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Flotte fantôme russe, drones, "fautes très importantes"... Ce que l'on sait sur le pétrolier stationné au large de Saint-Nazaire

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Les autorités françaises ont ouvert, ce mercredi, une enquête sur un pétrolier appartenant à la flotte fantôme russe, et soupçonné d'être impliqué dans un survol récent de drones au Danemark. Le bateau, long de 244m, est immobilisé au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) depuis quelques jours.

Un pétrolier actuellement immobilisé au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) est soupçonné de faire partie de la flotte fantôme russe, même s'il bat pavillon béninois. Il pourrait d'ailleurs être impliqué dans l'incursion de drones au Danemark, à la fin du mois de septembre. Une enquête a été ouverte par le parquet de Brest ce mercredi 1er octobre.

• Un bateau de la flotte fantôme russe

Ce pétrolier, baptisé "Pushpa" ou "Boracay", navigue sous le drapeau du Bénin. Pour autant, ce navire de 244m de long semble faire partie de la flotte fantôme russe, qui est utilisée par la Russie pour acheminer son pétrole malgré les sanctions occidentales.

La France, comme d'autres pays, se battent contre cette flotte. "Elle représente des dizaines de milliards d’euros pour le budget de la Russie. Elle finance, selon nos évaluations, 40 % de l’effort de guerre russe. Il y a entre 600 et 1000 bateaux qui circulent comme ça et qui permettent aux hydrocarbures russes de cheminer, y compris quand ils sont interdits", a déploré Emmanuel Macron, en direct de Copenhague (Danemark), où il se trouve pour un sommet européen.

Parti du port de Primorsk, près de Saint-Petersbourg (Russie), le 20 septembre, le pétrolier devait rejoindre Vadinar, dans le nord-ouest de l'Inde, un mois plus tard. Mais il a étrangement fait un détour pour jeter l'ancre depuis plusieurs jours à proximité du parc éolien de Saint-Nazaire (nord-ouest), selon le site Marine Traffic.

• Un possible lien avec le survol de drones au Danemark

En plus de contourner les sanctions quant à l'acheminement d'hydrocarbures, ce pétrolier est soupçonné d'être impliqué dans le survol de drones au Danemark, à la fin du mois de septembre, selon le site spécialisé The Maritime Executive. S

Selon cette source, le bateau aurait pu servir de "plateforme de lancement" [des drones] ou de "leurre".

Cette incursion avait eu pour conséquence de perturber le trafic aérien danois. Elle n'est pas officiellement attribuée à la Russie, mais le pays est fortement soupçonné.

• Une enquête ouverte en France

À la suite d'un signalement de la Marine nationale, le parquet de Brest a ouvert une enquête pour "défaut de justification de la nationalité du navire/pavillon" et "refus d'obtempérer", a indiqué le procureur, Stéphane Kellenberger, à l'AFP.

"Les investigations et actes utiles ont été confiés par mes soins, en co-saisine, à la section de recherches de la gendarmerie maritime, ainsi qu’au groupement de gendarmerie maritime de l’Atlantique", a-t-il ajouté, sans plus de précision.

Des informations confirmées ce mercredi à BFMTV par le parquet breton qui confirme des infractions pour lesquelles est "a maxima et à titre principal encourue une peine d’un an d’emprisonnement correctionnel et/ou 150.000 euros d’amende"

"Il y a eu des fautes très importantes commises par l'équipage, ce qui justifie que la procédure soit judiciarisée", estime Emmanuel Macron, qui ajoute: "les équipes d’intervention ont agi en temps et en heure, mais ça manifeste la présence et la réalité de la flotte fantôme russe."

• Un changement de pavillon à plusieurs reprises

Construit en 2007, le pétrolier suspect a changé de nom et de pavillon à de nombreuses reprises, étant alternativement immatriculé au Gabon, aux îles Marshall ou en Mongolie, selon le site www.opensanctions.org.

Outre l'Union européenne, il est sous sanctions du Canada, de la Suisse, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni, selon la même source.

Astrid Bergere avec AFP