Mohamed Amra: Gérald Darmanin ne peut "pas garantir" qu'une telle évasion "ne se reproduise pas"

Un constat sans appel. Cinq jours après l'arrestation en Roumanie du narcotrafiquant Mohamed Amra, en cavale depuis 9 mois, Gérald Darmanin juge que le système pénitentiaire n'a pas été à la hauteur.
"Nous ne sommes pas capables de garantir qu'une (telle évasion) ne se reproduise pas" aujourd'hui. "Notre difficulté dans l'administration pénitentiaire, c'est d'abord manifestement un défaut de comprendre qui sont ces narcotrafiquants", a asséné le ministre de la Justice ce mercredi.
"Pas capable de comprendre qu'il était extrêmement dangereux"
En mai dernier, au cours d'un transfert entre Rouen pour son audition par un juge d'instruction et la maison d'arrêt d'Évreux (Eure) où il était détenu, Mohamed Amra s'était évadé lors d'une attaque menée par un commando lourdement armé au péage d'Incarville. Deux agents de l'administration pénitentiaire avaient été tués.
"Nous n'avons pas été capables de comprendre qu'il était extrêmement dangereux. Nous n'avons pas su regrouper toutes les informations dans plusieurs affaires dans différentes juridictions", a encore regretté le garde des Sceaux, dénonçant "incontestablement une faillite de l'État".
Gérald Darmanin a souligné que Mohamed Amra, emprisonné à l'époque notamment pour vol avec effraction et association de malfaiteur, était dans "un régime de détention classique à la maison d'Évreux".
En mai 2024, un avocat déjà confronté à Mohamed Amra avait indiqué "être tombé de sa chaise" en apprenant la violence de l'attaque du fourgon pénitentiaire. "C'était un prévenu tout à fait classique", avait jugé le pénaliste Grégory Kagan sur BFMTV.
"Il aurait dû être mis à l'isolement dans un lieu spécialisé"
À l'époque, celui qui est surnommé "La Mouche" était notamment mis en examen pour enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort.
"Il aurait dû être mis à l'isolement dans un lieu spécialisé", juge encore le ministre de la Justice, y voyant un véritable plaidoyer pour le projet de loi de lutte contre le narcotrafic qui doit arriver la semaine prochaine en commission des Lois à l'Assemblée nationale après son adoption au Sénat en janvier.
Ce texte, directement inspiré des préconisations de la commission d'enquête transpartisane sur le narcotrafic de la chambre haute devrait être adopté par les députés en mars. Plusieurs des mesures qui devraient être mis en place dans les prochains mois viseront directement Mohamed Amra.
"Plus de sortie de prisonnier dangereux"
Parmi celles-ci, on trouve notamment la création d'une prison de haute sécurité, réservée aux narcotrafiquants avec un régime de détention particulièrement stricte.
Elle devra ouvrir ses portes le 31 juillet prochain et son emplacement exact indiqué la semaine prochaine. Il est extrêmement probable que le jeune homme intègre les murs de cette prison dès son ouverture.
Le projet de loi permettra également d'éviter les extractions judiciaires, des moments souvent particulièrement délicats pour les agents pénitentiaires, comme le montre à nouveau l'affaire Amra.
"Avec le régime de détention réservé aux narcotrafiquants, il n'y aura plus de sortie de prisonnier dangereux, notamment pour être interrogé par un juge d'instruction. La visioconférence sera généralisée comme c'est le cas en Italie", a défendu Gérald Darmanin.
L'espoir que l'évasion de Mohamed Amra "ne se reproduira pas" à partir de l'été
Un parquet national spécialisé contre le narcotrafic va également être créé sur le modèle du parquet national anti-terroriste, permettant de regrouper au sein d'un même pôle toutes les affaires directement liées aux stupéfiants, permettant à la fois aux enquêteurs d'être plus efficaces mais également un suivi beaucoup plus resserré des détenus.
"J'espère qu'au 31 juillet", le jour de l'ouverture de la première prison de haute sécurité contre les narcotraficants, une évasion comme celle de Mohamed Amra "ne se reproduira pas", a encore asséné le garde des Sceaux.
Le jeune homme, arrivé sur le sol français mardi, a été présenté ce mercredi à des magistrats de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) et placé en détention provisoire à l'isolement.
Il est notamment été mis en examen des chefs de meurtre en bande organisée, vol en bande organisée, évasion en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs.