Avec le triumvirat, l'UMP sauve les meubles sans résoudre ses problèmes

Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin à la sortie du bureau politique de l'UMP, mardi 10 juin. - -
Une solution provisoire, mais qui ne règle pas vraiment la crise. Destabilisée par le scandale de l'affaire Bygmalion, l'UMP, a amorcé une sortie de crise mardi, avec la désignation à l'unanimité de son bureau politique d'une direction provisoire jusqu'à l'élection d'un nouveau président, d'ici novembre.
Le triumvirat formé par les anciens Premiers ministres Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé et François Fillon dans la foulée de la démission forcée de Jean-François Copé, le 27 mai dernier, prend officiellement les rênes du parti jusqu'à l'automne, avec Luc Chatel comme secrétaire général en charge d'"administrer le parti au nom et avec" cette troïka.
"L'UMP est sauvée"
"Seule une décision unanime nous permet de repartir de l'avant", a affirmé Alain Juppé à l'issue du bureau politique. "Une direction collégiale, un mandat clair, à l'unanimité: belle soirée pour l'UMP!", a tweeté François Fillon.
Une direction collégiale, un mandat clair, à l'unanimité: belle soirée pour l'UMP! http://t.co/L3S8IrPqjX @AlainJuppe @jpraffarin @LucChatel
— François Fillon (@FrancoisFillon) 10 Juin 2014
"L'UMP est sauvée", veut croire Jean-Pierre Raffarin. Pour Jean-François Copé, "la formule" trouvée est celle de "la sagesse". Finalement, le bureau politique, qui s'annonçait à haut risque et auquel a participé, de manière exceptionnelle, l'ancien Premier ministre Edouard Balladur, semble avoir remis d'aplomb un parti, fondé en 2002 et profondément meurtri par ses deux défaites (présidentielle et législatives) et la guerre Copé/Fillon en 2012, puis dépassé par le Front national aux européennes, enfin au bord de l'explosion avec l'affaire Bygmalion.
Proposition de résolution
Le consensus s'est fait autour d'une "proposition de résolution" de la part du trio. Juppéistes et fillonistes tenaient à ce que le triumvirat assure l'intérim du pouvoir, sarkozystes et copéistes, arguant des statuts de l'UMP, voulaient que Luc Chatel soit nommé président par intérim.
Ce sont finalement les premiers qui ont réussi à faire valoir leurs arguments. Selon l'entourage de François Fillon, "le mandat du trio" lui donne notamment "le pouvoir de prendre et de soumettre au BP les décisions administratives et financières urgentes, rendues nécessaires par la situation du mouvement". Ceci après une "évaluation initiale" de la situation, c'est-à-dire "un audit de la situation financière de l'UMP".
Autres points de la résolution adoptée à l'unanimité: fixer le calendrier des autres élections internes, publier "dans les 15 jours" les investitures pour les sénatoriales de septembre, "créer les conditions pour que la Haute autorité puisse organiser le congrès dans de bonnes conditions".
Un avenir en pointillés
Mais si les forces en présence sont tombées d'accord sur une solution provisoire, l'avenir du parti s'écrit toujours en pointillés. "Toutes les questions ne sont pas réglées, loin de là", souligne sur BFMTV Guillaume Tabard, éditorialiste politique au Figaro. Il y en a beaucoup: sur la date du congrès, sur le choix des personnes pour faire tourner la boutique administrative de l'UMP. Un certain nombre de contentieux financiers restent aussi en suspens.
Par ailleurs, la préparation du congrès se fera dans l'ombre de la justice, qui plane sur l'affaire Bygmalion. L'UMP marche donc sur un fil, d'autant que les différentes familles au sein du parti sont divisées sur la conduite à tenir pour l'échance de 2017. "Il est évident que si Nicolas Sarkozy décide de prendre le parti, il voudra s'en servir pour préparer sa candidature en 2017. Mais un certain nombre de leaders naturels de l'UMP ne souhaitent pas que le président du parti soit candidat", rappelle Laurent Neumann, éditorialiste politique de BFMTV.