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France-Algérie: Retailleau "jugera sur les faits" l'apaisement des relations entre les deux pays

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à Saint-Herblain en Loire-Atlantique le 28 mars 2025

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à Saint-Herblain en Loire-Atlantique le 28 mars 2025 - Loic VENANCE / AFP

Si la visite du chef de la diplomatie française en Algérie dimanche a amorcé une normalisation des relations entre Alger et Paris après des mois de crise, Bruno Retailleau attend "des résultats".

Bruno Retailleau jugera "sur les faits". Si la France et l'Algérie entrent dans une phase d'apaisement après des mois de crise, le ministre de l'Intérieur se veut prudent dans une interview mise en ligne par Ouest France ce lundi 7 avril.

"Ça fait des années que la France tend la main à l’Algérie. Pour quel résultat? Dans aucune négociation, vous ne pouvez utiliser seulement l’arme de la gentillesse; il faut aussi l’arme de fermeté", dit-il, reprenant son credo, lui qui a dénoncé haut et fort l'attitude d'Alger vis-à-vis de Paris depuis des semaines.

"Ce que j'attends, ce sont des résultats"

Ce qui lui vaut, par ailleurs, des critiques de l'ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin qui parlait récemment d'une "forme d'amateurisme", jugeant également que Bruno Retailleau empiétait sur les plates-bandes du président de la République et du Quai d'Orsay.

"Bien entendu, quand on veut sortir d’une crise, c’est le moment de la diplomatie. Très bien", mais "maintenant ce que j'attends ce sont des résultats", dit l'intéressé. "Quand est-ce que Boualem Sansal sera libéré", questionne-t-il, alors que le sort de l'écrivain franco-algérien, condamné à cinq ans de prison en Algérie, reste en suspens.

Autre interrogation mise sur la table par Bruno Retailleau: "Quand est-ce que l’Algérie appliquera strictement l’accord de 1994?". Lequel, rappelait-il début avril, "dispose que l'Algérie doit accepter sur son sol les ressortissants algériens" que Paris veut expulser".

Si Bruno Retailleau attend que certaines questions soient tranchées, la visite dimanche à Alger de Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a permis d'amorcer une normalisation des relations entre la France et l'Algérie.

Après huit mois de crise, Jean-Noël Barrot s'est entretenu avec son homologue Ahmed Attaf et surtout avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Au préalable, Emmanuel Macron avait échangé avec ce dernier lundi 31 mars.

Plusieurs mois de crise

Le tout a permis d'amorcer une normalisation des relations entre les deux pays. "On est aujourd'hui dans un début de retour à la normale" entre Paris et Alger, "mais la normalisation doit encore se matérialiser par des gestes tels que la libération de Boualem Sansal ou le retour de l'ambassadeur d'Algérie en France", a résumé Bruno Fuchs, président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, auprès de l'AFP.

La récente crise d'une gravité inédite entre l'Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962) a démarré à l'été 2024 quand Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L'Algérie a immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

À l'automne, l'arrestation à Alger de Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l'Algérie, "atteinte à l'intégrité du territoire", a fait monter d'un cran les tensions.

Celles-ci se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l'expulsion d'influenceurs algériens, refusée par Alger. Un point culminant a été atteint fin février, le jour où Bruno Retailleau a pointé un doigt accusateur contre l'Algérie après un attentat en France commis par un Algérien, objet d'obligations de quitter le territoire rejetées par Alger. 

Baptiste Farge avec AFP