BFMTV
Gouvernement

Réexamen des accords sur l'immigration: Primas défend une "main tendue" du gouvernement à Alger

placeholder video
La porte-parole du gouvernement justifie les mesures annoncées par François Bayrou ce mercredi, alors que le Premier ministre menace de remettre en cause l'accord de 1968 entre la France et l'Algérie sur fond de tensions croissantes entre les deux pays.

Au terme de "bras de fer", la porte-parole du gouvernement Sophie Primas préfère celui de "main tendue". Invitée de BFMTV-RMC, elle défend ce jeudi 27 février les mesures annoncées par François Bayrou la veille à l'issue d'un comité interministériel sur l'immigration, sur fond de tensions croissantes entre Paris et Alger.

Sophie Primas s'arrête plus particulièrement sur la menace du Premier ministre de remettre en cause les accords de 1968 entre la France et l'Algérie, qui ont créé un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi. Cet accord contient notamment des mesures qui assouplissent l'arrivée et la délivrance de titres de séjour aux ressortissants algériens.

"C'est la sécurité des Français qui est en cause"

Alors que François Bayrou exhorte l'Algérie à réexaminer "la totalité des accords" sur l'immigration et la "manière dont (ils) sont exécutés" dans un délai d'un mois ou de six semaines", Sophie Primas déclare: "Ces accords aujourd'hui ne sont pas respectés par l'Algérie et c'est la sécurité des Français qui est en cause."

L'ancienne sénatrice Les Républicains rappelle que le gouvernement demande la libération de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, mais aussi de respecter les obligations de quitter le territoire français (OQTF), alors que l'Algérie a refusé à de multiples reprises ces dernières semaines de reprendre plusieurs de ses ressortissants expulsés de France.

Sur ce sujet, les critiques se sont faites encore plus vigoureuses après une attaque au couteau ce samedi à Mulhouse qui coûté la vie à un homme et blessé trois policiers municipaux. L'assaillant présumé, un Algérien de 37 ans, était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF). La France avait tenté d'expulser cet homme à 14 reprises sans y parvenir.

"Liste d'urgence"

En plus des sujets évoqués par Sophie Primas, le gouvernement souhaite également donner à Algérie "une liste 'd'urgence' de personnes qui doivent pouvoir retourner dans leur pays et que nous considérons comme particulièrement sensibles", a expliqué François Bayrou ce mercredi.

Concernant les différentes demandes du gouvernement, "s'il n'y avait pas de réponse au bout du chemin, il n'y a pas de doute que c'est la dénonciation des accords qui serait la seule issue possible", même si "ce n'est pas celle que nous souhaitons", a prévenu le Premier ministre.

Ces mesures ont suscité "l'étonnement" des autorités algériennes qui ont dénoncé une nouvelle "provocation". Entre les deux pays, les relations se sont détériorées à partir de l'été 2024 avec l'annonce de l'appui de la France au plan d'autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental. Et les rapports se sont encore tendus ces dernières semaines à travers la détention de l'écrivain Boulaem Sansal ou l'arrestation en France de plusieurs influenceurs algériens pour apologie de la violence.

Baptiste Farge