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Remaniement, accord de gouvernement... Macron de retour à l'Élysée avec un agenda musclé

Emmanuel Macron à portée de requins dans l'Oceanarium de Lisbonne en marge de la conférence sur les océans.

Emmanuel Macron à portée de requins dans l'Oceanarium de Lisbonne en marge de la conférence sur les océans. - Ludovic MARIN / AFP

Aspiré pendant une semaine par un agenda international chargé, le chef de l'État rentre en France où des dossiers brûlants l'attendent.

Bruxelles, Otan, G7... Le marathon diplomatique s'achève enfin. Dernière image de cette semaine internationale -marquée notamment par une séquence loufoque où le chef de l'État français en chemise interpelle d'un "Joe!" le président des États-Unis pendant le G7: Emmanuel Macron à quelques centimètres d'un gigantesque requin à l'Oceanarium de Lisbonne en marge de la conférence sur les océans.

Une photo prémonitoire des dossiers dangereux qui l'attendent dès son retour en France? En haut de la pile branlante: le remaniement, juste au-dessus de la majorité d'action à l'Assemblée.

Le week-end s'annonce d'ores et déjà studieux et le calendrier de ces prochains jours, au pas de charge. Alors qu'il reçoit dès ce vendredi le Premier ministre australien, Anthony Albanese.

"Les téléphones vont chauffer", résume un conseiller à nos collègues du Parisien.

Quatre ministres à remplacer

Car le gouvernement a déjà besoin d'une rustine. Entre les ministres défaits aux législatives et ceux qui font désordre, l'équipe douloureusement mise en place le 20 mai doit déjà être remaniée.

Amélie de Montchalin à la transition écologique, Brigitte Bourguignon à la Santé et Justine Bénin, secrétaire d'État à la mer quitteront sous peu leurs fonctions, selon la règle que s'est fixée le gouvernement de ne pas maintenir les perdants aux élections législatives.

Matignon devra en plus trouver un nouveau candidat pour les Outre-Mers, après l'élection de Yaël Braun-Pivet à la tête de l'Assemblée nationale. Le chef de l'État et sa Première ministre auront à ménager la défiance des élus ultra-marins en besoin d'attention depuis l'annonce du départ de celle qui aura eu le mandat le plus court de l'Histoire à l'hôtel de Montmorin.

Enfin, l'Élysée devra statuer sur le sort de deux cas problématiques: Damien Abad et Chrysoula Zacharopoulou. Le premier, au ministère des Solidarités et de l'Autonomie, est visé par une enquête pour tentative de viol et est accusé de violences sexuelles par trois femmes différentes. La seconde, au secrétariat en charge du Développement et de la Francophonie est visée par deux plaintes pour viol dans le cadre de sa pratique médicale en gynécologie et une plainte pour violences sans incapacité de travail.

"Le remaniement pourrait être l'occasion d'évacuer de manière propre", commentait ce jeudi Benjamin Duhamel du service politique de BFMTV.

Mais face à une Élisabeth Borne, pressée par l'opposition, qui pense que la situation n'est pas tenable, Emmanuel Macron "craint de créer un précédent" en éjectant des ministres non condamnés.

Retour sur Borne

Comment remplacer six personnes tout en respectant la parité et les forces politiques en présence? Cet exercice d'équilibriste devra être achevé pour mardi. Mais avant ça, le chef de l'État va s'entretenir avec sa Première ministre pour faire le point sur ses rencontres avec les différents groupes d'opposition.

Pendant qu'Emmanuel Macron convolait à l'international, Élisabeth Borne s'est en effet astreinte à appeler d'abord puis à rencontrer ensuite tous les chefs de parti. Objectif: identifier les accords et les compromis possibles pour trouver une action de gouvernement autour de la majorité relative obenue à l'Assemblée.

Sans quoi, les textes législatifs à venir cet été (projet de loi de finances rectificative pour 2022, pouvoir d'achat, prolongation des mesures sanitaires) pourraient se retrouver bloquées dans l'hémicycle. Certains, comme le chef de file des députés Républicains, Olivier Marleix, ont déjà fait part de leur refus de coopérer.

"Il n'est pas question de quelque coalition que ce soit", a-t-il affirmé à la sortie de son échange avec la Première ministre.

Tandis que commentateurs et opposition constatent et fustigent un flottement de l'appareil qui semble agir en apesanteur depuis son élection, Emmanuel Macron défendait hier à Madrid le rythme choisi.

"Il est urgent d’agir, mais il est normal que l’action prenne compte des choix de nos compatriotes", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet de l'Otan.

Question de confiance

Le temps, le Palais essaie d'en gagner dans les jours qui viennent. Initialement prévue ce mardi, la déclaration de politique générale d'Élisabeth Borne devant l'Assemblée nationale aura finalement lieu mercredi 6 juillet.

Pour l'heure, la Première ministre ne sait toujours pas si elle se soumettra au vote de confiance des députés. Non obligatoire, l'exercice est toutefois vivement réclamé par l'opposition qui aura du grain à moudre si la députée validée dans le Calvados ne s'y plie pas.

La France insoumise, en la personne du nouvellement élu président de la commission des Finances, Éric Coquerel, a déjà annoncé qu'elle déposerait ce jour-là une motion de censure.

Hortense de Montalivet