"Deux fois moins cher, trois fois plus vite": Gérald Darmanin justifie la construction de prisons en préfabriqué

Gérald Darmanin en visite dans la prison de Saint-Maur (Indre) le 28 février 2025 - Charles Bury / POOL / AFP
Un changement de braquet. Pour accélérer la construction de places de prisons et tenter de mettre fin à la surpopulation carcérale, Gérald Darmanin compte sur des bâtiments préfabriqués.
"C'est 200.000 euros la place au lieu de 400.000 euros la place entre le recrutement des agents pénitentiaires et la fabrication. Je construis pour deux fois moins cher, trois fois plus vite", s'est félicité le ministre de la Justice ce mardi matin sur RTL.
Aller plus vite dans la construction de nouvelles prisons
Le garde des Sceaux a fait le service après-vente de son déplacement ce lundi après-midi sur le site de production du constructeur Bouygues dans l'Oise. Son ministère va lancer dans les prochaines semaines deux appels d'offre pour construire 3.000 places de prison en modulaire destinées aux détenus en semi-liberté ou condamnés à de courtes peines.
Concrètement, l'architecture modulaire repose sur l'utilisation d'éléments préfabriqués construits en usine. Ils sont facilement assemblables et démontables, pouvant se réorganiser en fonction des besoins des occupants, sans avoir à détruire ou reconstruire.
La méthode semble donc toute désignée pour tenter de réduire en partie la surpopulation carcérale. Avec 81.599 détenus recensés au 1er février dernier, les prisons françaises n'ont jamais connu un nombre aussi élevé de personnes incarcérées. Les centres de détention ne comptent pourtant 62.363 places opérationnelles.
Lever les réticences des riverains
Plusieurs phénomènes expliquent l'explosion du nombre de prisonniers comme l'utilisation des comparution immédiate qui débouchent plus souvent sur des peines de prison ferme que des audiences "classiques" ou encore l'allongement des peines encourues pour certains délits.
Face à l'accroissement de la population carcérale, le gouvernement s'est engagé ces dernières années à accélérer la construction de prisons. Mais les difficultés sont nombreuses, à commencer par les réticences des habitants.
Dans le Val-de-Marne, des dizaines d'habitants ont par exemple manifesté contre l'installation d'un centre de 800 places à Noiseau en avril 2024.
Mais le coût également explique également les difficultés à construire des prisons en dépit du volontarisme affiché par le gouvernement. Le coût budgétaire du programme de construction de 15.000 places de prison, estimé initialement à 4,5 milliards d’euros, a été réestimé à 5,4 milliards d’euros en juin 2022.
"De vraies prisons"
Des sommes très importantes alors que dans le même temps le recrutement des magistrats et des greffiers est lui aussi en hausse.
De quoi expliquer la volonté de Gérald Darmanin de construire des structures modulaires qui reposent sur des élements préfabriqués en usine, au prix bien moins élevé.
"Ce sont de vraies prisons, mais construites dans des usines comme l'ont fait nos amis anglais, comme l'ont fait nos amis allemands, qui nous permettent de gagner énormément de temps mais aussi d'argent", a insisté le garde des Sceaux ce lundi.
Des engagements loins d'être tenus
Mais les 3.000 places qui devraient donc arriver "dans quelques mois" comme s'y engage Gérald Darmanin restent loin des engagements prévus.
La loi d’orientation et de programmation de la justice, adoptée le 11 octobre 2023 par le Parlement, prévoit la construction de 18.000 nouvelles places de prison, 3.000 de plus que dans le programme d'Emmanuel Macron en 2017.
Didier Migaud, le prédecesseur de Gérald Darmanin, avait déjà annoncé en décembre dernier que l'objectif des 18.000 places supplémentaires en 2027 ne serait pas atteint.