"Cela me poignarde le cœur": François Bayrou réagit au témoignage de sa fille sur les violences à Bétharram

"Cela me poignarde le coeur". Le Premier ministe François Bayrou a réagi ce mercredi 23 avril au témoignage de sa fille qui raconte avoir été victime de violences lors d'un camp de vacances organisé par la même congrégation à laquelle appartient l'établissement scolaire Notre-Dame-de-Bétharram.
"En tant que père de famille, cela me poignarde le coeur, même si c'est une affaire très ancienne. (...) Qu'on ne l'ait pas su et que des dérives de cet ordre aient eu lieu pour moi c'est presque insupportable, mais en tant que responsable public qui dépasse le père de famille c'est aux victimes que je pense", a-il déclaré.
Le Premier ministre affirme également que sa fille, avec qui il échange "très souvent", ne lui avait "jamais parlé" de ces faits de violence.
"Stupéfait et bouleversé"
Plus tôt dans la journée, l'entourage de François Bayrou avait indiqué à BFMTV que celui-ci était "stupéfait et bouleversé" par le témoignage de sa fille.
Dans un entretien à Paris Match publié ce mardi 22 avril, Hélène Perlant affirme n'avoir jamais parlé de cette agression à son père. Le témoignage d'Hélène Perlant est également recueilli dans le livre Le Silence de Bétharram (ed. Michel Lafon) d'Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de cet établissement catholique du Béarn, à paraître jeudi.
"On savait que sa fille avait participé à ce livre. Mais jamais elle ne lui a dit qu’elle avait été victime de violences. Il a appris tout ça hier", a assuré l'entourage du Premier ministre à BFMTV.
Un "déni individuel et collectif"
"Il ne sait pas que je suis victime et il ne sait pas que je vais témoigner comme victime", a aussi expliqué dans Paris Match Hélène Perlant, âgée de 14 ans au moment des faits et aujourd'hui âgée de 53 ans. Elle a déclaré être "restée trente ans dans le silence".
"Mon père, j'ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment, je pense, des coups politiques qu'il se prenait localement", a-t-elle estimé. Pour elle, "la question est celle du déni individuel et collectif, pas du mensonge".
Dans son livre à paraître jeudi, Alain Esquerre décrit dans le détail les violences, y compris sexuelles, subies par de jeunes élèves à Bétharram, et sa démarche pour faire éclore la vérité. De nombreux anciens élèves témoignent depuis plusieurs semaines des violences physiques et sexuelles qu'ils ont subies au sein de l'établissement. Selon le collectif de victimes, 200 plaintes ont été déposées, mais sont a priori toutes prescrites, d'après Alain Esquerre.
Bayrou entendu le 14 mai
François Bayrou doit être entendu le 14 mai par la commission d'enquête parlementaire née de ce scandale, dont les co-rapporteurs sont les députés Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Ensemble pour la République). "Ils chassent le Bayrou et ne sont pas à la hauteur des enjeux, ils veulent se le faire. Lui n’a rien caché", estime l'entourage du Premier ministre auprès de BFMTV.
"Le 14 mai, on l’attend et on le souhaite. Le plus important, c’est que cette commission d’enquête s’ouvre, pour les victimes, et que la honte change de côté", ajoute l'entourage du président du Modem.
Plus tôt dans le mois, Alain Hontangs, un ancien gendarme qui fut chargé d'enquêter sur la première plainte pour viol ayant visé un religieux de l'établissement scolaire catholique du Béarn, a affirmé devant cette commission qu'un magistrat lui avait évoqué une intervention de François Bayrou dans cette affaire.
Le juge Christian Mirande a de son côté dit n'avoir "aucun souvenir" d'avoir parlé d'une intervention de François Bayrou. Sans pour autant remettre en cause les dires des deux anciens enquêteurs, en qui il a "toujours toute confiance".
François Bayrou, actuel maire de Pau et ancien député et président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, nie plus largement avoir eu connaissance, dans le passé, des agressions physiques et sexuelles dénoncées aujourd'hui par 200 anciens élèves de l'établissement. Il a également déclaré le 11 avril n'être "jamais, pas une seule fois de [s]a vie et de toute [s]a vie politique (...) intervenu dans une affaire judiciaire".