BFMTV
International

Ukraine, défense européenne... Ce qu'il faut attendre du sommet de l'UE qui se tient à Bruxelles

placeholder video
La question du renforcement de la défense européenne face à la menace russe et à celle du désengagement américain sera centrale lors de ce sommet.

Une rencontre pour faire face à un changement de paradigme. Les Vingt-Sept pays de l'UE, et Volodymyr Zelensky, se retrouvent ce jeudi 6 mars pour un sommet extraordinaire sur l'Ukraine, destiné à rassurer ce pays et à muscler la défense européenne après l'altercation spectaculaire entre Donald Trump et le président ukrainien.

Parmi les priorités de cette réunion convoquée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen: la question du renforcement de la défense européenne face à la menace russe et à celle du désengagement américain.

"L'Europe fait face à un danger clair et immédiat d'une ampleur qu'aucun d'entre nous n'a connue dans sa vie d'adulte", a-t-elle affirmé, dans une lettre adressée aux dirigeants des 27.

• Le nucléaire en question

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz a de son côté estimé que le Vieux continent devait se préparer "au pire scénario" d'une Otan dépourvue de la garantie de sécurité américaine.

Selon le président français Emmanuel Macron mercredi soir, "des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants".

En outre, "les États membres pourront accroître leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit", une mesure réclamée notamment par Paris et Berlin.

Emmanuel Macron a également dit vouloir "ouvrir le débat stratégique" sur la protection de l'Europe par le parapluie nucléaire français, tout en soulignant qu'en tous les cas la décision d'une éventuelle frappe "restera entre les mains du président" français.

• "Réarmer l'Europe"

Dans un contexte géopolitique totalement chamboulé par les prises de position du président américain, la Commission européenne a dévoilé un plan pour "réarmer l'Europe" visant à mobiliser quelque 800 milliards d'euros. Une "première étape" qui devrait recueillir l'accord de principe des 27 jeudi, selon des diplomates à Bruxelles.

À ce stade, quelque 30 milliards d'euros seront disponibles pour l'Ukraine en 2025, et plusieurs pays de l'UE ne voient pas la nécessité, dans l'immédiat, d'augmenter ce montant.

Washington, qui s'est ouvertement rapproché du Kremlin depuis une conversation téléphonique entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine le 12 février, a gelé lundi son aide militaire à l'Ukraine.

Ce gel, qui selon les experts compromet à terme la capacité de Kiev à se défendre face à l'agression russe, concerne aussi le partage de renseignement, a fait savoir mercredi le chef de la CIA John Ratcliffe, un élément pourtant essentiel aux soldats ukrainiens sur le champ de bataille.

"Nous suspendons et passons en revue tous les aspects" des relations avec l'Ukraine, a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz.

L'Ukraine, qui a multiplié les gestes d'apaisement après l'épisode du Bureau ovale de vendredi, où Donald Trump avait menacé de "laisser tomber" l'Ukraine, a indiqué mercredi travailler à de nouveaux pourparlers avec les Etats-Unis.

• Convaincre Viktor Orban

Le chef de l'État ukrainien demande de solides garanties de sécurité à ses alliés occidentaux dans le cadre de potentiels pourparlers afin de s'assurer que l'armée russe n'envahisse pas à nouveau son pays après une hypothétique cessation des hostilités.

"Nous voulons tous un avenir sûr pour notre peuple. Pas un cessez-le-feu provisoire mais la fin de la guerre une fois pour toutes. Avec nos efforts coordonnés et le leadership des États-Unis, c'est tout à fait réalisable", a-t-il écrit mercredi sur les réseaux sociaux.

Lors de son allocution télévisée mercredi soir, Emmanuel Macron a averti que "la menace russe est là et touche les pays d'Europe". Il a souligné que Moscou avait "déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial", et tentait "de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux".

Selon lui, "cette agressivité ne semble pas connaître de frontières" et dans ce contexte, "rester spectateur serait une folie".

Cette position ne fait toutefois pas l'unanimité parmi les Vingt-Sept: le dirigeant hongrois nationaliste Viktor Orban, soutien de Donald Trump et de Vladimir Poutine a menacé de bloquer le sommet de jeudi. Il a été reçu à dîner mercredi soir par M. Macron.

En Ukraine, trois personnes ont trouvé la mort dans es frappes russes dans la nuit de mercredi à jeudi, deux dans un tir de missile sur un hôtel de Kryvyï Rig (centre) et une troisième dans une attaque de drone sur un entrepôt de Soumy (nord), selon les autorités locales.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier avec AFP Journaliste BFMTV