UMP: Nicolas Sarkozy, un président très discret

Nicolas Sarkozy lors du conseil national de l'UMP samedi 7 février à Paris - Alain Jocard - AFP
Moins de 80 jours après son élection à la présidence de l’UMP le 29 novembre 2014, Nicolas Sarkozy a peut-être fait le tour du monde pour donner des conférences, comme récemment à Abou Dhabi, mais il n’a pas fait le tour des médias. Deux 20 heures, l’un sur TF1, l’autre sur France 2, une matinale sur RTL plus une poignée de post-Facebook déclassent le mythe de l’hyperprésident (de la République) qu’il fut entre 2007 et 2012. Nicolas Sarkozy consulte en coulisses et réserve la primeur de ses interventions aux élus de sa famille politique.
Son silence se fait assourdissant quand ses proches, comme Brice Hortefeux, ne montent pas créneau pour lui. Y compris lorsque tout le monde attend ses paroles, comme lors de la législative partielle dans le Doubs lors au duel PS-FN. Alors que les cadres de l'UMP s'exprimaient à tour de rôle, affichant parfois leurs divergences, Nicolas Sarkozy s'obstinait dans le silence avant d'être contraint à sortir du bois, pressé par sa famille politique. Il a d’ailleurs été chahuté jusque par ses fidèles comme Patrick Balkany avant que le bureau politique ne vote contre la position qu’il défendait. Aurait-il dû parler plus tôt? Pas certain tant les conclusions de ses précédentes prises de parole conduit au constat du "retour raté".
Des prestations radios et télé où il est en difficulté
Le 12 janvier dernier sur RTL il était question d’unité nationale post-Charlie Hebdo. Impossible donc de critiquer François Hollande et Manuel Valls, d'autant plus que Nicolas Sarkozy se voit contraint de justifier son attitude lors de la marche du 11 janvier pour avoir cherché à apparaître au premier rang de la photo.
Rebelote le 22 janvier dernier sur France 2: il s'agissait alors d'apporter sa participation à la lutte contre le terrorisme. Problème, en proposant notamment le retour des heures supplémentaires dans la police dix jours plus tard, Nicolas Sarkozy s’était vu opposer, chiffres à l'appui, une fin de non-recevoir.
Sur Facebook lorsque l’ex-président de la République poste une photo de sa rencontre avec Angela Merkel pour afficher leur relation toujours vive, la visite a lieu en réalité en catimini au siège de la CDU, le parti de la chancelière. Et c'est un Sarkozy furieux de se voir traité avec si peu d'égards qui est dépeint dans la presse. Résultat: sauf le 30 novembre sur TF1, alors qu'il venait tout juste d’être élu et prônait déjà le rassemblement de son camp, Nicolas Sarkozy subit plus qu'il ne propose et encaisse les critiques.
"A Nicolas Sarkozy de gérer sa communication"
Pour entretenir son statut de "héros de la droite" (Le Monde), il poste sur le réseau social un message aux "fans" comme à l’occasion de Noël ou de la nouvelle année. "Tout ce que je fais en ce moment, depuis que je suis à la tête de l'UMP, c'est réfléchi ", a tenu à éclaircir Nicolas Sarkozy rapporte le JDD, comme s’il était temps de rassurer sur une stratégie illisible, vue parfois comme un aveu de faiblesse. Preuve aussi qu'il bout... en silence.
"A Nicolas Sarkozy de gérer sa communication", évacue auprès de BFMTV l’entourage de Bruno Le Maire, second l’élection pour la tête de l’UMP fin 2014. "Le président travaille à l’unité du parti et les militants ne nous pardonneraient pas" de nous écharper. Contactés, les autres poids lourds du parti ne s’étendent pas plus sur un domaine qui était le point fort de leur champion entre 2004 et 2012.
Sarkozy, le "paratonnerre" de L'UMP
Mais nombreux sont les élus – de Bruno Le Maire à Gérard Larcher en passant par NKM - qui réclament en urgence l'élaboration d'un projet qui permettrait à l'UMP de combattre le FN ou d’opposer des idées PS. On est loin du gouvernement de l’ombre envisagé durant la campagne pour remporter la bataille des mots. Or la diversité des courants est un frein au rassemblement.