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OQTF "enfermés" à Saint-Pierre-et-Miquelon: malgré le tollé, Laurent Wauquiez "signe et persiste"

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Le chef des députés de la Droite Républicaine défend sa proposition d'"enfermer" dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes les plus dangereuses soumises à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une mesure qui a provoqué un tollé au sein de la classe politique.

Tant pis si sa sortie lui vaut l'indignation d'une bonne partie de la classe politique. Laurent Wauquiez "signe et persiste" ce mercredi 9 avril sur X, après avoir proposé d'"enfermer" dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon "les étrangers dangereux" soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

"Contrairement au monde politique qui passe son temps à se lamenter de sa propre impuissance devant les Français je fais une proposition, dure, radicale, je l’admets, mais qui résout le problème de ces OQTF", se défend le patron des députés Les Républicains, actuellement en campagne pour prendre la tête du parti contre le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

Déplorant que la rétention administrative pour les étrangers dangereux sous OQTF soit limitée à 90 jours - sauf en cas d'infraction terroriste - Laurent Wauquiez souhaite leur mettre la pression pour qu'ils acceptent de repartir dans leur pays.

Une "mesure d'efficacité"

"Ils auraient une seule alternative: soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux", a-t-il expliqué ce mardi dans une interview à JD News, en arguant que ces personnes seraient bloquées à la douane si elles revenaient dans l'Hexagone, car ce territoire d'Outre-mer situé au large du Canada ne fait pas partie de l'espace Schengen.

L'entourage de Laurent Wauquiez assure à BFMTV que cette proposition n'est pas "sortie de nulle part" mais "repose sur une analyse de ce qui a été fait aux Pays-Bas qui envoie les OQTF dans le nord du pays ou l’Australie."

L'élu "parie sur un vrai effet dissuasif" et "assume pleinement qu'il ne faut pas se contenter de petites mesurettes", toujours selon son entourage.

"C’est une mesure d’efficacité, immédiatement applicable car il n’y a pas besoin de changer le droit", précise-t-on.

Cette mesure "incarne la parole libre" de Laurent Wauquiez, vante aussi l'entourage du député, face à son adversaire pour prendre la tête de LR, Bruno Retailleau, qui est "un tigre de papier, il est en train de s'éteindre".

"Ce n'est pas les Bahamas!"

Sa réaction a entraîné de nombreuses réprobations, à commencer par celle du député LIOT de Saint-Pierre-et-Miquelon. En colère, Stéphane Lenormand a rétorqué que l'archipel n'était "pas la poubelle de la France".

"Cela n’a gêné personne quand Gérald Darmanin a annoncé qu’on allait mettre les narcotrafiquants les plus dangereux à Vendin-le-Veil dans le Pas-de-Calais ni quand on a ouvert un centre de rétention à La Réunion. Et puis on ne va pas se mentir: Saint-Pierre-et-Miquelon ce n'est pas les Bahamas!", estime l'entourage du chef des députés LR.

D'autres critiques ont fusé, de la gauche jusqu'à la leader d'extrême droite Marine Le Pen, en passant par le ministre des Outre-mer Manuel Valls. Ce dernier a notamment écrit que "Saint-Pierre-et-Miquelon, c'est la France - pas une prison ou un centre de rétention" et que "l'exil forcé, c'est une méthode de colon, pas d'élu de la République".

L'intéressé rend les coups. Il qualifie ce dernier, ainsi que la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier - qui a dénoncé "les ravages du Wauquisme" - de "marquis de la bien-pensance", avant de les interpeller: "Quelle autre proposition avez-vous pour protéger les Français? Aucune."

Baptiste Farge, Guillaume Daret