas à s’immiscer, à participer à des cérémonies religieuses", souligne-t-il.

Et d'insister: "Cette pratique que nous avons vis-à-vis du pape est nécessairement une pratique à géométrie variable. Car si demain le Daleï Lama s'éteint, évidemment que les drapeaux français ne seront pas en berne. Évidemment que le chef de l'État n'ira pas à la cérémonie d'enterrement qui sera donnée de la même façon vis-à-vis d'une autorité musulmane ou d'une autorité juive."

Invité de BFMTV-RMC, Bruno Retailleau a défendu la mise en berne des drapeaux sur les bâtiments publics: "Je pense que c'est une très bonne chose. L'émotion est mondiale, partout sur la planète, quelles que soient les origines, les croyances, les religions."

"L'État chez lui, l'Église chez elle"

S'il appelle à respecter strictement la laïcité, Alexis Corbière relève que cela ne l'a pas empêché de "saluer (le) parcours" du souverain pontife dans un tweet où il a souligné ses engagements pour "l'accueil des migrants", "l'écologie" et la défense "des populations à Gaza".

En septembre 2023, le parlementaire de Seine-Saint-Denis s'était déjà opposé à la participation d'Emmanuel Macron à la messe donnée par le pape François à Marseille dans le Stade Vélodrome.

Comme lui, d'autres députés du groupe de La France insoumise regrettent la mise en berne des drapeaux sur les bâtiments publics. "Quoi qu'on pense du pape François, la République n'a pas à rendre hommage au chef de l'église catholique. L’État chez lui, l’Église chez elle", écrit Matthias Tavel, quand son collègue Jérôme Legavre fait référence à l'affaire Bétharram: "On savait Bayrou peu regardant pour ce qui concerne l’église mais tout de même..."

Autre réaction, celle du sénateur communiste Pierre Ouzoulias qui rappelle le Premier ministre à ses propos passés: "En 2005, à la mort de Jean-Paul II, le gouvernement avait décrété la mise en berne du drapeau de notre République laïque. Beaucoup d’élus avaient fustigé cette décision, parmi lesquels se trouvait François Bayrou", écrit-il.  

À l'époque président du parti de centre droit UDF, ce dernier estimait que cette décision "ne correspond(ait) pas à la distinction qu'il faut faire entre convictions spirituelles et choix politiques et nationaux".

Baptiste Farge