Dominique de Villepin a "du mal à faire la différence" entre Marine Le Pen et Bruno Retailleau

Dominique de Villepin à Paris le 30 septembre 2019 - Martin BUREAU / AFP
Un jugement sévère. 36 heures après la très large victoire de Bruno Retailleau à la tête des Républicains, l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, tance le ministre de l'Intérieur.
"L'évolution de ce parti politique", "c'est une droite réactionnaire, ultra-conservatrice, identitaire qui fait la course avec le Rassemblement national", tance l'ancien locataire de Matignon ce mardi 20 mai sur France info, dénonçant "une dérive tragique".
"Du mal à faire la différence avec ce que dit le RN"
Depuis des mois, Dominique de Villepin et le désormais nouveau président des LR croisent le fer. L'ancien ministre des Affaires a dénoncé à plusieurs reprises une "surenchère" et "une forme d'amateurisme" du locataire de la place Beauvau dans ses propos sur l'Algérie.
"Quand j'entends Bruno Retailleau sur bon nombre de sujets, j'ai du mal à faire la différence avec ce que dit le RN", critique encore Dominique de Villepin, s'inquiétant d'un "certain nombre de digues en train de disparaître".
"L'État de droit ni intangible ni sacré" sur l'immigration, "la régression vers les origines ethniques", "les Français de papier", "les belles heures" de la colonisation... À Beauvau comme au Sénat dont il a longtemps dirigé le groupe LR, le sexagénaire se pose en pourfendeur d'une société multiculturelle, très loin de l'ancien Premier ministre qui défend lui "une société ouverte".
Retailleau insensible aux critiques
Jusqu'ici, Bruno Retailleau a toujours fait le dos rond face aux critiques de celui qui reste auréolé par son discours devant les Nations unies en 2003 contre une intervention militaire en Irak.
"Les critiques de Monsieur de Villepin, je m'en fiche comme de ma première chemise", lui avait par exemple répondu Bruno Retailleau en février dernier.
Depuis des mois, l'ancien locataire de Matignon capitalise pourtant sur son retour en grâce dans les sondages. Se positionnant comme le défenseur d'une ligne d'équilibre sur le conflit entre Israël et le Hamas, défenseur du dialogue avec l'Algérie, là où Bruno Retailleau plaide pour le bras de fer, l'ancien chef du gouvernement n'a plus grand-chose à voir avec les positionnements de la droite sur les sujets internationaux.
Quant à sa ligne économique, Dominique de Villepin s'est jusqu'ici bien gardé de la clarifier, lui qui avait abîmé Jacques Chirac en lançant en 2005 quand il était en poste à Matignon le CPE, le contrat première embauche, pour lutter contre le chômage de masse des jeunes. La mesure qui entraîne d'immenses manifestations de jeunesse poussera même le président, lâché par ses propres troupes, à reculer.
Mauvais souvenirs à droite
Autant dire que dans le camp des LR, on a plutôt gardé de mauvais souvenirs de Dominique de Villepin qui a pris ses distances avec la vie politique dès 2007 et son départ de Matignon.
L'ex-Premier ministre peut-il vraiment être un caillou dans la chaussure de Bruno Retailleau qui a mis prudemment le cap sur 2027 après sa victoire dimanche soir? Rien n'est moins sûr alors que c'est à gauche désormais qu'on regarde avec bienveillance Dominique de Villepin.
Dans le camp de la droite, pas grand-monde n'a non plus oublié le fiasco de sa précédente tentative pour la présidentielle de 2012. Après avoir annoncé sa candidature, Dominique de Villepin avait jeté l'éponge, faute de récolter les 500 parrainages nécessaires.