"Donc il démissionne?": Bruno Retailleau assure qu’il n’est "toujours pas macroniste", des députés Renaissance ulcérés

Le ministre de l'Intérieur Bruno retailleau à l'Assemblée nationale, à Paris, le 17 mars 2025 - Bertrand GUAY © 2019 AFP
Quelques mots qui ne passent pas dans le camp présidentiel. À quelques jours du vote pour la présidence des Républicains, Bruno Retailleau a expliqué ce mercredi matin sur Europe, 1 n'être "toujours pas macroniste", assurant "avoir de vraies différences" avec Emmanuel Macron "par exemple sur l'immigration".
"Il est allé trop loin", s'agace une ministre Renaissance auprès de BFMTV, jugeant que son collègue en charge de l'Intérieur avait tenu des propos "absolument anormaux".
"C'est beau la politique"
La manœuvre du locataire de la place Beauvau vise à rassurer les militants LR alors même que son concurrent interne Laurent Wauquiez craint "l'effacement" de la droite dans le gouvernement de François Bayrou. "Nous avons décidé, nous la droite, de rentrer (au gouvernement) pour éviter le pire", a encore insisté Bruno Retailleau.
Mais au sein d'une partie des députés Renaissance qui regarde avec beaucoup de méfiance le ministre de l'Intérieur, il est hors de question d'accepter une telle prise de distance avec Emmanuel Macron.
"Être contre le macronisme mais accepter de se faire nommer précisément par celui qui a créé le macronisme? C’est beau la politique", a ironisé la députée Prisca Thévenot, ex-porte parole du gouvernement dans une boucle Whatsapp des élus macronistes.
"Pourquoi il reste?"
Depuis des semaines, Bruno Retailleau n'hésite pas à prendre ses distances avec certains dossiers, à commencer par les discussions sur la fin de vie à l'Assemblée nationale. L'ex-président des sénateurs LR refuse de soutenir la proposition de loi sur l'aide à mourir dans laquelle il voit une "rupture anthropologique".
"Ce qu'a voulu dire Prisca Thévenot, c'est que s'il ne se reconnaît pas dans ce que porte le Président, pourquoi est-ce qu'il reste ?", sous-titre un proche de l'ancien Premier ministre Gabriel Attal auprès de BFMTV.
Quant à l'organisation des élections législatives à la proportionnelle, souhaitées par François Bayrou, le ministre de l'Intérieur devrait être chargé de les défendre devant le Parlement.
"Ce deal avec les LR, une mauvaise série"
Mais il a expliqué à plusieurs reprises y être farouchement opposé tout comme l'ensemble de son mouvement. Emmanuel Macron s'était pourtant engagé en 2017 sur le sujet dans son programme puis à nouveau en 2022.
"Ça veut dire qu’il va faire des pas de côté en permanence" s'il gagne la présidence des députés LR "et ça, ça n’existe pas. Vous ne pouvez pas vous exprimer à titre personnel quand vous êtes ministre. Quand les arbitrages sont rendus, vous en êtes solidaires", avance un membre un gouvernement.
Commentaire du député Éric Bothorel auprès de ses collègues dans le fil de discussion Whatsapp: "je propose de prononcer une OQTG (obligation de quitter le gouvernement). Ce deal avec les LR que certains ont poussé ici, c’est vraiment une mauvaise série, et toutes les saisons sont pourries".
"Donc il démissionne de son poste de ministre de l'Intérieur après sa victoire dimanche?", ironise de son côté son collège Ludovic Mendes.
Malaise à l'approche des municipales
Autant dire que si Bruno Retailleau emporte le congrès LR dimanche soir, les tensions pourraient encore monter d'un cran à l'approche des municipales dans 10 mois.
"Si vous me choisissez pour être votre président, il n’y aura pas d’accords d’appareils entre notre parti et d’autres formations politiques", a expliqué le ministre de l'Intérieur auprès des militants ce mercredi.
Comprendre: il n'y aura pas d'alliance entre les LR et la macronie pour "porter une droite résolument de droite".
Problème: à Marseille, le président de la Région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Renaud Muselier (Renaissance), compte soutenir Martine Vassal (LR) pour la mairie. À Paris, on imagine mal LR ne pas soutenir la ministre de la Culture Rachida Dati, issue de son propre camp, tout en étant très probablement investie par le camp présidentiel.