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Gouvernement

"Une provocation": le retour d'Élisabeth Borne au ministère de l'Éducation critiqué par des syndicats d'enseignants

L'ex-Première ministre et nouvelle ministre de l'Éducation, Élisabeth Borne, le 15 novembre 2024 à Paris.

L'ex-Première ministre et nouvelle ministre de l'Éducation, Élisabeth Borne, le 15 novembre 2024 à Paris. - Bertrand Guay / AFP

De Matignon à l'Éducation. Élisabeth Borne revient au gouvernement comme ministre d'État chargée de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et du Numérique, moins d'un an après avoir quitté son poste de Première ministre. Les principaux syndicats d'enseignants ont rappelé l'utilisation massive de l'article 49.3 par l'ancienne Première ministre, y compris pour faire passer la très discutée réforme des retraites.

Le retour d'une ancienne Première ministre. Le monde de l'éducation a réagi froidement ce lundi 23 décembre à la nomination d'Élisabeth Borne comme ministre de l'Éducation nationale, critiquant son recours abondant au 49.3 lorsqu'elle était à Matignon et avertissant qu'elle ne bénéficiera d'aucun "état de grâce."

"Élisabeth Borne, c'est la Première ministre de la réforme des retraites contre laquelle les enseignants se sont massivement mobilisés, c'est aussi celle qui a usé et abusé du 49.3", rappelle ainsi Sophie Venetitay, secrétaire générale du SNES-FSU, principal syndicat de l'enseignement secondaire.

Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du syndicat Snuipp-FSU (primaire), jointe par l'AFP, parle même de "provocation".

Pour sa part, le SNALC, Syndicat national des lycées et collèges, s'est borné à un communiqué laconique d'une phrase: "Là, le SNALC l'avoue: il ne sait plus quoi dire."

"Pas une seconde d'état de grâce"

Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat SE Unsa, estime toutefois que le "pilotage d'un ministère aussi important que l'Éducation nationale par une ancienne Première ministre" fait qu'elle connaîtra les "différents portefeuilles ministériels afin de pouvoir peser dans les débats" et les négociations.

Un avis partagé par Sophie Venetitay qui prévient toutefois que l'ex-Première ministre, qui est aussi ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, "n'aura pas une seconde d'état de grâce" dans une "école au bord du gouffre".

Les représentants des enseignants l'appellent notamment à revenir sur les suppressions de postes qui avaient été prévues par le gouvernement sortant de Michel Barnier, à annuler la réforme dite du "Choc des savoirs" amorcée par Gabriel Attal et poursuivie par la ministre sortante Anne Genetet.

Les syndicats jugent aussi que la reprise de l'enseignement à Mayotte après les ravages du cyclone Chido font partie des priorités de la nouvelle ministre. "Si le cap donné depuis plusieurs mois est maintenu, les personnels de l'Education nationale se mobiliseront pour le contester de nouveau", avertit Guislaine David.

"Aucune rupture"

Côté enseignement supérieur, où Philippe Baptiste, directeur du Centre National d'Etudes spatiales (CNES), a été nommé ministre délégué chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche, les syndicats là aussi se montrent réservés: "il semble qu'on perde un ministre de plein exercice dans une situation où pourtant on n'a jamais été aussi mal en termes budgétaires", remarque Anne Roger, secrétaire générale Snesup FSU, premier syndicat de l'enseignement supérieur, interrogée par l'AFP.

Philippe Baptiste, ancien directeur général délégué du CNRS, est notamment l'ex-directeur de cabinet de l'ancienne ministre Frédérique Vidal, qui était aux manettes pendant la conception de la plateforme de candidatures à l'enseignement supérieur Parcoursup.

Pour Anne Roger, le choix de Baptiste Philippe ne marque donc "aucune rupture" avec les politiques des gouvernements précédents. "On est très inquiets", conclut-elle.

Hugo Septier avec AFP