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Parti socialiste

Martine Aubry fait la leçon à Myriam El Khomri

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La maire de Lille a dénoncé "les dangers de ce texte, même pour les entreprises" et appelé de ses voeux "un projet moderne", rejetant, sans les citer, "les vieilles recettes qui ne marchent jamais".

Comme prévu, la maire de Lille, Martine Aubry, et ses proches, très hostiles au projet de loi sur le Code du Travail, ont présenté lundi soir "beaucoup de propositions" devant le Bureau national du PS en présence de la ministre du Travail Myriam El Khomri. Une fois les débats commencés, elle a dénoncé "les dangers de ce texte, même pour les entreprises". Martine Aubry a appelé de ses voeux "un projet moderne" et rejeté "les vieilles recettes qui ne marchent jamais".

Si la maire de Lille ne demande pas pour l'heure le retrait totale du texte, elle a insisté sur la volonté d'y apporter "beaucoup" de modifications. "Il y a beaucoup, beaucoup de choses à modifier, on ne peut pas se contenter de trois petites modifications", a détaillé Martine Aubry à la sortie du Bureau national du Parti socialiste.

"Ce soir, il y a un parti qui veut améliorer les choses dans sa grande majorité, même s'il y a toujours des camarades qui estiment que pour faire mieux, il faudrait retirer le texte. Mais tout le monde est pour l'amélioration" du projet de loi, s'est félicité le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, en rendant compte devant la presse des débats lors de la réunion

"Travail parlementaire"

Au terme de près de quatre heures de discussions, Martine Aubry a demandé "qu'on se donne encore un peu de temps", notamment sur le travail parlementaire. "Que nous retravaillions pour faire que ce projet de loi soit un vrai projet moderne qui, à la fois, améliore la compétitivité des entreprises et crée de nouvelles protections pour les salariés", ce qui était "l'idée initiale", a demandé celle qui a récemment publié une tribune au vitriol contre le gouvernement.

N'ayant pas caché son hostilité au texte défendu par la ministre du Travail, dans la matinée, elle avait rencontré, dans le plus grand secret le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Au menu la loi El Khomri mais aussi le départ annoncé de ses proches de la direction du PS. Ce dernier point serait en fait en négociation entre les différents camps. 

"L'ubérisation de la société"

"On est dans un parti démocratique et comme on a beaucoup de propositions à faire, on va les faire", afin d'"améliorer à la fois la compétitivité des entreprises et créer une nouvelle protection pour les salariés", avait-elle déjà déclaré à la presse, en arrivant rue de Solférino, le siège du PS.

"Il faut changer un certain nombre de choses comme (...) améliorer la qualification des salariés. Ce sont de bons moyens d'améliorer la compétitivité des entreprises", a détaillé l'ancienne Première secrétaire et ancienne ministre du Travail, en évoquant également des propositions au sujet de "l'ubérisation de la société, les nouvelles technologies".

"Nous sommes constructifs, mais cela passe d'abord par le retrait de ce texte"

Christian Paul, un des porte-voix de l'aile gauche du Parti socialiste, a dit souhaiter "le retrait (du texte) pour une réécriture complète". "Nous ne voulons pas faire de l'obstruction. Nous sommes constructifs, mais cela passe d'abord par le retrait de ce texte", avait lui appuyé ce député de la Nièvre. "On ne peut pas en deux semaines réécrire un texte si on veut lui donner de l'ambition. Il faut le purger de ce qu'il a de toxique", a poursuivi Christian Paul, soulignant que "le PS a travaillé sur la sécurité sociale professionnelle, pas sur un compte personnel d'activité au rabais" comme cela est prévu selon lui actuellement.

"Il faut remettre l'ouvrage sur le métier", a aussi insisté le député européen Emmanuel Maurel, également membre de l'aile gauche. "Je connais d'avance la stratégie du Premier secrétaire (Jean-Christophe Cambadélis) et de certains socialistes qui consiste à dire 'on a balancé des horreurs. Maintenant, on va faire quelques reculs et on aboutira à un compromis acceptable pour tout le monde'. Et on dira, 'c'est mieux que si c'était pire'. On ne peut pas fonctionner comme cela", a-t-il pointé.

S.A. avec Thomas Soulié et AFP