Budget de la Défense: quand Fillon recadrait le général de Villiers

Pendant la campagne présidentielle, François Fillon recadrait déjà le général de Villiers. - Charly Triballeau - AFP
Après la démission du chef d'état major des armées, Pierre de Villiers, la classe politique, dans un rare élan d'unanimité, s'accorde pour regretter ce départ et pointer la responsabilité d'Emmanuel Macron. La droite n'est pas en reste, de nombreux ténors des Républicains soulignent ce mercredi le "courage", "l'honneur", ou encore la "droiture" du général, ainsi que sa prise de parole. Des mots qui témoignent d'une légère amnésie à droite, puisqu'il y a quelques mois, François Fillon lui-même s'était opposé au général de Villiers sur le thème du budget de la Défense.
Sur Twitter ce mercredi, le député des Alpes-maritimes Eric Ciotti, celui de l'Yonne, Guillaume Larrivé, le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, le député Sébastien Huyghe et le sénateur Philippe Dallier ont notamment réagi à l'annonce de ce départ.
Retailleau salue le "message d'alerte" de de Villiers
Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a quant à lui publié une tribune dans Le Figaro, dans laquelle il dénonce les choix budgétaires du gouvernement et salue surtout le "message réaliste, le message d'alerte" du général de Villiers.
"Ses mots étaient ceux d'un soldat discipliné mais franc confronté à la réalité de ses troupes. Le devoir de réserve n'est pas le devoir de tricher devant les parlementaires. Si le chef d'état-major des armées estime qu'il existe un problème, il est de son droit de l'expliciter devant les représentants de la nation. Le contraire serait inquiétant pour notre démocratie et en contradiction avec le souhait affiché de renforcer le pouvoir de contrôle du parlement", écrit-il.
Cette prise de position de l'ancien bras droit de François Fillon s'oppose diamétralement aux propos tenus au mois de mars par le candidat malheureux à la présidentielle. Tout était parti d'une tribune publiée dans Les Echos par le général de Villiers. Il a été le chef du cabinet militaire de François Fillon à Matignon, et les deux hommes s'apprécient. Ce qui n'a pas empêché le militaire de sortir de sa réserve habituelle pour tirer "le signal d'alarme" sur le budget accordé à la Défense.
"L'accélération du tempo des engagements et la multiplication des crises le mettent sous extrême tension et l'usent", écrivait-il.
Le tacle sans ambiguïté de Fillon
Dans ce texte, le général de Villiers saluait aussi le "volontarisme de Jean-Yves Le Drian", l'ancien ministre de la Défense, et la sanctuarisation du budget de ce ministère sous le quinquennat de François Hollande. Surtout, il réclamait un effort supplémentaire, pour rejoindre "la cible de 2% du PIB avant la fin du prochain quinquennat", soit une augmentation d'environ 4 milliards.
A l'époque, François Fillon, en campagne, proposait d'atteindre 1,9% en 2022, repoussant l'objectif des 2% au quinquennat suivant. Et à en croire son entourage à l'époque, la publication de cette tribune dans Les Echos lui avait fortement déplu. La réponse ne s'était d'ailleurs pas fait attendre.
"Le chef d’état-major des Armées a parfaitement le droit d’exprimer ce qu’il estime être les besoins de nos forces pour les prochaines années, même s’il a depuis revu son estimation (...). J’observe cependant que le gouvernement actuel, qui partira en laissant une ardoise de plusieurs milliards d’euros, reçoit au global assez peu de critiques sur sa gestion qui en encourt pourtant plusieurs", estimait François Fillon dans un entretien à la Revue Défense nationale rapporté par L'Opinion, retournant les critiques vers le gouvernement.