Didier Migaud reconnaît que les 15.000 nouvelles places de prisons n'arriveront pas "avant 2029"

Didier Migaud à l'Élysée le 1er octobre 2024 - Ludovic MARIN / AFP
La mise en œuvre du plan de construction de 15.000 places de prisons supplémentaires d'ici 2027 est "très en retard", a déclaré mardi le ministre de la Justice Didier Migaud, précisant que sa concrétisation ne devrait pas intervenir "avant 2029, dans le meilleur des cas".
Auditionné devant la commission des lois du Sénat concernant le budget de la Justice pour 2025, le garde des Sceaux a insisté sur les "difficultés" rencontrées "dans le calendrier des grandes opérations de construction", affirmant que seuls "42%" des 15.000 nouvelles places de prison devraient être opérationnelles en 2027, soit 6.421, "si tout se passe bien".
"L'achèvement du 'plan 15.000' ne sera pas possible opérationnellement avant 2029, dans le meilleur des cas", a-t-il également indiqué.
En cause selon lui "des facteurs exogènes" comme "des aléas techniques et environnementaux", des questions d'"approvisionnement" ainsi que la "fragilité du tissu économique".
Seulement "un tiers" des placées livrées "à l'heure actuelle"
Lancé en 2017 par Emmanuel Macron, ce plan prévoyait la construction de 15.000 nouvelles places de prison afin de limiter la surpopulation carcérale, chronique en France depuis des années.
Mais ce plan connaît un sérieux retard avec seulement "un tiers" des places promises livrées "à l'heure actuelle", a ajouté Didier Migaud.
L'objectif avait même été étendu à 18.000 places de prison supplémentaires lors du vote du projet de loi "Orientation et programmation du ministère de la Justice 2023-2027" au Parlement en juillet 2023.
"Nous allons nous efforcer d'agir sur l'ensemble des leviers pour essayer d'améliorer le résultat que nous pourrions obtenir en 2027", a souligné le garde des Sceaux, qui avait déjà indiqué le 10 novembre que l'objectif ne serait pas atteint en 2027.
Une "sortie du modèle unique des prisons"?
Invité ce mardi soir du 20 heures de France 2, le ministre de la Justice a toutefois estimé qu'"il faut peut-être sortir du modèle unique de prison avec des conditions de sécurité exigeantes".
"On doit avoir des solutions diversifiées pour des centres de détention, des centres plus petits qui nécessitent moins de sécurité à partir du moment où ils (les détenus, NDLR) ne sont pas de grands criminels", a ajouté le ministre.
"Cela permet d'avoir des solutions moins coûteuses et surtout plus rapidement réalisées", a poursuivi Didier Migaud.
Au 1er octobre 2024, le nombre de détenus en France a atteint un nouveau record avec 79.631 personnes incarcérées contre 78.969 le mois précédent, et une densité carcérale moyenne qui s'établit désormais à 127,9%.
La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en termes de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin par le Conseil de l'Europe.