Le gouvernement Lecornu II peut être renversé dès cette semaine

Sébastien Lecornu, entre dans l'hémicycle, séance de questions au gouvernement français QAG avec les députés présents dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à Paris, France, le 14 mai 2025. - Amaury Cornu / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Cette fois, le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu va bien durer plus de 14 heures. Une nouvelle équipe gouvernementale annoncée tard dans la soirée du dimanche 12 octobre qui s'avère déjà très menacée.
À la fois technique et politique, le gouvernement Lecornu II intègre des personnalités de la société civile, telles que Laurent Nuñez à l'Intérieur ou Jean-Pierre Farandou au Travail; mais aussi des poids lourds reconduits, à l'image de Gérald Darmanin à la Justice ou de Rachida Dati à la Culture.
Décrit comme plus technique et moins politique donc, ce nouveau gouvernement est loin de faire l'unanimité. Le Rassemblement national et La France insoumise ont d'ailleurs annoncé avoir déposé une motion de censure ce lundi 13 octobre au matin. Elles devraient être étudiées cette semaine, à priori ce jeudi.
"Un conseil aux nouveaux arrivants, ne déballez pas trop vite vos cartons. La censure arrive", a notamment écrit Mathilde Panot, présidente des députés LFI à l'Assemblée nationale, sur le réseau social X. Une censure insoumise que votera le RN, comme l'a affirmé le président du parti Jordan Bardella.
"On espère que ce gouvernement fera sa valise très vite et que la macronie comprendra enfin que les Français ne veulent plus d'eux", a de son côté réagi le parti à la flamme par la voix de son porte-parole Laurent Jacobelli, invité de RMC ce lundi 13 octobre au matin.
Le clan Bardella-Le Pen réclame toujours des législatives anticipées, pour que les Français puissent de nouveau "s'exprimer" par les urnes, espérant renforcer son poids à l'Assemblée. Pour Maud Bregeon, "la censure est l'autoroute vers la dissolution", commentait tôt dans la journée la porte-parole du gouvernement sur les ondes de RTL.
Un avenir dans les mains du PS
Les deux extrêmes de l'échiquier politique que sont le RN et LFI n'auront donc pas attendu la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu, prévue ce mardi 14 octobre après-midi, avant d'annoncer leur volonté de censurer ce nouveau gouvernement. Mais à elles seules, ces deux forces politiques ne détiennent pas suffisamment de sièges à l'Assemblée nationale pour déterminer le sort du gouvernement.
Chez les socialistes et les écologistes, l'heure est à l'attente. "No comment...", a partagé un Olivier Faure énigmatique sur X, dimanche soir. Même déclaration ou presque chez Marine Tondelier.
"Je ne commenterai pas ce soir. Tout le monde a compris ce que j'en pense", a écrit la secrétaire nationale des écologistes.
Les deux partenaires de gauche modérée se savent en position de force face au deuxième gouvernement de Sébastien Lecornu. Le parti d'Olivier Faure n'a pas caché ses exigences pour accorder sa non-censure.
Vers une autre motion déposée après la déclaration de politique générale?
Les socialistes, qui réclament notamment la suspension de la réforme des retraites, une taxation des plus hauts patrimoines et la non-utilisation du 49.3 à l'Assemblée nationale, attendent la déclaration de politique générale de l'ancien ministre des Armées avant de se prononcer.
Une manoeuvre confirmée par Dieynaba Diop, porte-parole du PS, ce lundi matin sur Franceinfo. Elle indique par ailleurs que le parti à la rose déposera sa "propre motion de censure" si la DPG prononcée par Sébastien Lecornu ne satisfait pas les attentes des socialistes.
"Le devoir de tous, c'est d'œuvrer à la stabilité, pas de faire des paris sur l'instabilité", a commenté Emmanuel Macron, en déplacement en Égypte.
La balle est désormais dans le camp d'un Premier ministre qui se sait plus fragilisé que jamais. Lâché par Les Républicains de Bruno Retailleau, qui ont dit "soutenir" le gouvernement "sans y participer", Sébastien Lecornu doit faire face à la fronde des oppositions. Le compagnon de route d'Emmanuel Macron depuis 2017 devra attendre ce jeudi 16 octobre et l'examen des différentes motions de censure pour être scellé sur son sort.