Le "macronisme trouvera une fin" bientôt: François Bayrou se désolidarise des propos de la porte-parole du gouvernement

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas le 28 avril 2025 à l'Élysée - Ludovic MARIN / AFP
Quelques mots qui ne passent pas. La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a jugé que "le macronisme trouvera probablement une fin dans les mois qui viennent avec la fin du quinquennat" ce mardi matin sur CNews-Europe 1.
De quoi fortement agacer le camp présidentiel qui n'avait déjà pas apprécié ces derniers jours les prises de distance du ministre de l'Intérieur, désormais président des LR, du chef de l'État.
Haro sur Sophie Primas
Le macronisme ne sera "certainement pas" fini "ni dans quelques mois ni dans deux ans", a ainsi répondu publiquement la ministre à l'Égalité femmes-hommes Aurore Bergé sur X à sa collègue du gouvernement.
La sortie de Sophie Primas passe d'autant moins bien que Bruno Retailleau, largement élu dans un fauteuil dimanche soir dans la course à la présidence de la droite, pourrait être tenté de marquer de plus en plus son indépendance au sein du gouvernement.
Avec 2027 en tête, la droite va avoir tout intérêt à dire de plus en plus qu'elle n'est pas comptable du bilan présidentiel du chef de l'État. La méthode agace les proches du président des députés macronistes, Gabriel Attal, qu'ils l'ont fait savoir.
"Je suis toujours étonné qu'une ministre, qui était jusqu'à présent une illustre inconnue, et qui est aujourd'hui au gouvernement grâce au macronisme le critique", a expliqué le député Pieyre-Alexandre Anglade auprès de BFMTV.
Sophie Primas s'excuse, François Bayrou rassure
Même son de cloche pour la députée Marie Lebec, ex-ministre en charge des Relations avec le Parlement. Les Républicains "souhaitent la fin du macronisme, mais doivent leur strapontin gouvernemental à Emmanuel Macron. Rien ne les empêche de partir s'ils ne s'y reconnaissent plus", a-t-elle twitté.
Manifestement soucieux d'éviter la grogne de ses alliés dans un contexte politique qui reste incertain, François Bayrou s'est fendu d'un coup de fil à Gabriel Attal lui indiquant qu'il ne partagait pas les propos de sa porte-parole, d'après des informations de BFMTV.
Quant à Sophie Primas, elle a également pris le soin de lui adresser ses excuses, reconnaissant "une maladresse", d'après des propos rapportés par le président des députés Renaissance à ses troupes ce mardi en réunion de groupe.
Commentaire d'un proche de Bruno Retailleau, resté très proche de Sophie Primas avec qui il a longtemps travaillé au Sénat: "il y a en qui font des dénis de grossesse. Eux, ils font des dénis de baisse sondagière".
Vers une cohabitation de plus en plus compliquée?
Comprendre: la petite phrase de la porte-parole ne ferait qu'acter les grandes difficultés d'Emmanuel Macron sur la scène française, notamment incarnées par le fiasco de la dissolution à l'été dernier.
"Ce qui va survivre au macronisme sera forcément différent", insiste encore l'entourage du ministre de l'Intérieur. Ces passes d'armes résument plutôt bien l'atmosphère qui pourrait infuser dans les allées des ministères et du Parlement ces prochains mois.
D'un côté, on risque de trouver l'aile droite du gouvernement qui va vouloir se détacher de plus en plus du camp présidentiel, s'estimant désormais suffisament puissante après la victoire de Bruno Retailleau pour s'émanciper haut et fort.
Et de l'autre des macronistes qui, tout en ayant pris leurs distances avec le chef de l'État, refusent de se laisser avaler par un parti qui n'a toujours que 47 députés à l'Assemblée, soit moins de 10% des troupes.
À charge pour François Bayrou, qui aura besoin de rassembler très large pour le budget de l'automne et de la sécurité sociale à l'automne prochain pour ne pas être censuré, de faire tenir cet attelage hétéroclite.