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"Les ravages du Wauquisme": tollé à gauche après la proposition de Wauquiez sur les OQTF "enfermés" à Saint-Pierre-et-Miquelon

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En proposant d'"enfermer" les personnes les plus dangereuses sous OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon, Laurent Wauquiez a provoqué une indignation générale dans la classe politique. La gauche s'attarde sur une "droite française" qui a "perdu sa boussole".

"Que va-t-il rester à l'extrême droite?". Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, pose la question ce mardi 8 avril sur X, en réaction à la proposition du chef des députés LR, Laurent Wauquiez, d'"enfermer" dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon les "étrangers dangereux" soumis à des obligations de quitter le territoire français (OQTF).

Si cette mesure, affichée en Une du JDNews, a suscité un tollé d'une grande partie de la classe politique, l'interrogation soulevée par Olivier Faure résume bien le sentiment régnant à gauche. Laquelle juge, à l'image du chef des sénateurs socialistes Patrick Kanner, que "la droite française a perdu sa boussole" et tend vers son extrême.

Wauquiez "finira dans les poubelles de l'Histoire"

"La pression idéologique de l'extrême droite rend ces gens totalement fous", s'indigne ainsi l'ancien insoumis Alexis Corbière, jugeant que "la droite française réinvente le bagne, abolit en 1938." Tandis que Léon Deffontaines, porte-parole du Parti communiste français, estime que "Laurent Wauquiez n'a de républicain que le nom de son parti" et "finira dans les poubelles de l'Histoire".

"Pitoyable", réagit également la députée socialiste Dieynaba Diop, voyant là "un énième élan de provocation" de l'ancien patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes afin de "doubler son coucurrent" pour la présidence de LR, Bruno Retailleau, "sur sa droite extrême", alors que le ministre de l'Intérieur s'avance en favori pour cette élection interne.

Secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier se contente d'un message lapidaire: "Les ravages du Wauquisme", écrit-elle sur X.

Déplorant que la rétention administrative pour les étrangers dangereux sous OQTF soit limitée à 90 jours - sauf en cas d'infraction terroriste - Laurent Wauquiez souhaite leur mettre la pression pour qu'ils acceptent de repartir dans leur pays.

"Ils auraient une seule alternative: soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux", dit-il au JD News, en arguant que ces personnes seraient bloquées à la douane si elles revenaient dans l'Hexagone, car ce territoire d'Outre-mer situé au large du Canada ne fait pas partie de l'espace Schengen.  

Au micro de CNews, il a ensuite dit compter sur "l'effet dissuasif" du climat de cet archipel français situé à quelque 4.000 kilomètres de la métropole et qui compte un peu moins de 6.000 habitants, pour les inciter à repartir vers leur pays d'origine.

Indignation générale

Au-delà de la seule gauche, cette proposition a suscité un tollé général. "Saint-Pierre-et-Miquelon, c'est la France - pas une prison ou un centre de rétention", a répondu le ministre des Outre Mer Manuel Valls, ajoutant que "l'exil forcé, c'est une méthode de colon, pas d'élu de la République". Plusieurs élus du camp présidentiel ont également réagi.

Député de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Lenormand (Liot) s'est quant à lui dit en "colère" sur la chaîne Twitch d'Hugo Couturier, lâchant: "On n'est pas la poubelle de la France, ça ne peut pas être une solution".

Une réprobation partagée à l'extrême droite où Marine Le Pen écrit sur X: "La place des OQTF, c’est dans leur pays… sûrement pas dans un territoire français. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens!"

Baptiste Farge