"C'est 20 à 30 fois ce dont on a besoin pour le climat": Mélenchon critique la hausse du budget de la défense de l'UE

Jean-Luc Mélenchon à Mexico le 25 février 2025 - Yuri CORTEZ / AFP
Pour le leader de la France insoumise, la priorité n'est pas là. La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a proposé le 6 mars un plan pour mobiliser 800 milliards d'euros afin renforcer les capacités de défense du continent, mis sous pression par le conflit entre Kiev et Moscou.
Une annonce qui n'a pas convaincu Jean-Luc Mélenchon.
"Ce n'est pas la priorité. Nous avons besoin d'urgence de nous préparer au réchauffement climatique qui aura aussi un impact militaire. Le réchauffement climatique va pousser des millions de gens à travers les frontières", a jugé le fondateur de La France insoumise au micro de France inter ce jeudi.
Et de pointer du doigt que ces 800 millions d'euros sont "20 à 30 fois ce dont on a besoin pour faire la transition écologique".
Le principe d'un déficit à 3% désormais oublié
Dans un moment de bascule géopolitique autour d'un rapprochement entre Washington et Moscou, le Conseil européen qui réunit les chefs d'État et de gouvernement des 27, a "souligné la nécessité d'accroître substantiellement les dépenses en matière de défense" la semaine dernière.
Plusieurs pistes sont évoquées, dont la possibilité pour les États membres d'accroître sensiblement leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans le calcul de leur déficit, en principe limité à 3% de leur produit intérieur brut (PIB).
Cette proposition, déjà évoquée pour financer les investissements liées à l'accélération du réchauffement climatique, avait jusqu'ici toujours été repoussée par l'Allemagne, très soucieuse du respect des règles budgétaires européennes.
Le partage du bouton nucléaire, "un tissu d'aberrations"
Mais les lignes ont bougé ces dernières semaines face à la volonté de Donald Trump d'aller au bras de fer avec l'Ukraine, là où la lutte pour le climat n'est jamais parvenue à changer en profondeur les habitudes budgétaires des pays européens.
Au cours des dix dernières années, 220 millions de personnes ont pourtant été déplacées à travers le monde en raison de catastrophes climatiques, selon un rapport publié par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en 2024, alimentant les dynamiques de conflits comme au Soudan.
Jean-Luc Mélenchon critique également vivement la volonté d'Emmanuel Macron d'élargir la dissuasion nucléaire française à toute l'Europe. Seul pays avec le Royaume-Uni en Europe à posséder l'arme nucléaire, le chef de l'État a "décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen" lors de son allocution présidentielle le 5 mars dernier.
"Tout ce qui est dit pour les Français est un tissu d'aberrations. Les Français ont un système de défense qui s'appelle la dissuasion nucléaire. Si on en a changé, il faut le dire et on change nos méthodes", avance l'insoumis.
"Mais si nous restons sur l'idée, pour un cheveu on vous frappe définitivement alors nous ne sommes pas concernés" par la menace russe, juge encore l'ancien candidat à la présidentielle.
Une proposition clivante
L'idée d'Emmanuel Macron qui a précisé que l'arme nucléaire "a toujours été et restera toujours entre les mains" du chef de l'État vise à permettre aux pays européens qui n'ont pas l'arme nucléaire à ne plus dépendre de la dissuassion américaine en cas de frappe de Moscou sur le continent européen.
Mais les propos du président français rompent totalement avec la doctrine de la dissuasion nucléaire dans l'Hexagone. Depuis son origine, elle se veut complètement indépendante et repose sur l'appréciation par un seul homme, le président de la République, d'une menace contre les intérêts vitaux du pays.
La proposition de l'Élysée a largement crispé au-delà des rangs de LFI. Le Rassemblement national et toute une partie de la droite s'y opposent vivement.