Sékou tué dans une rixe: face à un "ensauvagement", Retailleau dénonce une justice des mineurs "trop laxiste"

Bruno Retailleau reste fidèle à sa ligne. Aussi bien dans l'analyse que dans les solutions proposées. Le ministre de l'Intérieur est revenu ce lundi 24 mars sur le décès d'un adolescent de 17 ans, mortellement poignardé en fin d'après-midi devant le lycée Louis-Armand de Yerres, dans un contexte de rixe entre quartiers.
Pour le constat, le très droitier patron de la place Beauvau - interrogé à l'issue d'une réunion publique dans le Territoire de Belfort, organisée dans le cadre de l'élection pour la présidence du parti Les Républicains - parle à nouveau d'un "ensauvagement" de la société, un terme qui fleurit régulièrement à l'extrême droite.
Quant aux solutions prônées pour lutter contre la violence des mineurs, rien de nouveau là non plus. Bruno Retailleau souhaite changer de paradigme, avec l'instauration notamment de "courtes peines". Mais aussi "en modifiant les comparutions immédiates" et "la règle de l'excuse de minorité".
"Il n'y a pas de prévention s'il n'y a pas de sanction"
"Sinon on n'y arrivera pas. On doit adresser à cette jeune génération un message très très clair", plaide l'ancien patron des sénateurs LR, qui juge que "notre politique pénale des mineurs" est "trop laxiste".
"Un mineur peut aussi être un individu dangereux. La sanction, il faut arrêter de dire qu'elle ne participe pas à la pédagogie, à la prévention. Il n'y a pas de prévention s'il n'y a pas de sanction", martèle-t-il.
À Yerres, le jeune homme poignardé est décédé des suites de ses blessures. Lors de la rixe, la dizaine de jeunes était munis de bâtons et d'un couteau, selon l'Académie de Versailles. Six personnes ont ensuite été interpellées et placées en garde à vue.
Dans cette ville de près de 30.000 habitants la CRS 8 a été déployée et devrait rester pour "plusieurs heures", a appris BFMTV. Toujours selon nos informations, le climat est électrique entre le quartier des Hautes-Mardelles de Brunoy et celui des Tournelles de Yerres.
338 rixes en 2024 en France
Une note policière consultée par BFMTV dresse un bilan des rixes et des phénomènes de bande pour 2024. Cette année-là, 338 affrontements inter-quartiers ont été recensés en France métropolitaine, soit une baisse de 2 % par rapport à 2023 (345 affrontements). Plus généralement, les affrontements sont en diminution constante depuis trois ans, après avoir augmenté sans cesse entre 2019 et 2021.
Le nombre de blessés a également baissé, en passant de 321 en 2023 à 287 en 2024. Cependant les décès ont augmenté: la note en recense 2 en 2023, 5 en 2024.
Par ailleurs, 90% des rixes ont lieu en région parisienne. En écho avec l'actualité, le département de l'Essonne demeure le plus touché avec 101 faits, majoritairement dans les communes d’Évry-Courcouronnes , Draveil et Corbeil .
Un texte de Gabriel Attal sur la justice des mineurs
Comparution immédiate, sanction des parents des délinquants mineurs, dérogations à l'excuse de minorité... La justice des mineurs fait l'objet d'une proposition de loi de Gabriel Attal, qui souhaite durcir la législation en la matière.
Mais l'ancien Premier ministre, devenu patron du parti présidentiel et des députés macronistes, s'est heurté à des réticences au Sénat où son texte a été rejeté en commission des Lois, mettant la coalition gouvernementale au défi de son unité.
Le rapporteur LR Francis Szpiner s'est montré peu convaincu par l'efficacité du dispositif proposé. Avec le soutien de la gauche, il a proposé et obtenu la suppression de la plupart des mesures. Si bien que le texte qui débarque dans l'hémicycle du Sénat ce mardi a été vidé de sa substance.