Un livre accuse Macron d'avoir utilisé l'argent de Bercy pour faire campagne

"Emmanuel Macron a utilisé à lui seul 80% de l'enveloppe annuelle des frais de représentation accordée à son ministère par le Budget". Cette phrase, extraite d'un livre à paraître ce mercredi et publiée dans la presse, pourrait embarrasser le candidat à la présidentielle. Emmanuel Macron est depuis accusé par plusieurs députés d'avoir utilisé les fonds de Bercy, alors qu'il était ministre de l'Economie, pour lancer son mouvement "En Marche!" et préparer sa campagne.
Dans l'enfer de Bercy, écrit par les deux journalistes Marion L'Hour et Frédéric Says, rapporte en effet qu'en 2016, en huit mois seulement, avant sa démission, le ministre de l'époque a épuisé la quasi totalité des frais de représentation, dont les frais de bouches, alloués par le ministère.
"Ce qu'on montre dans le livre, c'est qu'Emmanuel Macron en huit mois de l'année 2016 a dépensé 80%" des 150.000 euros "de l'enveloppe de ce qu'on appelle les frais de représentation", explique sur BFMTV Frédéric Says, co-auteur du livre "Dans l'enfer de Bercy".
"Sur ces déjeuners et dîners, Emmanuel Macron a rencontré évidemment des gens en rapport avec le ministère de l'Economie mais aussi des gens qui n'avaient rien à voir avec tout cela: des philosophes, des sondeurs, des artistes, y compris des responsables religieux dans le cadre privé", poursuit-il.
"Quand il a fait ses déplacements ministériels pour la French Tech à Londres, ces 'start-uper' français installés à Londres. Quelques semaines après, son mouvement les a recontactés un par un pour leur dire ce serait bien de verser quelques oboles au mouvement En Marche!", rapporte-t-il.
La Haute autorité pour la transparence va être saisie
D'après les sources citées par le livre, Emmanuel Macron multipliait les dîners et autres rencontres avec des personnalités ou des anonymes "qui n'avaient pas grand-chose à voir avec les attributions officielles du ministre, économie, industrie et numérique". En réponse à ces révélations, les chefs de files des députés Les Républicains et UDI, Christian Jacob et Philippe Vigier, ont dénoncé mardi le "mensonge" et "l'imposture" d'Emmanuel Macron.
Lors d'une conférence de presse, Philippe Vigier, qui est également porte-parole de François Fillon, a annoncé qu'il allait demander une "clarification" au candidat à la présidentielle sur l'utilisation de ces frais.
"Il y a des choses importantes qu'on a apprises hier (lundi), notamment au niveau des frais de bouche, puisque 120.000 euros des crédits du ministre à Bercy (ont été utilisés) pour des agapes En marche!, pour réunir tel ou tel, pour préparer sa campagne présidentielle", a fait valoir l'élu d'Eure-et-Loir. "Franchement, celui qui nous expliquait dans une déclaration, que pas un seul euro d'argent public serait utilisé pour sa campagne, manifestement, c'est un mensonge", a-t-il ajouté.
Macron menace de porter plainte
Philippe Vigier a aussi estimé que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique pourrait apporter des éléments à ce sujet et a annoncé sur Twitter qu'elle allait être saisie. Interrogé lui aussi sur ces accusations, Christian Jacob n'a pas été plus tendre.
"Celui qui se prétend aujourd'hui l'ami des grands patrons et des grands médias, qui était le conseiller aux affaires économiques de François Hollande au moment où il a imaginé la taxation à 75%, celui qui méprise le peuple, qui a parlé d'ouvrières illettrées, de gens du Nord pratiquement alcooliques ou des autocars pour les pauvres, c'est révélateur. C'est une imposture", a-t-il martelé.
D'après les informations de BFMTV, Emmanuel Macron menacerait de porter plainte pour diffamation contre les élus qui relaient ces accusations, en particulier sur les réseaux sociaux.