Poids lourds, députés nommés, sortie de la société civile... Les enseignements du remaniement

Aurore Bergé et Gabriel Attal à l'Assemblée nationale le 15 février 2023 - Ludovic MARIN / AFP
La montagne n'a pas accouché d'une souris. Après des journées d'attente qui ont mis à rude épreuve les nerfs de la macronie, le remaniement a été dévoilé avec la promotion de ministres très politiques et l'entrée de poids lourds de l'Assemblée nationale. Les piliers ministériels, eux, ne bougent pas.
• Un remaniement plus important qu'attendu
Si Emmanuel Macron avait fait part de son souhait d'effectuer de simples "ajustements" techniques, la Première ministre qui souhaitait donner un nouveau souffle à son gouvernement a eu gain de cause. Pas moins de 8 nouveaux visages font leur entrée, de façon totalement paritaire avec 4 femmes et 4 hommes.
• Gabriel Attal, Aurore Bergé: la promotion de lieutenants très politiques
Bye bye les profils jugés trop techniques, priorité désormais à celles et ceux qui ont un vrai poids politique. L'arrivée de Gabriel Attal à l'Éducation nationale, à seulement 34 ans, faisant de lui le plus jeune ministre à arriver à la tête de ce ministère, a ainsi valeur de symbole. Il détrône l'historien Pap Ndiaye, à la peine depuis des mois.
Même constat pour Aurore Bergé, la patronne des députés Renaissance qui devient ministre des Solidarités, après avoir rêvé pendant des années de rentrer au gouvernement.
En première ligne de la macronie depuis 2017 et numéro 1 du groupe depuis les législatives de 2022, Aurore Bergé est connue pour son goût des coups médiatiques, très loin de son prédécesseur, le discret Jean-Christophe Combe, ex-patron de la Croix-Rouge.
• Fini les figures de la société civile
L'universitaire Pap Ndiaye n'est pas le seul à devoir dire au revoir à son ministère. François Braun, très longtemps urgentiste, quitte également le ministère de la Santé remplacé par Aurélien Rousseau, ex-directeur de cabinet d'Élisabeth Borne.
Ces désormais anciens ministres n'ont jamais réussi à imprimer, peu aidés par le président de la République. En janvier dernier, c'est Emmanuel Macron qui avait lui-même présenté ses vœux aux soignants et son plan pour l'hôpital aux côtés de son ministre, silencieux.
Même constat pour Pap Ndiaye, très encadré par le président lui-même, de la rentrée 2022 à la réforme du bac professionnel. Brigitte Macron elle-même n'a jamais hésité à contrecarrer le patron de l'Éducation nationale, du port de l'uniforme au harcèlement scolaire.
• L'ancrage des poids lourds du gouvernement
Bruno Le Maire à Bercy, Gérald Darmanin place Beauvau et Éric Dupond-Moretti à la Justice sont à nouveau confortés dans leur maroquin. Tous trois étaient d'ailleurs déjà aux mêmes fonctions lors du précédent quinquennat.
Une scène a eu valeur de symbole: lors de la garden party organisée à l'Élysée ce mardi avec les ministres et leurs conjoints, Emmanuel Macron a été de table en table saluer tous les membres du gouvernement pour finalement s'asseoir avec le trio.
• La montée en grade des députés
Avec un vivier plutôt restreint, l'Élysée et Matignon n'ont pas hésité à piocher dans les rangs de l'Assemblée nationale. Aurore Bergé, donc, mais aussi le député de Gironde Thomas Cazenave aux finances publiques, la Marseillaise Sabrina Agresti-Roubache à la Ville, le Modem Philippe Vigier aux Outre-Mer...
Les députés ont des atouts dans leur manche pour essayer de muscler le casting gouvernemental. Ils connaissent les pratiques du pouvoir, disposent d'un certain réseau médiatique et ont pu montrer qu'ils s'inscrivaient dans la droite lignée du président.
• Des arrivées plutôt issues de la gauche
Si le gouvernement essaye depuis plusieurs mois de tendre la main aux Républicains à l'Assemblée nationale, ce sont des macronistes plutôt issus de formations de gauche qui sont promus.
Le grand gagnant de ce remaniement, Gabriel Attal vient ainsi, du parti socialiste. Aurélien Rousseau, nouveau ministre de la Santé, est aussi marqué à gauche. Il a ainsi travaillé à Matignon aux côtés de Manuel Valls puis de Bernard Cazeneuve sous François Hollande.
Autre exemple: Patrice Vergriete, désormais ministre du Logement qui a été un proche de Martine Aubry. Exception notable cependant: Aurore Bergé, qui vient, elle, de l'UMP (l'ancien nom des LR NDLR).